Perspectives 2023: construction et rénovation résidentielles en baisse au Québec
Après deux bonnes années, l’industrie de l’habitation doit s’attendre à un certain retour du balancier. La hausse rapide des taux d’intérêt au cours des derniers mois devrait donc avoir un effet négatif sur le nombre de mises en chantier et les dépenses en rénovation résidentielle l’an prochain. Voilà la principale conclusion des Prévisions 2022-23 de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) pour la province.
«Cela viendra exacerber le déficit d’habitations. Pourtant, il serait plutôt souhaitable, pour améliorer la disponibilité et l’abordabilité des logements, d’augmenter la cadence des mises en chantier», indique Paul Cardinal, directeur du service économique à l’APCHQ.
Selon lui, cette année, on se dirige vers un repli de 14% des mises en chantier pour atteindre environ 58 000 unités. C’est surtout en 2023 que l’effet de la hausse des coûts de financement se fera sentir sur la construction résidentielle. L’APCHQ anticipe 46 000 mises en chantier, soit un recul de 21% par rapport à 2022. Il pourrait s’agir de la baisse la plus importante à ce chapitre au Québec depuis 1995.
Repli généralisé de la construction
Toutes les catégories de propriétés seront touchées. Moins d’acheteurs potentiels ont les moyens de se payer une propriété. Et c’est encore plus vrai dans le cas d’une propriété neuve. Notamment, la construction de logements en copropriété, dont le rythme est déjà deux fois moindre qu’à son sommet en 2012, pourrait atteindre l’an prochain son plus faible niveau en deux décennies. Même la construction locative n’est pas épargnée. Un recul majeur (-32%) est anticipé en 2023.
La hausse des coûts de financement mine la rentabilité de plusieurs projets locatifs. Plusieurs sont d’ailleurs mis sur la glace parce qu’ils ne sont tout simplement plus viables financièrement. Une multitude de nouveaux immeubles locatifs ne lèveront pas de terre tant que les conditions de financement ne s’amélioreront pas.
Paul Cardinal, directeur du service économique à l’APCHQ
Pourtant, la demande locative demeurera forte, avec le vieillissement de la population, la diminution de la taille des ménages et la difficulté pour les jeunes d’accéder à la propriété. Le rapport de l’APCHQ laisse voir qu’aucune région ne sera épargnée par le mouvement à la baisse des mises en chantier. Les diminutions vont de 15% pour la région de Saguenay à 25% pour celle de Sherbrooke.
Réduction aussi des dépenses en rénovation
Après avoir bondi de 31 % et établi un nouveau record en 2021, les dépenses en rénovation résidentielle n’ont pas beaucoup dérougi jusqu’ici en 2022. Elles franchiront probablement le cap de 23G$, soit une augmentation de 19%.
Toutefois, le marché de la rénovation n’échappera pas lui non plus à l’effet négatif de l’augmentation des taux d’intérêt l’an prochain. Ainsi, l’APCHQ prévoit un repli de 15% des dépenses en rénovation résidentielle en 2023, pour se situer autour de 20G$.