Québec mène actuellement une campagne publicitaire incitant les locataires à chercher du logement dès maintenant, s’ils ont décidé de ne pas renouveler leur bail. Mais est-ce vraiment possible? Des organismes en doutent.
La publicité de la société d’habitation du Québec sera diffusée à la radio jusqu’au 26 février prochain. Elle fait aussi mention des programmes d’aide à la recherche de logement et rappelle que les ménages à faibles revenus peuvent recevoir jusqu’à 170$ par mois pour les aider à payer le loyer.
Malgré ces aides et même en cherchant d’avance, «il n’y aura pas de miracles», explique la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. Le bas taux d’inoccupation et le prix des loyers vont assurément faire en sorte que certains ne trouveront pas de logement qui leur convient à temps.
Métro a fait l’exercice. En une heure de recherche, nous avons trouvé trois appartements à Montréal affichés pour le premier juillet à moins de 1000$ par mois. Ils n’avaient tous qu’une chambre ou étaient des collocations et ne conviennent donc pas aux familles à faible revenu.
Les données du FRAPRU indiquent justement que le faible taux d’inoccupation à Montréal se fait particulièrement sentir dans les logements les moins chers. Véronique Laflamme pense tout de même qu’un effet domino va se produire quand les gens vont décider de mettre fin à leurs baux. Le fait que plus d’appartements seront disponibles va inciter d’autres gens à se chercher un nouveau logis et ainsi de suite.
Sans alternative
Plusieurs, cependant, n’ont pas le luxe de décider eux-mêmes de ne pas renouveler leur bail, rappelle Mme Laflamme. Il y a plusieurs raisons qui forcent les locataires à déménager, explique-t-elle.
Que ce soit pour des raisons monétaires où à cause de logements insalubres, il y a actuellement 100 000 ménages avec des besoins urgents de loyer abordable à Montréal.
Même sans impact sur les problèmes à court terme, le FRAPRU urge le gouvernement de financer massivement la construction de logements sociaux. Il espère voir des montants qui financeraient un grand chantier sur plusieurs années dans le prochain budget.
Un projet pertinent, mais pas suffisant selon le Regroupement des comités logement et associations de locataire du Québec (RCLALQ). «Même si on multiplie par dix le nombre de constructions par ans, ça prendrait un siècle pour combler la demande actuelle», explique le porte-parole Martin Blanchard.
Pour lui, il faudrait plutôt moderniser les lois protégeant les locataires, ce qui n’a pas été fait depuis 40 ans. Le RCLALQ souhaite notamment que soit mis en place un registre des loyers afin d’éviter les hausses abusives.
Il est aussi demandé qu’un moratoire soit mis en place pour empêcher les évictions et faire le suivi pour s’assurer que les travaux sont bel et bien faits suite à une reprise de logement. «Ce sont des mesures qui ne coutent rien à mettre en place et qui protègent tous les locataires», conclut M. Blanchard.