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Osheaga: le jour 2 en concerts

L’on a contemplé le phénomène Billie Eilish à l’œuvre samedi soir à Osheaga. Photo: Tim Snow

Le festival d’arts et de musique Osheaga, qui en est à sa 16e édition, bat son plein au parc Jean-Drapeau jusqu’à ce soir. Billie Eilish, The National, Rema, Baby Keem, Lil Yachty et Bomba Estéreo comptent parmi les artistes qui ont fait vibrer Métro samedi. Comptes rendus.

Billie Eilish, scène de la Rivière, 21 h 20

L’on a contemplé le phénomène Billie Eilish à l’œuvre, les cris assourdissants de la foule monstre précédent même son entrée sur scène. L’autrice-compositrice-interprète américaine, qui n’a rien d’une ingénue de la pop conventionnelle, a su rallier des générations avec des mélodies électro-pop alternatives souvent sombres aux touches de hip-hop.

L’artiste au succès fulgurant faisait un retour à Osheaga, elle qui s’y était produite sur une plus petite scène en 2018, alors qu’elle avait 16 ans et s’était foulé une cheville la veille, a-t-elle raconté. Voilà bien l’une des forces d’Osheaga : dotée d’un flair indéniable, son équipe de programmation sait dénicher les pépites d’or artistiques avant qu’elles ne deviennent des sommités planétaires.

Vêtue d’un chandail de sport surdimensionné et d’un short de basket arborant le nombre 23, l’artiste à l’esthétique mêlant glam et goth punk a fait montre d’un remarquable cardio, sautant tout au long de sa prestation sans jamais que n’en soit altérée sa voix.

As long as you promise to jump with me, it’s gonna be a good night! 

Billie Eilish

La pyrotechnie était au rendez-vous, des flammes surgissant du décor, des faisceaux rouges striant l’immense scène, inclinée pour l’occasion, que la protagoniste au regard magnétique a habitée avec brio, en plus de la passerelle, qu’elle a arpentée maintes fois en ne cessant de sourire, irradiante sous sa chevelure ébène et rouge. Soulignons combien Billie Eilish s’adresse avec tendresse à ses fans.

Des vidéos projetées à l’arrière-scène, dont certaines créées par la boîte montréalaise Moment Factory, qui collabore avec la créatrice depuis sa précédente tournée, Where Do We Go? The Livestream, ont accompagné la vingtaine de chansons qu’a interprétées l’artiste, qui a puisé dans ses trois albums. Pièces que la foule a pour la plupart chantées en chœur avec elle.

C’est au son de Bury a Friend que s’est amorcé le concert d’envergure. Également de When We All Fall Asleep…, l’on a entendu My Strange Addiction, You Should See Me in a Crown, ilomilo, I Love You, When the Party’s Over, All the Goods Girls Go to Hell ainsi qu’évidemment Bad Guy, préservée pour la fin.

Billie Eilish n’a certainement pas omis son premier album, Don’t Smile at Me (2017), offrant idontwannabeyouanymore, Bellyache, Ocean Eyes et Copycat, ni What Was I Made For?, tirée de la trame sonore du film Barbie de Greta Gerwig.

Deux artistes ont partagé avec elle le devant de la scène en cours de soirée. D’abord, son indéfectible complice créatif, son frère Finneas O’Connell, le temps de deux duos. Puis le rappeur Armani White, qui joue ce dimanche à 16 h, qui a offert à la foule sa chanson on ne peut plus idoine Billie Eilish.

De son plus recent opus, Happier Than Ever, ont résonné I Didn’t Change my Number, NDA, Lost Cause, Therefore I Am, My Future, Billie Bossa Nova, Goldwing, Oxytocin, You Power ainsi que la chanson-titre, qui a conclu le spectacle.

C’est dans une ambiance rock survoltée et tonitruante digne de groupes mythiques, flamme et feu d’artifice en prime, qu’ont retenti les ultimes notes, avant qu’explose une nuée de confettis blancs, puis des feux d’artifice. Bille Eilish, qui mérite pleinement son statut de nouvelle icône musicale, a quitté la scène emportée par un déluge d’amour du public.

The National, scène de la Rivière, 19 h 20

Le célèbre quintette indie rock The National a présenté quelques chansons de son fort beau nouvel album, First Two Pages of Frankenstein, paru en avril passé, dont Tropic Morning News, Alien, Grease in Your Hair et la superbe Eucalyptus.

Mais relevons-le d’emblée : l’enchaînement d’artistes samedi soir n’a pas fait honneur à la beauté des chansons denses du groupe, coincé entre l’électro dance festif de Sofi Tukker et le rap de Baby Keem, avant la finale apothéotique de Billie Eilish. Osons même parler d’une tâche ingrate que celle d’occuper la même scène que la jeune icône une heure avant son spectacle d’envergure.

Est donc arrivé ce que l’on redoutait dans une telle situation : des spectateur.trice.s placé.e.s pour la suite accordant peu d’attention au répertoire de The National, porté par la magnifique voix grave de Matt Berninger, élégamment vêtu d’un complet. Il a offert des interprétations senties tout en arpentant la passerelle traversant le parterre… et en donnant du fil à retordre (c’est le cas de le dire) aux technicien.ne.s qui s’évertuaient à le suivre avec le fil de son micro.

Aux commandes des guitares, les jumeaux Bryce et Aaron Dessner ont également ravi les fans (car il y en avait, tout de même!) en multipliant les crescendo envoûtants signatures du band.

Le groupe phare de la scène rock indépendante américaine a puisé dans son vaste répertoire, offrant notamment I Need my Girl, Bloodbuzz Ohio, Conversation 16, England, Graceless, Day I Die et Fake Empire.

Rema, scène Verte, 21 h 40

« When I’m on stage, it’s no more a festival, it’s a Rema party », a lancé la jeune sensation afropop nigérienne Rema lors de son spectacle sur la scène Verte. Et en effet, les festivalier.ère.s qui ont privilégié ce concert à celui de Billie Eilish, présenté en même temps sur la scène de la Rivière, ont eu droit à tout un party à saveur sensuelle.

Accompagné d’un batteur, d’un guitariste et d’un DJ, Rema, arborant pour l’occasion un chandail des Canadiens, avait une folle énergie sur scène. Il était beau de le voir se déhancher généreusement de tous bords, tous côtés, tout en chantant avec sa superbe voix. Son charisme s’est manifesté autant dans les interprétations de ses chansons que dans ses interactions amusantes avec la foule, voulant apprendre le mot « fesse » pour demander à ce que le public « shake [ses] fesses ».

Séducteur, le jeune artiste a créé une ambiance suave tout au long de son spectacle. À un certain point, il a même reçu un soutien-gorge sur scène qu’il a gardé dans ses mains pour le reste du spectacle. Charmé par le geste, il a dédié sa chanson Charm à son admiratrice en pâmoison, avant de conclure le spectacle sur son hit planétaire Calm Down.

Baby Keem, scène de la Montagne, 20 h 30

À la nuit tombée, le rappeur californien Baby Keem s’est emparé de la scène de la Montagne, qu’il occupait seul. Simplement vêtu d’un hoodie noir, optant pour une scénographie et une présence scénique sobres, le jeune rappeur de 22 ans a prouvé que, parfois, on n’a pas besoin de beaucoup pour avoir la foule dans sa poche. En effet, le public était énergique, sautant sur place et rappant avec l’artiste.

Devant cette énergie, Baby Keem, qui en était à son premier passage à Montréal, s’est montré solide et confiant, autant pour livrer ses morceaux plus explosifs, comme ORANGE SODA et family ties, que ceux plus tranquilles comme issues ou 16. N’empêche qu’on aurait apprécié une mise en scène un peu plus étoffée.

Lil Yachty, scène de la Rivière, 17 h 40

Un groupe de six musiciennes, toutes vêtues de noir des lunettes fumées aux bandanas, a investi la grande scène de la Rivière en fin d’après-midi. Sous d’étranges sons de distorsion, le rappeur américain Lil Yachty, vêtu pour sa part tout de beige avec une casquette rouge, les a bientôt rejointes pour interpréter the BLACK seminole, le morceau d’ouverture de son plus récent album Let’s Start Here, un important virage dans la carrière de l’artiste qui propose un opus de rock psychédélique, lui qui faisait du rap à saveur trap auparavant.

C’est donc cette longue chanson psychédélique de près de 10 minutes qui a lancé le bal. Le groupe a enchaîné avec plusieurs autres pièces de ce récent album singulier sous de magnifiques projections psychédéliques en phase avec la musique. Si le rappeur ne semblait pas au top de sa forme – il a avoué avoir un rhume – ce n’était pas trop un problème, car sur ce projet, ce sont vraiment ses musiciennes qui volent la vedette, ses choristes proposant de puissantes envolées vocales et sa guitariste y allant de solos électrisants.

L’album Let’s Start Here est une proposition fascinante et audacieuse dans le paysage rap américain qui se traduit très bien en spectacle. Lil Yachty n’a toutefois pas délaissé ses adeptes des premiers jours, leur proposant un deuxième segment de spectacle plutôt axé sur ses succès rap, sans ses musiciennes. Il a donc rapidement enchaîné des pièces comme Minnesota, Yacht Club, Poland ou Broccoli, des morceaux qui ont fait réagir la foule plus intensément, mais qui sont, à notre avis, moins riches musicalement.

Bomba Estéreo, scène de la Vallée, 17 h 30

« Vamos a la playa! », a lancé à la foule se déhanchant sous le soleil cuisant Li Saumet, chanteuse du groupe colombien Bomba Estéreo, derrière le succès To my Love et Soy Yo, notamment. La formation alliant rythmes traditionnels de la Colombie et cumbia électro a en effet transporté les festivalier.ère.s sur la plage, transformant le parterre de la scène de la Vallée en plancher de danse dans une ambiance caniculaire, où fleurs et couleurs tropicales étaient à l’honneur.

Rose fluo, jaune, turquoise, azur, orange : les couleurs tropicales ensoleillaient la scène et l’écran. Les fleurs abondaient, ornant les instruments des musiciens vêtus de chemises colorées aux motifs végétaux, recouvrant le casque d’écoute de la chanteuse, qui faisait virevolter les franges aux couleurs de l’arc-en-ciel de ses manches au rythme de ses mouvements.

« Quien quiere la fiesta? », a-t-elle demandé. Les festivalier.ère.s d’Oshega sans aucun doute, qui ont pu savourer un moment des plus festifs en compagnie de Bomba Estéreo, qui a surpris en invitant sur scène la célèbre Nelly Furtado.

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