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Le mépris des riches

La pièce est présentée jusqu’au 20 novembre au Théâtre de La Bordée. Photo: Photo gracieuseté

Parfois, la fiction que l’on voit sur scène nous semble réaliste parce qu’elle est directement inspirée de la réalité. C’est le cas de la pièce Scénarios pour sortie de crise écrite par Érika Soucy qui sera présentée jusqu’au 20 novembre au théâtre de La Bordée.

Érika Soucy, qui réside à L’Ange-Gardien, a d’abord fait ses études en jeu au Conservatoire d’art dramatique de Québec avant de gagner sa vie comme auteure et scénariste. «J’ai commencé en écrivant des recueils de poésie et en faisant des lectures publiques. J’ai ensuite écrit un roman que j’ai adapté au théâtre, petit à petit les contrats en tant que scénariste sont apparus», énumère-t-elle. Son talent naturel pour l’écriture l’a d’ailleurs menée à devenir scénariste pour la série de TVA Léo, puis sur Pour toujours plus un jour, une série présentée sur CRAVE.

«On rit beaucoup dans ce spectacle-là. C’est comme une dramédie, plus de drame que de comédie, mais avec quelques bonnes scènes très drôles.»

Érika Soucy,  comédienne et auteure

La pièce Scénarios pour sortie de crise est une autofiction qui raconte son histoire récente et celle de son frère et de sa mère. «Dans la structure de l’histoire, il y a des choses romancées parce qu’au théâtre la structure et les quêtes sont importantes. J’ai donc arrangé quelques revirements qui ne se sont pas passés dans la vie. Mais c’est basé sur une histoire vraie, celle de notre dynamique familiale, par rapport à la réussite, l’argent et le capitalisme. J’y présente trois portraits différents et je m’y pose la question: pourquoi moi j’ai eu accès au salaire rêvé et mon frère non alors qu’on a la même éducation?»

La pièce est en sorte une réflexion sur les stigmates de la pauvreté et sur combien il est difficile de changer de classe sociale dans la vie quand nos paradigmes nous habitent encore. «Même si sur papier on change de statut certaines choses nous hantent et il est difficile de se défaire de nos réflexes. J’ai un rapport hyper émotif par rapport à l’argent, j’ai des croyances qui ne sont pas réglées. Et c’est la même chose pour la mère et le frère dans la pièce. En grandissant, j’ai appris à mépriser, craindre et envier les gens riches. Quand tu es pauvre ça réconforte de se dire que les riches sont mauvais. Même si tu changes de classe sociale, ce mépris reste en dedans de toi si tu ne travailles pas de l’intérieur.»

Érika confie avoir écrit cette pièce à cause de sa haine d’elle-même de faire beaucoup d’argent alors qu’elle a toujours méprisé les riches. «C’est un gros tabou écrire là-dessus, et mettre à l’avant plan des gens que j’aime. C’est une mise à nu pour moi comme pour eux. J’espère qu’avec ce projet-là on va moins juger ceux qui ne réussissent jamais à se sortir de la pauvreté. Que le mépris va s’atténuer parce que s’il y avait une recette du succès, tout le monde l’appliquerait! Au jeu du capitalisme, on n’est pas juste des pions. C’est difficile de parler de ce projet la pièce n’offre pas de réponse, ça expose plutôt des parcours différents. Après ce qui compte, c’est d’être bien avec soi.»

La pièce

K. vivait dans son char depuis quelques années, entre Montréal et Prince George, jusqu’à ce que la fatigue soit trop grande. Il atterrit chez E., sa sœur, en banlieue de Québec. E. et K. ont grandi pauvres. Aujourd’hui, E. connaît le succès, l’argent. Elle a changé de classe sociale et de braquette d’impôts. K., lui, essaie de changer tout court. Au cœur de cette fratrie navigue Maman, en proie à la maladresse du gros possible.

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