Après plus de deux ans d’emballement, de ventes effrénées et de surenchères, le marché immobilier a enfin pris son gaz égal. On se demande donc ce que 2023 nous réserve. Si vous envisagez d’acheter une propriété cette année, voici cinq points à retenir.
Une baisse des prix à l’horizon
Après des hausses de prix spectaculaires de près de 20% par année au Québec en 2020-2021, les derniers mois de 2022 ont été marqués par un fort ralentissement: les ventes ont ralenti (-13,04% en 2022 d’après Desjardins) et les prix ont arrêté d’augmenter à une vitesse folle. D’après Philippe Lecoq, président de Proprio Direct, dans un premier temps, on peut s’attendre à ce que les prix se stabilisent en 2023 dans toute la province.
«L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) prévoit que le prix moyen des propriétés devrait augmenter de 0,5% en 2023. On était dans un marché de vendeurs et on se dirige vers un marché à l’équilibre avec plus de propriétés à vendre et une demande moins forte que les années précédentes», explique-t-il.
À Montréal on pourrait même observer une baisse. En effet, dans son dernier rapport, la firme Royal LePage prédit que «dans la région du Grand Montréal, le prix de l’agrégat des propriétés au quatrième trimestre de 2023 devrait diminuer de 2,0% comparativement au quatrième trimestre de 2022, pour atteindre 532 238 $».
Bye-bye les surenchères
À en croire les experts, le phénomène de surenchère, qui était devenu très courant depuis 2020, devrait devenir très marginal, voire disparaître. La tendance avait atteint des sommets au printemps 2022, rappelle Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. Pas moins de 30% des propriétés étaient vendues à un prix supérieur d’au moins 10% par rapport au prix affiché.
«En octobre, selon l’ACI, moins de 5% des propriétés étaient vendues en surenchère. Comme le marché a ralenti, c’est une pratique qui a quasiment disparu et qu’on ne devrait plus beaucoup observer en 2023», souligne-t-elle.
Et les taux hypothécaires?
C’est LA question que tout le monde se pose avec un brin d’inquiétude. Après des hausses successives tout au long de l’année, les taux hypothécaires resteront élevés en 2023, même s’ils devraient finir par se stabiliser puis baisser.
«On anticipe une hausse des taux hypothécaires environ jusqu’à la mi-2023 et par la suite, quand le contexte inflationniste sera mieux maîtrisé, on pourrait voir de légères baisses graduelles au cours de la deuxième moitié de 2023 et en 2024», explique Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). L’expert ne prévoit toutefois pas que l’on retrouve des taux comparables à ceux observés avant 2022 dans un futur proche.
Pas facile pour les premiers acheteurs
Dans ce contexte où les taux sont «les plus élevés depuis la dernière récession en 2008», comme le souligne Hélène Bégin, l’accès à la propriété ne va pas tellement s’améliorer en 2023. «Ça va particulièrement affecter les premiers acheteurs qui n’ont pas une grosse mise de fonds», souligne-t-elle d’ailleurs.
Un point de vue que partage Francis Cortellino. «Même si les prix baissent, les taux hypothécaires vont faire en sorte que l’abordabilité ne sera pas meilleure. Ça sera encore un enjeu pour beaucoup de personnes et ça va faire en sorte que le nombre de ventes de propriétés va continuer de baisser cette année», ajoute-t-il.
Les nouvelles constructions à la traîne
Pour celles et ceux qui souhaitent acheter du neuf, les options seront moins nombreuses. En effet, le nombre de mises en chantier redescendra à un niveau semblable à celui de 2019. «Il y aura moins de nouvelles constructions, note ainsi Hélène Bégin. Les mises en chantier avaient déjà diminué de 10% en 2022 et devraient encore baisser de 20% en 2023.» Le marché du neuf sera donc moins dynamique que ces deux dernières années.