L’immigration peut être perçue par une société soit comme un défi à surmonter ou une occasion à saisir. Puisqu’elle ne constitue pas un bloc monolithique et qu’il existe une vaste diversité de statuts, de parcours, d’origines ethniques, de raisons pour immigrer et d’intérêts pour le Québec, il est facile de s’y perdre lorsque l’on se questionne sur ce sujet. Ce qui est certain, c’est qu’elle représente un apport important au développement du Québec et de ses régions, particulièrement dans un contexte de vieillissement de la population ainsi que de pénurie de main-d’œuvre.
C’est notamment pour ces raisons qu’Emplois en régions a organisé, les 29 et 30 septembre 2022, le 2e forum sur la régionalisation de l’immigration au Québec. En rassemblant plus de 300 participants à Trois-Rivières provenant de l’ensemble des régions de la province et des quatre secteurs d’intervention, soit le communautaire, l’institutionnel, le municipal et le privé, Emplois en régions souhaitait enrichir la conversation à partir de la thématique de l’apport de l’immigration au développement régional. Sous la présidence d’honneur de l’Union des municipalités du Québec, l’événement a convié 35 experts de domaines différents afin de partager leurs perceptions sur des sujets variés tels que l’emploi, l’entrepreneuriat, le repreneuriat, l’adaptation des communautés locales, la participation sociale et l’avenir de la régionalisation de l’immigration au Québec. Les participants présents, principalement des professionnels du domaine de l’accueil, de l’intégration et de l’établissement durable des personnes immigrantes, ont aussi pu contribuer à la réflexion à partir d’animations prévues pour faire émerger leur intelligence collective. C’est dans ce contexte qu’Emplois en régions a produit le rapport qui a été dévoilé le 24 février dernier. Découlant des constats partagés lors de l’événement, nous souhaitions vous présenter quelques pistes de réflexion à explorer dans les diverses localités du Québec.
En premier lieu, la concertation entre les différents secteurs et intervenants est identifiée comme la pierre d’assise de toutes démarches structurantes. Elle permet notamment d’éviter les dédoublements d’initiatives ou des discontinuités dans les services tout en assurant des complémentarités dans les mesures de soutien à l’intégration des personnes immigrantes dans les régions. Qu’elles soient portées par un organisme communautaire ou par le milieu municipal, il est nécessaire de prendre un moment pour identifier les zones d’influence de chacune des parties prenantes, les rôles et les responsabilités des participants, les modes de communication souhaités, les cibles communes à réaliser et les indicateurs permettant de suivre leur évolution dans le temps. La mise en place d’un plan d’action en accueil et intégration des personnes immigrantes est une autre façon de créer des synergies locales propres à l’identité de la communauté. Il est aussi essentiel de faire une place aux personnes immigrantes établies sur le territoire afin de construire avec celles-ci les actions leur étant destinées.
En deuxième lieu, les participants du forum ont souligné à de nombreuses reprises qu’on ne retient pas une personne à un endroit, mais que l’on doit favoriser le développement de son sentiment d’appartenance. À ce sujet, les responsables présents sur les différents territoires peuvent développer une série d’actions allant de la sensibilisation de la population locale, au développement d’une identité territoriale engageante, à la mise en place d’infrastructures de participation sociale jusqu’à l’organisation d’activités interculturelles pour y parvenir.
En dernier lieu des exemples des nombreuses réflexions présentes dans le rapport, les participants ont soulevé l’importance de connaître et de comprendre l’approche interculturelle du Québec comme cadre d’intégration des personnes immigrantes. Il est important de souligner que la grande majorité des personnes immigrantes qui arrivent au Québec ont fait le choix de venir s’établir parmi nous, et désirent contribuer à son développement en mobilisant leur volonté et leurs talents. Que ce soit sur le plan économique, par le travail, l’entrepreneuriat ainsi que l’investissement, ou sur le plan social par leur créativité et leur savoir ou encore sur le plan politique par leur implication citoyenne, les personnes immigrantes viennent enrichir nos communautés par leur présence. C’est donc à nous de leur faire découvrir les différents attraits de nos régions afin de bâtir ensemble des communautés dynamiques sur l’ensemble du territoire québécois.
C’est dans ce sens que nous unissons les voix de nos réseaux respectifs par cette lettre. Nous vous invitons par le fait même à vous joindre à nos efforts pour augmenter l’intérêt des personnes immigrantes à s’établir en dehors de la région métropolitaine et pour faciliter leur processus d’intégration dans l’ensemble de nos communautés. Nous réitérons par la même occasion notre appui et notre collaboration au projet Emplois en régions comme élément clé de la régionalisation de l’immigration au Québec.
Cosignataires
- Delfino Campanile, directeur général, PROMIS (Emplois en régions)
- Aoura Bizzarri, conseillère stratégique, CFIQ (Emplois en régions)
- Yannick Boucher, directeur du développement stratégique et de la recherche, ALPA (Emplois en régions)
- Daniel Côté, président de l’Union des municipalités du Québec, préfet de la MRC de La Côte-de-Gaspé et maire de Gaspé.
- Jacques Demers, président, Fédération québécoise des municipalités, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog
- Charles Milliard, président-directeur général, Fédération des chambres de commerce du Québec
- Luc Dastous, président, Place aux jeunes en région