Un roman quasi-prémonitoire sur la vie pendant la guerre
LECTURE. L’autrice Anne Guilbault de Cap-Rouge vient de publier le roman L’oiseau-grenade aux éditions Leméac. L’histoire, qui prend place en Syrie, ressemble étrangement à la situation que vivent les habitants d’Ukraine.
Le roman, empreint de sensibilité et d’humanisme, a bien-sûr été écrit plusieurs mois avant le début de la guerre. L’autrice a effectué des recherches pour planter l’histoire fictive dans un contexte réel sans se douter de ce qui allait se produire. «C’est très troublant de constater le parallèle de mon histoire avec les frasques en Ukraine», confie-t-elle.
Elle y raconte les défis quotidiens de Syriens, dont le pays est dévasté par la guerre. L’histoire tourne autour d’Assia et de sa famille. Lili, sa mère, démantèle les albums photos et s’exerce à laisser derrière toute possession matérielle. Eshan, son jeune frère, cesse de parler, de manger et de grandir. Alors que les attaques s’intensifient, Assia et Eshan se résignent à prendre la fuite sans leurs parents, leur père ayant été blessé et devant rester derrière. Munis de passeports canadiens expirés, il leur faudra traverser le Moyen-Orient dans l’espoir de rejoindre le Québec à partir de l’Europe.
«Ce qui m’intéresse, c’est le destin des gens en temps de guerre et les impacts dans leur vie, poursuit celle qui a habité dans l’arrondissement de Charlesbourg jusqu’à la vingtaine. J’ai toujours eu une immense sensibilité pour l’injustice que vivent les victimes. Quand j’ai vu à la télévision des migrants de la Syrie qui se sont frappés le nez sur les frontières, ça m’a inspiré. Les personnages prenaient tout de suite vie dans ma tête.»
«Je souhaite montrer le courage et la force des victimes qui vivent des situations extrêmes et qui trouvent des moyens de se reconstruire.»
– Anne Guilbault, autrice
Un livre engagé
La femme, qui enseigne la littérature au Cégep Garneau depuis une dizaine d’années, est surtout fière d’avoir rassemblé toutes ses capacités pour créer des personnages forts de manière poétique et réaliste. «Je suis contente d’avoir parlé de quelque chose qui me tient à cœur. L’enjeu de sensibilisation en lien avec les victimes de la guerre est venu inconsciemment et automatiquement au fil de l’histoire.»
Par-dessus tout, elle souhaite que ses personnages rejoignent ses lecteurs, peu importe qui ils sont et ce qu’ils font. «On a tous cette base d’humanité. Je fais appel à cette sympathie que l’on peut vivre à l’égard de ceux qui vivent des situations extrêmes.»