L’inflation freine aussi les intentions de rénovations résidentielles
Tout comme pour l’accès à la propriété, la flambée de l’inflation et la montée des taux d’intérêt affectent le marché de la rénovation résidentielle au Québec. Ainsi, après deux années de hausses importantes des demandes de soumissions, les entrepreneurs doivent s’attendre à une baisse marquée de celles-ci.
Voilà du moins le scénario anticipé en début d’année. En effet, après des augmentations des contrats de rénovations de 28% en 2021 et de 18% en 2022, les intentions en la matière devraient reculer de 14% en 2023.
«C’est que l’intérêt pour l’amélioration du confort à domicile, encouragé par la situation de confinement imposée par la pandémie, fait maintenant place à de l’incertitude. Les taux d’intérêt élevés et la menace d’une courte récession freinent les ardeurs des consommateurs. Cela se traduit par le report des grands travaux de rénovation ou par la réalisation de projets plus modestes», observe Paul Cardinal, économiste à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
Ce dernier garde espoir que la situation se stabilise en deuxième moitié d’année. Déjà, les prévisions sont plus positives pour 2024 avec une remontée de 12% des intentions de rénovation. Par ailleurs, il voit d’un bon œil pour la reprise à venir que les problèmes d’approvisionnement se sont résorbés et que les coûts des matériaux ont baissé.
Tendance à la baisse confirmée
En se basant sur des milliers de demandes de travaux de rénovation issues de toutes les régions du Québec, l’équipe de Soumission Rénovation confirme la tendance à la baisse. Amorcé à la fin de 2022, le phénomène s’avère particulièrement évident pour les grands travaux. Par ailleurs, même si la rareté de la main-d’œuvre devrait s’estomper, plusieurs propriétaires décident de procéder eux-mêmes à divers petits travaux en raison des délais trop longs. Une option rentable à condition que la qualité soit au rendez-vous.
Une compilation effectuée par le site de mise en relation des entrepreneurs spécialisés avec les consommateurs démontre que tous les types d’interventions sont en baisse. Même les projets les plus populaires, comme la réfection de la cuisine et de la salle de bain ainsi que l’agrandissement de la demeure, affichent un net recul.
«Souvent, pour les travaux coûteux, les propriétaires recourent au levier du refinancement hypothécaire. Or, avec l’inflation et la montée des taux d’intérêt, plusieurs freinent, reportent ou abandonnent leurs aspirations», constate Michel Jodoin, président fondateur de Soumission Rénovation. Il estime que cet effet boule de neige devrait impacter l’ensemble des activités du secteur en 2023.