La rentrée scolaire pour les élèves vivant avec une déficience intellectuelle
Florence, c’est la «star» de son école primaire, de dire sa mère. Les professeurs l’apprécient, ses amis la défendent, ses performances scolaires s’attirent des félicitations. Entrant ces jours-ci en troisième année à l’école internationale Saint-Sacrement, en haute-ville, elle témoigne, par son exemple même de jeune fille vivant avec une trisomie 21, des retombées positives que favorise l’inclusion à une classe régulière pour les enfants ayant une déficience intellectuelle.
«En classe régulière, les autres élèves tirent Florence vers le haut», explique sa mère, Mélany Privé. Apprenant pour beaucoup par imitation, elle adopte des comportements identiques aux autres et développe des aptitudes qui lui sont utiles dans la vie de tous les jours, comme l’autonomie et la discipline personnelle. Quant à son programme scolaire, la fillette évolue selon un plan d’intervention fixé annuellement en fonction de ses capacités, avec des objectifs à atteindre en écriture, en lecture, en mathématiques…
En retour, Mélany Privé fait valoir que les autres élèves y gagnent en ouverture sur la différence, à la grande fierté de leurs parents d’ailleurs. Encore que, l’ayant rapidement adoptée comme l’une des leurs, ses confrères de classe disent de Florence qu’«elle est différente mais normale». «Plus tard, quand ils seront sur le marché du travail, que certains d’entre eux seront des entrepreneurs, ils pourront vouloir une Florence parce qu’ils auront vu de quoi elle est capable», ajoute la mère.
La réalité
Florence fait toutefois partie d’une minorité qui a accès à une classe régulière, et ce, en dépit du fait que la Loi d’instruction publique recommande l’inclusion en demandant à la commission scolaire d’«adapter les services éducatifs à l’élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage selon ses besoins, d’après l’évaluation qu’elle doit faire de ses capacités» (art. 234). Or, les statistiques recueillies par l’Association pour l’intégration sociale |Région de Québec (AISQ) pour l’année 2010-2011 laissent voir une tout autre réalité pour les élèves ayant une déficience intellectuelle: 46,9% fréquentent une classe régulière en préscolaire, 18,7% au primaire et 4,5% au secondaire.
Parmi les facteurs qui expliquent ces faibles taux, l’AISQ note l’esprit d’ouverture de la commission scolaire et de l’école. «Le premier réflexe de la commission scolaire, ça a été de nous conseiller la classe adaptée», confirme Mélany Privé, qui souhaitait que sa fille intègre l’école de quartier pour qu’elle s’y fasse des amis qui habitent le secteur. Cela dit, la direction de l’école internationale Saint-Sacrement n’a pas été difficile à convaincre, n’en étant pas à sa première expérience d’inclusion.
Par ailleurs, l’écart dans les apprentissages entre les élèves réguliers et ceux vivant avec une déficience intellectuelle se creuse au secondaire, ce qui expliquerait le faible pourcentage qui y poursuit leur cheminement scolaire, selon la directrice de l’AISQ, Marie Boulanger-Lemieux. Son fils Gabriel a dû s’y résigner, et la mère de Florence avoue qu’elle s’attend à devoir convaincre la commission scolaire et la direction «des avantages d’avoir Florence» en leurs murs.
Mission de l’AISQ
L’AISQ intervient justement auprès de ces parents qui désirent que leur enfant soit scolarisé en classe spécialisée ou régulière – tout en militant pour l’inclusion à cette dernière. Situé à Charlesbourg, l’organisme à but non lucratif leur offre soutien et information; il a d’ailleurs produit un guide qui rend compte du fonctionnement du système scolaire, des droits des parents et de leurs enfants ayant une déficience intellectuelle, et de la façon de faire valoir ces droits. Plus généralement, l’AISQ poursuit depuis 1961 une mission de promotion et de défense des droits des personnes vivant avec une déficience intellectuelle et de leurs familles.
Pour plus d’information sur l’Association pour l’intégration sociale | Région de Québec: http://www.aisq.org ou 418 622-4290.
Membre du Groupe Québec Hebdo