Rêver sa vie ou Ailleurs que maintenant par Entr’actes
Du 30 mars au 16 avril, la salle Multi du complexe Méduse accueille la pièce de théâtre Ailleurs que maintenant. Produite par Entr’actes en collaboration avec Québec BD et les Productions Recto Verso, la pièce explore les thèmes de la marginalité et du rêve. Réalisant la mission d’Entr’actes, l’œuvre, écrite et mise en scène par Jean-François F. Lessard, la pièce implique des comédiens professionnels dont deux ont des limitations fonctionnelles dans une mise en scène combinant musique directe, projection vidéo et bande dessinée vivante.
Tout commence avec Normand, le personnage principal joué par Julien Fiset-Fradet, qui déclare vouloir partir au loin. On découvre assez rapidement la cause de cette fuite hors du monde: la mort de son frère, Niko, a causé un choc d’une violence telle qu’il se tourne vers un ailleurs que l’on devine cosmique. Un ailleurs marqué par le fantasme. Déterminé à explorer l’espace, Normand entreprend la construction d’une fusée qui le portera jusqu’au bout de son rêve, de sa fiction.
«D’entrée de jeu, Normand brise le quatrième mur et se révèle en tant que narrateur doté d’une fonction plus contemporaine. Interrompant le jeu des acteurs, il partage ses idées, explique son plan et commente les événements. La pièce est le reflet de son univers interne, de la réalité telle qu’il la conçoit ou, plutôt, qu’il la rêve», explique l’auteur.
«Est-ce qu’on fait du théâtre pour être uniquement le reflet de notre monde ou est-ce qu’on fait du théâtre pour être le reflet de ce que pourrait être notre monde? Avec une compagnie comme Entr’actes, on est là pour élargir les possibles et montrer ce qui pourrait être.»
Jean-François F. Lessard
Directeur général et artistique d’Entr’actes
Même si le personnage de Normand connaît certaines limitations fonctionnelles, jamais celles-ci ne sont nommées. «Ce n’est pas un show qui dit bonjour, on va vous parler de l’autisme, comme on a pu le faire dans d’autres spectacles produits par Entr’actes», précise M. Lessard avant d’expliquer que, même si les acteurs connaissent des limitations fonctionnelles, leurs projets ne se limitent pas à ce sujet.
Bien que travailler avec des personnes avec un handicap entraîne certains défis, M. Lessard déclare que c’est tout aussi vrai pour l’ensemble des acteurs. «Il en va autant de la question de diagnostic que de la question de parcours. Entr’actes s’ouvre à des gens de tous genres, qui jouent différemment, qui ont des vies différentes et cette diversité vient enrichir la production.»
Négocier avec la réalité
À l’origine de la pièce, il y avait l’idée de l’alter ego, de ces gens qui vont revêtir une autre identité, confie l’auteur. «Tranquillement on s’est intéressé au pourquoi, aux motifs profonds de ces gens qui se sentent bien seulement dans la fiction, dans cette performance de leurs fantasmes.»
La pièce met donc en scène plusieurs histoires qui s’entrecroisent. «À travers les 35 scènes, l’intrigue progresse et nous fait découvrir des personnages marginalisés, qui ne se sentent pas à leur place dans la vie et qui entreprennent de rêver le monde autrement et de se rêver eux-mêmes autrement.» Que ce soient des déceptions, le deuil ou le sentiment de ne pas être accepté a peu d’importance. Les raisons pour rêver sont infinies et c’est cette relation au fantasme que la pièce Ailleurs que maintenant invite à explorer.
Pour en connaître davantage sur Entr’actes et ses projets, consultez le https://www.entractes.com/