Troquer la manette pour la caméra
CINÉMA. C’est en s’interrogeant sur la façon dont il pourrait être utile au plus grand nombre de personnes que Guillaume Girard en est arrivé à la réalisation. Artiste social, libre-penseur, reporter nomade, comme il se définit lui-même, il prête au médium du documentaire filmé un pouvoir de diffusion susceptible de toucher les gens et susciter des discussions sur la place publique à propos d’enjeux qui lui tiennent à cœur.
«Quand j’étais petit, je suis tombé dans les jeux vidéo», confiera d’abord celui qui, fort d’un bagage en génie informatique, travaillera pendant deux ans chez Beenox. Attitré à la résolution de problèmes au sein de cette entreprise de jeux vidéo, il en viendra à accumuler «un trop-plein de virtuel» qui le conduira à quitter ses fonctions en 2007.
Le goût de liberté l’amènera alors à prendre le chemin de l’Amérique latine, avec le projet de se faire vidéaste à vélo. «Inspiré par le Che [Guevara], je me suis fixé comme but d’aller à l’endroit où il a été assassiné», en suivant l’itinéraire du révolutionnaire jusqu’en Bolivie, raconte-t-il. Pendant près de cinq mois, il parcourt ainsi quelque 4000 km, filmant son aventure qui, bientôt, se teintera d’une autre préoccupation: celle des luttes paysannes dont il observe les manifestations au fil de la route.
Les revendications au droit et à l’accès à la terre, à une époque où l’industrie agroalimentaire s’en accapare, deviendront ainsi le filon de Deux roues sur terre. Cette immersion sera suivie par d’autres expériences de création cinématographique à l’international.
Pendant ce temps, au Québec…
Le dossier des fermes urbaines de la rue du Vignoble, en 2013, le ramène à l’échelle locale. Y percevant certaines ressemblances avec la situation latino-américaine, Guillaume Girard en fera l’objet d’un court-métrage (voir autre texte). Ici comme ailleurs, ce grand voyageur cherche à lutter pour une société plus juste, avoue-t-il.
Son prochain projet le conduit d’ailleurs, ces jours-ci, sur les routes de l’est du Québec. «Je vais accompagner, à titre de journaliste-vidéaste, un duo de personnes qui part [en vélo] faire de la sensibilisation sur le transport ferroviaire du pétrole vers l’est, qui est en augmentation», résume le cinéaste à propos de Bombe sur rail.
Pour autant, il ne s’inflige aucune pression sur la forme que la démarche prendra. «Je tiens à ma liberté d’artiste», fait valoir l’autodidacte, qui ne tient pas en place – pas même à Québec, où il a collectionné quelques adresses, dont à Charlesbourg et dans Saint-Jean-Baptiste. Mais faut-il s’en étonner de celui qui considère le monde comme un «immense village global» où les frontières s’estompent?
Membre du Groupe Québec Hebdo