Quand la basilique-cathédrale de Notre-Dame de Québec s’est embrasée
Le 22 décembre 1922, la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec est ravagée par les flammes. Construit en 1632, l’édifice religieux est réduit en cendres moins de trois jours avant les célébrations de Noël. Plus de 100 ans après cette tragédie, retour sur les anecdotes qui ont marqué la ville de Québec.
Accident ou crime?
Cet événement dramatique alimente à l’époque de nombreuses hypothèses. Sans pour autant l’écarter, aucun habitant ne privilégie la piste de l’accident. «La majorité des gens ne croyaient pas à un incendie naturel, mais bien criminel, lance l’historien Jean-Marie Lebel. Certaines personnes suspectaient l’électricité et même une action du Ku Klux Klan!»
Le groupe terroriste suprémaciste blanc originaire des États-Unis est incriminé après la réception d’une lettre dans les locaux de l’Université Laval. «Ils avaient reçu une lettre de menace signée KKK, on a donc commencé à les suspecter, mais cette supposition ne tenait pas debout, affirme le spécialiste. Ce groupe concerne le sud des États-Unis, ils n’ont aucun rapport avec le Québec. On a donc fini par se dire que nous n’aurons jamais la vérité sur cet incendie.»
Pendant cinq ans, l’enquête piétine, aucune piste plausible n’explique cet incendie. Coup de théâtre cinq ans plus tard, la vérité éclate lors du procès d’un certain Ray Marsden. «Ray Marsden est un pyromane américain, un bandit des grands chemins. C’est lui qui a mis le feu à l’édifice.» C’est lors de son procès pour d’autres affaires judiciaires que le coupable avoue avoir incendié la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. «Le détail de ses récits criminels était si précis qu’il était impossible de ne pas le considérer comme le coupable, raconte Jean-Marie Lebel. C’était un voleur avec un côté pyromane.»
Cette cathédrale, avec tous ces souvenirs, nous reliait à la vieille France d’où nous étions venus. Il y a des incendies qui font plus de mal que d’autres.
Jean-Marie Lebel, historien
En 1922, le pyromane s’est introduit à la tombée de la nuit dans l’église avec pour première intention de dérober les objets de valeur. Il aurait mis le feu à l’édifice aux alentours de 21h. C’est seulement à minuit que la population s’est rendu compte de l’incendie. «Le feu s’est propagé dans le mur puis a atteint la charpente, ce qui ne le rendait pas visible de l’extérieur, poursuit l’historien. C’est une personne qui a senti une odeur de fumée et a prévenu les pompiers qui en entrant ont pris connaissance du feu dans la voûte et la charpente et qu’il était impossible de l’atteindre pour y mettre fin.». À deux heures du matin, l’ensemble de l’édifice est réduit en fumée.
Une perte symbolique immense
«C’était notre vieille cathédrale, celle de nos racines françaises. Elle était le principal temple religieux de Québec. Son incendie, en 1922, a causé une commotion à Québec», explique Jean-Marie Lebel tout en comparant cet événement à l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019. «En 1922, les Québécois ont eu la même réaction, ils tenaient vraiment à leur cathédrale et ils voulaient qu’elle soit reconstruite comme avant.»
À partir de 1923, les travaux de reconstruction débutent avec pour objectif de réaliser une réplique parfaite de l’édifice. Ce lieu de mémoire et de communion accueillait d’ailleurs les prières d’Édith Piaf lors de ses déplacements à Québec. «À chaque passage à Québec, Édith Piaf aimait beaucoup prier à la Basilique. La chanteuse avait une grande dévotion pour Sainte-Thérèse.» Autre anecdote, certains pensent que le tombeau de Samuel de Champlain se trouverait dans cet édifice. Pour le moment, toujours aucune trace de sa sépulture.