Bonne tenue annuelle de l’emploi à Québec dans un horizon assombri
Bien que le marché du travail ait ralenti par rapport à l’année précédente, la région de Québec a conclu l’année 2022 avec un bilan positif dans l’ensemble. Néanmoins, la rareté de main-d’oeuvre limite les perspectives de progression du bassin de travailleurs. La pression s’accentue alors qu’elle affiche le plus faible taux en cette matière à l’échelle canadienne, dans un contexte de vieillissement de la population et de départs accrus à la retraite.
Les projections démographiques indiquent que la tendance ne se résorbera pas à court terme. Dans ces circonstances, les avenues de la croissance de l’emploi résident dans la qualité de ceux-ci plutôt que dans leur quantité. À ce titre, la rareté a aussi pour effet de tirer à la hausse les conditions de travail et la rémunération. Néanmoins, le gonflement des salaires, sans une augmentation de la productivité correspondante, risque d’alimenter l’inflation et même de nuire à l’économie.
«Dans ce contexte, le premier réflexe devra favoriser l’automatisation, la numérisation ou la réorganisation du travail afin d’être plus productif. L’immigration et sa régionalisation à l’extérieur de Montréal doivent également être améliorées. Cela s’ajoute aux divers éléments qui complètent les solutions pour contrer la rareté de main-d’œuvre, comme le maintien en emploi des travailleurs plus âgés», suggère l’analyse Bilan et perspectives du marché du travail 2022-23, rendue publique par Québec International.
Il en ressort que le marché du travail de la région de Québec a fait bonne figure l’an dernier. Néanmoins, la création d’emplois observée y est moins prononcée que celles enregistrées dans les autres principaux centres urbains au pays. Cela s’explique, en partie, parce que la région a connu la deuxième plus faible croissance de la population active (+0,6%) parmi ses consoeurs canadiennes.
«Bien que la rareté de main-d’oeuvre soit une réalité d’un océan à l’autre, elle est particulièrement aiguë dans la région. Le marché du travail n’a jamais été aussi tendu, avec un taux de chômage au plancher (2,9%) et un nombre record de postes vacants (39 700). Le vieillissement de la population poursuit son œuvre, alors qu’il y a plus de départs à la retraite que de jeunes entrant sur le marché de l’emploi. Un manque à gagner qui devrait s’amenuiser progressivement», note l’analyse économique.
Statistiques d’emplois 2022
En 2022, le marché du travail de la région de Québec a poursuivi la croissance amorcée l’an dernier. Selon l’Enquête sur la population active (EPA), Statistique Canada y dénombre 441 900 emplois, soit 8300 de plus (+1,9%) que l’année précédente. Un bilan positif qui survient après le fort rebond enregistré en 2021. Une part importante du gain d’emploi en 2022 est dû à la croissance des emplois à temps partiel (+6400 ou 8,8%) par rapport à ceux à temps plein (+1900 ou 0,5%).
«Cela n’a pourtant pas suffi pour essuyer le retard de l’emploi qui persiste par rapport au sommet historique atteint en 2019. On chiffre ce manque à 15 700 emplois en moins que trois ans auparavant. Notons, par ailleurs, que la région de Québec est la seule, parmi les huit principales régions du pays, à ne pas avoir retrouvé son niveau d’emploi de 2019 sur une base annuelle», souligne le bilan de Québec International.
Ainsi, en 2022, le marché du travail de la région de Québec a été moins robuste que celui de la province (+3%) et celui du Canada (+4%). Parmi les principales régions canadiennes, celle de Québec arrive en queue de peloton sur le plan de la croissance de l’emploi pour une deuxième année consécutive. Sa performance la place au dernier rang derrière Vancouver (+2,6%) et Montréal (+3,4%) et est la seule sous la barre des 2%.
Indice de remplacement
D’après le bilan annuel de Québec International, le vieillissement reste un défi structurel qui a des répercussions sur l’évolution de la population active, mais aussi sur l’indice de remplacement. «En 2022, il y avait environ 88 jeunes (20 à 29 ans) potentiellement prêts à entrer sur le marché du travail pour 100 personnes potentiellement prêtes à prendre leur retraite (55 à 64 ans). Le nombre de personnes quittant le marché du travail surpasse celui des personnes y entrant. On estime qu’en 2022 seulement, le manque à gagner pour combler les départs à la retraite était de l’ordre de 14 000 jeunes».
En plus de brosser le portrait de l’emploi 2022, cette analyse fait l’état des lieux sur la diversité industrielle des emplois dans la région de Québec et avance des perspectives pour l’avenir. On y voit, notamment, que la région est relativement diversifiée et que les prévisions sont favorables pour 2023.