La faune et la flore ne sont pas menacées seulement ailleurs dans le monde, mais également au Québec. On
n’a qu’à penser au nombre d’oiseaux et d’espèces d’oiseaux qui a chuté considérablement sur notre territoire.
C’est ce qui s’appelle la sixième extinction et, cette extinction-là, est causée par l’intervention humaine. Il est
urgent de remettre en cause les politiques aux niveaux fédéral, provincial et municipal qui y contribuent et de
dénoncer le manque de personnel pour appliquer celles qui protègent quelque peu la nature. Mais il est
également urgent que nous, citoyennes et citoyens, comprenions ce que signifie favoriser la biodiversité. Car
la biodiversité constitue l’antidote à cette extinction. Pour cela, je prendrai l’exemple de l’entretien de notre
terrain.
Nos terrains sont essentiellement constitués d’herbe : sans le savoir, nous pratiquons la monoculture
puisque, année après année, nous cultivons toujours de l’herbe au même endroit. Et notre voisinage fait de
même. Les insectes, comme les punaises de céréales ou les vers blancs, ont de quoi se nourrir et se
reproduire ! Leur extermination chimique semble la solution, du moins, pour les compagnies qui en tirent
profit. Elle fait pourtant partie des problèmes environnementaux que nous connaissons. Les pesticides
intoxiquent des animaux et des humains. Ils tuent la vie du sol laquelle contribue pourtant à la bonne santé
des plantes. Ils s’infiltrent jusque dans nos cours d’eau et dans l’eau potable.
Plutôt que d’empoisonner les oiseaux, les insectes et autres animaux, nous aurions intérêt à favoriser leur
présence puisqu’ils peuvent justement se nourrir des indésirables. À cette fin, il est important de conserver de
gros arbres et des arbustes qui leur servent de refuge et de source complémentaire de nourriture dans
certains cas. Et laissons la nature faire son oeuvre en acceptant que d’autres plantes peuplent notre pelouse.
Moins souvent tondre le gazon favorise également la biodiversité puisque des fleurs réapparaitront et avec
elles les papillons et les pollinisateurs dont nous avons besoin pour féconder arbres fruitiers, tomates et
autres «légumes». L’herbe, d’ailleurs, pourra aussi monter en graine et se semer. Nous pouvons aussi
procéder à une tonte sélective, contournant les talles de fleurs sauvages. Il est toutefois préférable de ne pas
laisser de hautes herbes tout près de la maison afin d’éviter que des insectes ou autres animaux qui s’y
réfugient s’introduisent ensuite dans la maison.
Les insectes en général et même les araignées, pourtant fort utiles puisqu’elles dévorent nombre d’insectes,
sont souvent perçus comme des «ennemis» en raison de notre imagination qui a été alimentée par des films
d’horreur nous présentant la nature comme menaçante. Les fourmis font partie de ces mal-aimées. Il ne s’agit
évidemment pas de les faire pénétrer chez soi. Il faut simplement s’assurer que des fissures ou autres
espaces sur les murs extérieurs de la maison ne facilitent pas leur passage vers l’intérieur. La nature peut
également nous aider à ce qu’elles ne prolifèrent pas. Comme certaines fourmis élèvent des pucerons, ces
derniers leur procurant du sucre, les coccinelles, grandes dévoreuses de pucerons, peuvent venir à notre
secours.
L’autre manière de favoriser la biodiversité est de ne pas avoir un terrain trop «propre». Par exemple, on
laissera des feuilles à la base d’une haie ou d’un cabanon, ce qui permettra aux coccinelles d’hiberner. De
hautes plantes en graines servent aussi de nourriture aux oiseaux. Par exemple, les chardonnerets aiment
les graines de rudbeckie.
Les engrais chimiques, quant à eux, nuisent aux qualités physiques et biologiques du sol. L’ajout de
phosphore, par exemple, peut tuer les mycorhizes lesquels sont des champignons microscopiques stimulant
la croissance des plantes. L’excédent d’engrais chimique, parce qu’il y a toujours un excédent, se retrouve
dans l’eau du sous-sol et des rivières. Le phosphore nourrit les algues bleues qui enlève de l’oxygène pour
les poissons et rend l’eau impropre à la consommation humaine. L’azote chimique, quant à lui, constitue une
très grande source de gaz à effet de serre, de sa production à son application. Le trèfle, comme d’autres
légumineuses, peut apporter l’azote dont l’herbe a grandement besoin.
Par ailleurs, il faut se méfier des plantes envahissantes, même si cette notion n’est pas pareillement définie
par tous les experts. Pour ma part, une plante envahissante est une plante qui prolifère au dépend des
autres et dont on peut difficilement se débarrasser. Ce genre de plante se reproduit la plupart du temps par
ses racines et par ses graines ou par une multitude de graines. Les centres jardin vendent de ces plantes
puisqu’elles coûtent peu à produire, par exemple l’herbe à goutteux aussi appelée aegopode, qui peuvent
aisément proliférer dans la pelouse. Un petit nombre d’autres plantes sont indésirables, comme l’herbe à
poux qui favorise les allergies respiratoires, mais celle-ci très facile à arracher.
En fait, l’observation de notre terrain nous apprendra beaucoup ainsi que quelques livres et des personnes de
notre entourage. Choisissons toutefois les sources d’information montrant la nature comme une alliée plutôt
que comme une menace qu’il faut dominer. Certaines approches biologiques sont également calquées sur
l’agriculture chimique en préconisant davantage la lutte qu’une vision écologique de la nature. Là, également,
il y a des produits à vendre!
Brigitte Hannequin, Québec