Il y a de ces séries cultes qui devraient rester dans leur époque. Et puis il y a Un gars, une fille, qui célèbre ses 25 ans en offrant un cadeau à ses fans: quatre nouvelles demi-heures à se mettre sous la dent sur l’Extra d’ICI Tou.tv.
Guy A. Lepage, 62 ans, et Sylvie Léonard, 67 ans, ne forment plus le couple de trentenaires sans enfants qu’on a connu. Prêt à quitter la banlieue où ses enfants ont été élevés pour retrouver Montréal, le duo n’a pas tant changé que ça, étant toujours à mi-chemin entre critiquer les stéréotypes de genre (ou «les stéréotypes sociaux sexospécifiques», dirait Sylvie) et les incarner dans tous leurs plus amusants clichés.
Par contre, pas question de cliché sur les personnes dans la soixantaine. En effet, Sylvie Léonard a affirmé en rencontrant les médias mercredi qu’elle avait insisté sur cet aspect. Oui, elle et Guy peuvent avoir des petits soucis avec la technologie, mais ni l’un ni l’autre ne prendra sa télécommande pour un téléphone. Les amoureux sont décalés par rapport à l’époque, certes, mais pas déconnectés ni réfractaires. Et ils ont toujours une vie sexuelle!
Parents «d’un grand dadais pis d’une petite militante», soit le technophile Charles (Jean-Christophe Leblanc) et la fièrement queer Camille (Anyjeanne Savaria), Guy et Sylvie ont maintenant comme préoccupations notables le Viagra, le consentement, les cheveux blancs, les pronoms et les identités de genre. «Le monde est binaire», lâche cette célèbre voix hors champ qui accompagne les changements de sketchs. Pas de panique, «tous des cochons» n’a pas disparu!
Version 2.0
En fait, rien n’a disparu. La facture visuelle est restée la même: l’écran divisé en deux parties, l’une bleue et l’autre rose, et le générique de fin entrecoupé d’un dernier sketch. Peut-être se permet-on plus de continuité que dans la série originale, mais le format reste celui qu’on a tant aimé.
Surtout, toute la distribution est de retour. Ça inclut le couple «idéal» formé par Daniel et Loulou (Daniel Brière et Louise Richer), l’ex-partenaire d’affaires jouée par Geneviève Brouillette et le voisin tata campé par Martin Petit (qui a suivi le couple en banlieue!), de même que la sœur de Guy (Élise Guilbault), leur acariâtre et pervers père en fin de vie (Pierre Lebeau) ainsi que leur ancienne belle-mère (Mahée Paiement), qui nous informe que son fils Anakin a terminé ses études… en aérospatiale.
À ce cortège d’anciens visages (ou leurs mains, plutôt!) s’ajoutent quelques caméos, dont ceux de Caroline Néron, Isabelle Brouillette et Simon Lacroix. Mais le meilleur reste le petit clin d’œil de Mélanie Campeau, productrice de la série et conjointe de Guy A. Lepage qui, avec lui et Sylvie Léonard, est la gardienne de la mémoire d’Un gars, une fille. Vous souveniez-vous que Sylvie étudiait en sexologie? Le trio, oui.
En plus d’être la gardienne de la mémoire, l’équipe se devait de garder le secret. Avant d’annoncer le retour de la série pour quatre épisodes, des tournages ont eu lieu sur l’occupée avenue Mont-Royal en plein été. Tout le monde a dû s’inventer un mensonge, raconte Guy A. Lepage aux médias: «On disait aux gens qu’on tournait un sketch pour Prière de ne pas envoyer de fleurs, un spécial pour Patrice L’Écuyer, et qu’il ne fallait pas le dire pour qu’il ait la surprise. Je l’ai même appelé pour l’avertir!»
Série culte s’il en est une, Un gars, une fille a été adaptée partout dans le monde. Encore de nos jours, une bonne dizaine de productions sont actives. Tout récemment, dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC), des interprètes ont repris des scènes mythiques. Que le couple soit de même sexe, interracial, dans la fin des années 90 ou aux Émirats arabes unis, il fonctionne, assure Guy A. Lepage.
Comme quoi il y a une universalité dans le propos qui résiste à l’épreuve du temps. Bip bip!
Les quatre épisodes d’Un gars, une fille sont déposés à raison d’un par semaine sur l’Extra d’ICI Tou.tv à compter d’aujourd’hui. Ils seront diffusés à l’antenne d’ICI Télé durant la semaine du 24 avril, en remplacement de Stat.