La neige fondante est un cocktail toxique de polluants, selon des chercheurs
NEIGE. Si la neige fondante annonce le retour du printemps, peu se doutent qu’elle contient un cocktail toxique de polluants qui sont alors relâchés dans l’environnement, a déterminé une équipe de scientifiques montréalais.
(Photo TC Media – Archives)
Les résultats des travaux de ces chercheurs de l’Université McGill et de l’École de technologie supérieure de Montréal ont été publiés dans la revue scientifique «Environmental Pollution».
Ils ont découvert que la neige agit comme une immense éponge qui absorbe les polluants atmosphériques provenant des gaz d’échappement des automobiles. Un problème particulièrement aigu en zone urbaine.
L’air semble d’abord «plus propre» après la chute de neige parce qu’elle emprisonne les particules fines de la pollution de l’air. Mais lorsque la neige fond, c’est une toute autre histoire, concluent-ils.
Car non seulement ces polluants nocifs s’accumulent dans la neige, mais ils s’y transforment: d’autres particules et molécules sont libérées dans l’environnement lors de la fonte des neiges — avec différents degrés de toxicité et de cancérogénicité.
Il s’agit notamment de différentes nanoparticules: ces polluants, les plus petits que l’on retrouve dans l’air, ont été associés à plusieurs problèmes de santé, comme la mort prématurée chez les enfants, des maladies cardiaques et respiratoires et aussi certains cancers.
Certaines des particules relâchées dans l’environnement sont même plus nocives que les polluants initialement absorbés, alors que d’autres le sont moins, a expliqué en entrevue l’auteure principale de l’étude, Parisa Ariya, professeure au Département des sciences atmosphériques et océaniques ainsi qu’au Département de chimie de l’Université McGill.
«On a démontré pour la première fois que dans la région urbaine, la neige agit comme une éponge pour attirer, et concentrer, et accumuler, un cocktail toxique de polluants atmosphériques provenant des particules des gaz d’échappement des automobiles», a-t-elle dit.
«On a démontré que c’est très rapide. Ce sont des processus qui peuvent se passer sur une période de 30 minutes», a-t-elle ajouté.
Lorsque la neige fond, elle peut se retrouver — polluants compris — dans les sols et les eaux des rivières. D’autres polluants se volatiliseront pour retourner dans l’air.
Pour déterminer comment la neige capte les émissions polluantes des automobiles, les scientifiques l’ont exposée à des gaz d’échappement dans un globe de verre fabriqué dans leur laboratoire. Ils ont alors utilisé différents outils de mesure, dont des lasers, des microscopes et des appareils de haute résolution qui ont confirmé les résultats.
Mme Ariya compte bien pousser ces travaux de recherche plus loin. Notamment sur l’effet de la neige et des changements de température rapides, comme les périodes de gel et de dégel au Québec.
«Si on ne connaît pas l’effet de la neige, on n’est pas capables de bien réglementer les polluants atmosphériques», a-t-elle conclu.
La Presse canadienne