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La Banque du Canada rehausse son taux directeur de 100 points de base

Photo: Nathan Denette

La Banque du Canada rehausse son taux directeur de 100 points mercredi, pour le porter à 2,50%.

L’inflation au Canada est plus élevée et persistante que la Banque le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire d’avril, et restera probablement autour de 8% au cours des prochains mois, indique l’organisme. Une bonne part de cette inflation s’explique par des facteurs externes comme la guerre en Ukraine, mais les dynamiques internes de l’économie canadienne influent aussi sur la hausse des prix, souligne la Banque du Canada.

«Plus de la moitié des composantes de l’indice des prix à la consommation affichent maintenant une hausse supérieure à 5%. Avec cette généralisation des pressions sur les prix, les mesures de l’inflation fondamentale de la Banque ont augmenté pour s’établir entre 3,9% et 5,4%», souligne la banque centrale dans un communiqué diffusé mercredi.

La Banque du Canada justifie aussi la hausse du taux directeur par des signaux inquiétants concernant l’inflation à long terme. «De plus, des résultats d’enquêtes indiquent que davantage de consommateurs et d’entreprises s’attendent à ce que l’inflation soit plus élevée pendant plus longtemps, ce qui accentue le risque d’un enracinement de la forte inflation pour l’établissement des prix et des salaires. Si cela se produit, le coût économique pour restaurer la stabilité des prix sera plus grand», souligne l’organisme.

Une hausse de cette ampleur d’un seul coup est très inhabituelle. Et elle survient dans un contexte économique très inhabituel: l’inflation est proche de 8%, un niveau que l’on n’a pas vu depuis près de 40 ans.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada.

Ralentissement d’ici la fin de l’année

Une économie forte et un taux de chômage très bas ajoutent notamment une pression sur les prix. L’augmentation des salaires et autres coûts forcent de nombreuses entreprises à augmenter le prix réclamé aux consommateurs, souligne la Banque du Canada. Avec la nouvelle politique monétaire, l’organisme s’attend à ce que la situation s’améliore au cours des prochains mois.

«Selon la projection de juillet, l’inflation commencera à redescendre plus tard cette année pour se situer autour de 3% à la fin de l’année prochaine et retournera à la cible de 2% à la fin de 2024», affirme la Banque.

«La Banque s’attend à ce que l’économie canadienne progresse de 3½ % en 2022, de 1¾ % en 2023 et de 2½ % en 2024. L’activité ralentira à mesure que la croissance mondiale s’essoufflera et que le resserrement de la politique monétaire fera sentir ses effets dans l’économie. Ces facteurs, conjugués à la résolution des perturbations de l’approvisionnement, rétabliront l’équilibre entre l’offre et la demande et atténueront les pressions inflationnistes», lit-on dans le communiqué de presse.

Ceci ne se fera pas sans douleur. […] Mais nous devons augmenter le coût des prêts afin de réduire les dépenses, de refroidir les pressions inflationnistes. La situation actuelle n’est pas normale.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Quel impact sur l’immobilier?

Le taux directeur de la Banque du Canada a un effet à la hausse sur les taux d’intérêt des prêts accordés par les banques, notamment les prêts hypothécaires. Plus tôt ce matin, une analyse fournie par Royal LePage montrait que les trois hausses précédentes du taux directeur avaient déjà eu un effet baissier sur le marché immobilier à Toronto et Vancouver. Le marché montréalais continue toutefois de chauffer avec une augmentation de 2,5% des prix au deuxième trimestre.

Contacté par Métro à la suite de l’annonce de la Banque du Canada, Royal LePage s’attend à des «soubresauts» du marché immobilier à Montréal et ailleurs. Le coup ne devrait toutefois pas être trop important.

«Il faut garder en tête que les taux ne sont pas à des niveaux catastrophiques historiques. Ils sont même raisonnables si on regarde cela sur une échelle plus longue. C’est la tendance future qui va dicter le cours des choses. […] Il y a un déficit chronique de propriété au Canada, donc la toile de fond reste positive à long terme», indique la firme par courriel.

Du côté des propriétaires d’immeubles, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) craint un impact négatif sur les loyers et la salubrité des logements locatifs.

«À l’évidence, cette situation aura inopportunément un effet à la hausse sur le prix des loyers. L’inflation affecte nos membres et la hausse du taux d’intérêt par les banques réduit considérablement la marge de manœuvre des propriétaires locatifs désireux d’investir. Nous invitons rapidement les gouvernements à étudier les meilleures stratégies fiscales pour atténuer les effets et surtout stimuler la construction de logements sous plusieurs formules par des programmes intensifiés», affirme Marc-André Plante, directeur, Affaires publiques et relations gouvernementales, dans un communiqué.

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