«Pas de données» qui justifieraient un 3e lien autoroutier
Plaidant que les plus récentes données de circulation entre Québec et Lévis démontrent que les temps de parcours ont diminué, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a confirmé jeudi matin que le gouvernement mettait la hache dans son projet de 3e lien autoroutier de centre-ville à centre-ville. Seul le lien consacré aux transports en commun sera conservé, mais aucun échéancier n’a encore été défini.
«Nous n’avons pas de données qui justifieraient l’implantation d’un tunnel autoroutier entre les deux centres-ville présentement», a laissé tomber la ministre Guilbault après avoir rappelé les derniers développements concernant l’évolution du projet qui était jusqu’à récemment composé de deux tubes. Regrettant prendre une «décision difficile», elle a soutenu qu’il «fallait prendre compte de la réalité» et être «responsable» devant l’absence de justificatifs scientifiques.
Estimant que les gens de Québec et Lévis n’ont «jamais» eu une «offre de transport collectif à la hauteur de ce qui pourrait convaincre de faire le choix de renoncer à la voiture et de prendre le transport collectif», la ministre croit qu’un tel projet permettra d’orchestrer un «vrai transfert modal».
Pas de détails
Cependant, plusieurs auront l’impression que ce nouveau développement est un retour à la case départ. En effet, jeudi matin, aucun détail n’a pas été présenté concernant un éventuel tracé de ce 3e lien dédié aux transports collectifs. Le mode de transport qui y sera opéré n’a pas non plus été identifié. Même chose pour l’échéancier des travaux et les coûts de ceux-ci.
Seule sur la tribune de la salle Evelyn-Dumas de l’Assemblée nationale, la ministre a expliqué que les décisions à venir concernant le tracé et le mode de transport «auront une incidence sur les coûts». «Dans le projet d’origine, nous n’aurions probablement pas pu avoir le soutien du fédéral. Nous pourrons en savoir plus lorsque nous aurons avancé dans le projet», a-t-elle indiqué.
Caire reste en poste, Drainville s’excuse
Parmi les grandes questions qui demeuraient dans l’air depuis que la décision du gouvernement avait été coulée dans les médias mardi soir, l’avenir politique du député de La Peltrie, Éric Caire. En 2018, il avait promis de remettre sa démission si le gouvernement reculait sur le projet de 3e lien. Or, dans les couloirs du parlement jeudi matin, après l’annonce de la ministre Guilbault, il a confirmé qu’il resterait en poste. «Je vais aller à la rencontre des citoyens et je vais leur expliquer la décision. Je peux comprendre que les gens se sentent trahis, mais je pense qu’on a aujourd’hui des chiffres […] qui ont changé de façon importante par rapport à avant la pandémie. En mon âme et conscience, aujourd’hui, la mathématique fait en sorte que je ne peux plus défendre ce projet-là», a-t-il mentionné.
De son côté, le ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches et député de Lévis, Bernard Drainville, a présenté ses excuses à ses électeurs lors d’une mêlée de presse où il est apparu visiblement émotif. «J’ai pris un engagement et je ne suis pas en mesure de le livrer. Je comprends leur déception, je comprends leur colère. Je suis vraiment désolé!»
Ottawa «accueille positivement» la décision
Jusqu’ici très froid face au projet de 3e lien, le gouvernement fédéral a dit «accueillir positivement» la décision du gouvernement du Québec quelques minutes après le point de presse de la ministre Geneviève Guilbault. La position d’Ottawa s’est fait entendre via une déclaration écrite du député de Québec et ministre, Jean-Yves Duclos. «J’accueille positivement la décision du gouvernement du Québec d’abandonner le projet de tunnels autoroutiers entre Québec et Lévis. Cela rassurera nombre de mes concitoyennes et concitoyens du centre-ville de Québec qui m’ont exprimé clairement leur crainte de voir une nouvelle autoroute heurter leur milieu de vie déjà fragile d’un point de vue environnemental et social».
Sur la question du financement du nouveau projet par le fédéral, M. Duclos n’a toutefois pas pris d’engagement, laissant Québec faire ses devoirs avant de présenter une demande. «Nous respectons le souhait du gouvernement du Québec de prendre le temps nécessaire avant de déposer une éventuelle demande de financement au gouvernement canadien et suivrons de près les prochaines étapes», a-t-il exprimé.