La policière Isabelle Morin coupable dans un second procès
Au terme d’un second procès, lundi, Isabelle Morin a été déclarée coupable de conduite dangereuse ayant causé la mort. Cette fois, le juge a davantage tenu compte du caractère risqué de la manœuvre de la policière du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ).
En septembre 2015, elle a coupé la voie du motocycliste Jessy Drolet qui a perdu la vie en percutant l’autopatrouille. Sa manœuvre de demi-tour a été effectuée dans une zone de travaux sur l’autoroute Laurentienne. La policière avait alors traversé des cônes de signalisation pour tenter de rejoindre une sortie d’autoroute dans la voie inverse.
Dans sa décision étayée, le juge Frank D’Amours estime que la policière aurait dû mieux évaluer les dangers inhérents à sa manœuvre. Un comportement raisonnable aurait permis d’anticiper que des véhicules circulent en sens inverse et qu’une collision s’avérait hautement probable.
Acquittement renversé
Rappelons qu’Isabelle Morin avait été acquittée dans un premier procès qui s’était conclu en 2018. Or, la Cour d’appel a ensuite accueilli la requête de la Poursuite, renversé le verdict initial et ordonné un nouveau procès.
Cette fois, il semble que le juge se soit davantage attardé au caractère inusité de la manœuvre. Surtout, qu’elle ne visait pas à répondre à un appel d’urgence, mais plutôt à rentrer plus vite au poste de La Haute-Saint-Charles.
Effet sur la confrérie
Déçue du résultat du procès, la Fraternité des policiers et policières de la Ville de Québec craint des répercussions sur les agissements des patrouilleurs. «Dans l’exercice de nos fonctions, on a des appels où le facteur temps est excessivement important. Certains policiers pourraient hésiter à conduire en urgence, de peur d’être impliqués dans un accident et d’en être tenus responsables», souligne sa présidente, Martine Fortier, lors d’un entretien sur les ondes de Radio-Canada.
La cause doit revenir au palais de justice de Québec, le 29 mars prochain, à l’étape des observations sur la peine. Le délit de conduite dangereuse causant la mort est passible d’une peine maximale pouvant atteindre 14 ans. Toutefois, sans présumer des propositions des parties et de la décision du juge, cet extrême est rarement envisagé en l’absence de facteurs aggravants, comme la vitesse ou les facultés affaiblies.