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Les répondants d’urgence se tiennent debouts devant l’adversité

«Que ce soit après une bonne ou une mauvaise journée, je peux revenir à la maison en me disant que j'ai probablement sauvé des vies», se félicite François Fournier. /Photo gracieuseté – Jonathan Pageau Photo: Picasa

SANTÉ. Les répondants médicaux d’urgence du Centre des communications santé des Capitales (CCSC) gardent le moral malgré les difficultés engendrées par la pandémie de coronavirus. L’édition de cette année de la Semaine nationale des télécommunicateurs d’urgence, qui se tenait du 11 au 17 avril, avait une importance toute spéciale, puisqu’elle survient après plus d’un an de chamboulements.

Ils sont environ 300 en tout au Québec, répartis dans dix bureaux à travers la province, qui gèrent tous les appels faits au 911 vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. «C’est un métier qui est tellement méconnu, mais c’est à mes yeux le plus beau métier du monde, même pendant cette période plus compliquée», affirme l’un des répondants médicaux d’urgence (RMU) du CCSC, François Fournier.

D’après lui, l’humour est un moteur important pour passer au travers de cette épreuve avec ses collègues. «Ça allège l’ambiance de se faire des petites blagues et de se parler. Il ne faut surtout pas se laisser aller dans les émotions lourdes pour garder le contrôle et bien faire son travail.»

Détresse psychologique

Les derniers mois ont été difficiles pour le moral des Québécois et ça se constate facilement au nombre d’appels qui sont en lien avec des problèmes d’ordre psychologique, observe celui qui en est à sa quinzième année comme premier répondant.

«Des gens qui n’auraient pas appelé l’ambulance avant commencent maintenant à nous appeler pour avoir de l’aide. Évidemment, on a aussi plus d’appels médicaux pour des symptômes typiques de la Covid-19 […], avec l’augmentation des cas des dernières semaines», explique M. Fournier.

Un emploi méconnu

Dans les bureaux du centre des communications situé sur l’avenue d’Estimauville à Beauport, huit employés à la fois s’affairent devant leurs cinq écrans respectifs. Ils répondent aux besoins d’environ 1,5 million de personnes, étendues sur un vaste territoire comprenant la Capitale-Nationale, le Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi qu’une partie du Nord-du-Québec.

«On est le deuxième plus gros centre du genre de la province en nombre d’habitants, explique le directeur général du CCSC, Daniel Girard. Nos employés composent avec une difficulté supplémentaire puisqu’ils sont pour la plupart originaires de la région de Québec, mais ils doivent être capables de comprendre la différence entre Jonquière et Chicoutimi (deux arrondissements de la ville de Saguenay) par exemple, même s’ils n’y sont jamais allés.»

Il n’existe aucune formation académique qui mène au métier de répondant médical d’urgence. «On offre une formation payée de 210 heures en deux parties, théorique et pratique, ouverte à toute personne de 18 ans et plus qui a un diplôme d’études secondaires, une bonne connaissance de l’anglais et son cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR)», poursuit M. Girard.

«Sur le terrain ou pas, on travaille main dans la main [avec les ambulanciers] pour emmener le patient le plus rapidement à l’hôpital et nos patrons nous supportent très bien là-dedans» – François Fournier

D’après François Fournier, il faut avant tout des qualités humaines comme l’empathie et l’altruisme pour exercer cette profession. Il maintient également que ce n’est pas fait pour tous, puisqu’il faut des nerfs solides pour gérer des situations de crise dans un court laps de temps sans se désorganiser.

«Je pense que notre rôle le plus important c’est d’accompagner les gens qui sont en détresse, d’être capable de les calmer. Par exemple, quand je reçois un appel pour un arrêt cardiaque qui nécessite une intervention immédiate, je dois transmettre les bonnes directives à la personne à l’autre bout du fil pour qu’il ou elle puisse faire le massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours.»

120 000 = le nombre d’appels reçus annuellement par les répondants médicaux d’urgence du CCSC.

Même si on entend plus parler des travailleurs de la santé qui sont au front, les répondants médicaux d’urgence de la capitale assurent ne pas se sentir oubliés derrière leur écran par la population ou leur employeur. /Photo gracieuseté – Jonathan Pageau

Québec Hebdo

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