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Comment étaient perçus les éternuements au Moyen-Âge?

Photo: istock, Fertnig

Après avoir remarqué l’aversion que l’on a développée pour les éternuements en période pandémique, l’historien montréalais Richard Matthew Pollard a décidé de mener une recherche sur un sujet plutôt inusité: le phénomène des éternuements au Moyen-Âge.

Ayant constaté que les sources traitant de ce phénomène inhérent à l’humain se faisaient rares, le professeur au Département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a entrepris des recherches qui lui ont permis de découvrir que les éternuements avaient une vocation thérapeutique à l’époque médiévale.

«C’est très étonnant qu’il n’y ait rien, affirme Richard Matthew Pollard. Le grand écrivain du 6e siècle Grégoire de Tours, qui adorait faire mourir les protagonistes de ses œuvres de façon étrange – en évacuant leurs intestins ou en jetant leur âme en rotant, par exemple – n’a jamais parlé d’éternuements. Ça aurait pourtant été une mort plausible puisque des gens peuvent se briser des côtes ou subir des blessures crâniennes en éternuant.»

Étrange silence radio

Ce qui étonne, c’est le fait que très peu d’information est disponible sur le sujet des éternuements au Moyen-Âge comparativement à ce qu’on trouve sur le même phénomène, mais à d’autres époques. «Une recherche rapide sur Google produit 177 millions de résultats pour le mot sneeze», indique le professeur.

Dans l’Antiquité, le phénomène semble avoir été beaucoup plus discuté. «Dans le livre de Job, écrit entre le 6e et le 4e siècle avant Jésus-Christ, l’éternuement est associé au Léviathan, un monstre qui symbolise l’enfer et le diable, observe Richard Matthew Pollard. Pour leur part, les Romains croyaient que les éternuements étaient des signes divins, alors que saint Augustin disait que si on éternuait le matin, il fallait retourner au lit», ajoute le professeur Pollard.

Vertus thérapeutiques

«Seuls les ouvrages médicaux abordent les éternuements», peut-on lire dans un communiqué de l’UQAM au sujet des recherches de l’historien. «On faisait éternuer les patients pour les guérir d’un mal de tête ou pour faire sortir des objets coincés dans l’oreille ou dans le nez. Lors des accouchements difficiles, des médecins prescrivaient aux femmes d’éternuer pour que le bébé sorte plus facilement, à l’image d’une pomme qui tombe d’un pommier que l’on secoue», explique M. Pollard.

Certains produits, comme le poivre, la saponaire, la moutarde ou le jus de concombre, sont d’ailleurs décrits par ces livres comme étant propices à générer des éternuements. On y retrouve aussi «des produits guérissant les éternuements, comme l’aneth, le basilic et l’anis», indique-t-on dans le communiqué de l’UQAM. «Les médecins utilisaient ces produits pour éviter d’aggraver les blessures crâniennes de leurs patients ou encore pour les débarrasser du hoquet», explique le professeur Pollard.

Outre leurs vertus thérapeutiques, les éternuements étaient aussi vus comme des symptômes de la maladie, comme «du rhume» ou «de la grippe». Les recherches du professeur ont suscité suffisamment d’intérêt pour qu’elles soient le sujet de présentations qu’il a données à Terre-Neuve et au Michigan.

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