En raison des changements climatiques, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur augmentent au Canada, tout comme l’ampleur de leurs impacts. Afin de bien illustrer cette menace qui accentue la pression sur la santé de la population, une équipe de recherche du Département de géographie de l’Université Laval vient de réaliser une première carte interactive de vulnérabilité au phénomène de canicule.
Cette initiative a été motivée par le fait que la chaleur accablante tue plus de personnes chaque année au pays que tout autre évènement météorologique. Or, la vulnérabilité et l’exposition de la population aux vagues de chaleur varient dans le temps comme dans l’espace. Ce qui fait en sorte que certains groupes sont plus à risque.
Facile d’utilisation, l’outil numérique est accessible au grand public. Toutefois, il sera particulièrement instructif aux professionnels et décideurs dans les domaines de l’aménagement, de l’urbanisme et de la santé publique.
Indices considérés
Plusieurs données sont compilées (socio-économiques, démographiques, accessibilité géographique à certains services, caractéristiques de l’environnement bâti). Elles servent à calculer quatre indices distincts associés à la vulnérabilité et à l’exposition aux vagues de chaleur.
- L’indice de sensibilité regroupe plusieurs informations démographiques et socio-économiques. Celles-ci peuvent influencer l’intensité avec laquelle les vagues de chaleur accablante sont ressenties (âge des habitants, types de ménage, caractéristiques des logements, etc.).
- L’indice de capacité à faire face tient compte de la proximité de différents lieux et de services où il est possible de se réfugier lors d’une vague de chaleur accablante (centres commerciaux, parcs, piscines publiques, etc.).
- L’indice d’exposition est calculé à partir de renseignements principalement obtenus par imagerie satellitaire. Il porte notamment sur la température et l’imperméabilité du sol, la végétation, le cadre bâti, la proximité de l’eau et l’altitude.
- L’indice de vulnérabilité a été créé en combinant les résultats des indices de sensibilité et de capacité à faire face. Le résultat de l’indice de la capacité à faire face (facteurs qui rendent la population moins vulnérable) a été soustrait de celui de l’indice de sensibilité (facteurs qui rendent la population plus vulnérable).
Distribution géographique
Ces différents indices ont été intégrés au sein d’une application de cartographie. Elle permet d’observer en un coup d’œil la distribution géographique de la vulnérabilité et de l’exposition aux vagues de chaleur accablante dans les zones habitées de 156 régions métropolitaines et agglomérations canadiennes. Les différents indices ont été calculés à l’échelle de l’aire de diffusion.
«Les autorités locales, régionales et provinciales ont à faire face aux conséquences sanitaires, sociales et économiques engendrées par les changements climatiques. Grâce à l’information mise à leur disposition par le biais de notre cartographie interactive, elles seront en mesure d’intervenir. Cela pourra aider à réduire les effets sanitaires sur le bien-être de la population et à réagir lorsque ces aléas surviendront», explique Nathalie Barrette, professeure au Département de géographie de l’Université Laval et co-chercheuse du projet.
Ont participé à l’initiative: Yves Brousseau, chercheur principal et professeur; Marie-Hélène Vandersmissen et Nathalie Barrette, professeures; Benoit Lalonde, Jean-Philippe Gilbert, Marie-Janick Robitaille et Karine Tessier, professionnels; Mathilde Giguère, Janis Lapointe, Stéphanie Piché et Jérémi Juteau, étudiants à la maîtrise. Le projet a été financé par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) dans le cadre du programme Défi d’offre de logement. Il est possible de consulter la carte interactive de la vulnérabilité et de l’exposition de la population canadienne aux vagues de chaleur accablante.