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Les changements climatiques vous coûtent cher à l’épicerie 

L’inflation mondiale du prix des aliments est également due aux conflits armés, à la pénurie de main-d’œuvre, et à l’augmentation des coûts de l’énergie. Photo: iStock

«Coudonc, l’épicerie est hors de prix», vous dites-vous. Parmi les différents facteurs qui expliquent l’inflation alimentaire record sont pointés les changements climatiques. Voici donc les denrées qui vous ont coûté plus cher en 2022, notamment à cause de notre planète de plus en plus malade.  

L’agroalimentaire: un marché mondialisé 

«Le marché alimentaire n’est pas local ou régional, il est mondial. Alors, quand il y a une pénurie ou des perspectives de rareté, il y a une augmentation rapide des prix partout. C’est ça qu’on a connu en 2021-2022.» 
– Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Développement international et président de la Coalition Nourrir l’humanité durablement 


Viande 

  • Augmentation du prix entre janvier 2021 et janvier 2022: 10,1%
  • Causes: sécheresses en 2021 dans le Midwest américain ainsi que dans l’Ouest canadien. 
  • Impact: récoltes insuffisantes de grains utilisés pour nourrir le bétail.   

Cette situation a probablement été engendrée par les changements climatiques, ou du moins la sécheresse a été plus sévère à cause des changements climatiques. […] En revanche, quelle portion peut-on attribuer aux changements climatiques versus l’augmentation des prix de l’énergie, des coûts de la main-d’œuvre, ou encore sa rareté, ça devient difficile à dire.

Marcel Groleau, président de l’UPA Développement international et président de la Coalition Nourrir l’humanité durablement

Moutarde 

  • 18,8%* : augmentation du prix pour les condiments, épices et vinaigres entre juin 2021 et juin 2022
  • Cause: vague de chaleur dans l’Ouest canadien à l’été 2021, où les températures ont atteint les 50 °C. 
  • Impact: chute de la production de graines de moutarde de 28% au Canada, premier producteur mondial. 

Sauce sriracha

  •  12,8%* : augmentation du prix pour les condiments, épices et vinaigres entre octobres 2021 et octobre 2022 
  • Cause: une sécheresse sévère en Californie au printemps 2022.  
  • Impact: la pénurie de piments forts a forcé l’entreprise Huy Fong Foods à mettre sur pause la production de la célèbre sauce piquante. 

Laitue

  • 30%*  : Augmentation du prix entre octobre 2021 et octobre 2022
  • Causes: une sécheresse et une maladie ont ravagé les récoltes de laitues en Californie en 2022.  
  • Impact: rareté des laitues romaine et iceberg sur le marché. 

Il n’y a pas de quoi s’inquiéter [à court ou moyen terme] parce que le cycle de production [de la laitue] va reprendre. La laitue, ça reprend assez rapidement. En mars, des récoltes de la Californie vont probablement revenir sur le marché.

Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politique agroalimentaire à l’Université Dalhousie  

Blé 

  • 16,9%* : augmentation du prix des produits de boulangerie et des produits céréaliers entre octobre 2021 et octobre 2022
  • Causes: en plus du conflit en Ukraine, des sécheresses en Amérique et en Europe en 2022 participent à l’inflation du prix du blé. 
  • Impact: moins de blé sur le marché, ce qui affecte surtout la production de pâtes alimentaires (27,4%) ainsi que de la farine et des mélanges à base de farine (23,2%). 

C’est sûr que l’Ukraine a été un facteur, mais les sécheresses en Amérique aussi. L’Europe a été frappée par une sécheresse, l’Asie a été frappée par une sécheresse, donc il y a eu moins de produits sur le marché.

Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politique agroalimentaire à l’Université Dalhousie 

Riz

14,7%* : augmentation du prix du riz et des mélanges à base de riz entre octobre 2021 et octobre 2022

Causes: l’Inde et le Pakistan – les deux principaux pays producteurs de riz basmati – ont été lourdement touchés en 2022 par des épisodes de fortes chaleurs et de fortes pluies qui ont compromis les récoltes. 

Impact: près de 250 000 tonnes de riz réduites à néant. 

Quand le prix du blé augmente, les acheteurs et les consommateurs se dirigent vers d’autres sources de protéines. Par ricochet, la rareté du blé sur les marchés entraîne l’augmentation du prix des autres céréales, dont le riz qui est la céréale la plus consommée sur la planète.

Marcel Groleau, président de l’UPA Développement international et président de la Coalition Nourrir l’humanité durablement

*Les données sur l’augmentation des prix proviennent de Statistique Canada. Il est important de rappeler que ces augmentations ne sont pas uniquement dues aux changements climatiques. 


Agir maintenant 

Sans intervention, les perturbations climatiques auront de graves conséquences sur l’économie mondiale et la sécurité alimentaire, prévient le dernier rapport sur les prix alimentaires du Département de gestion de l’Université Dalhousie publié cette semaine.  

Les effets néfastes des changements climatiques risquent de continuer d’entraîner des déficiences dans l’approvisionnement alimentaire, provoquant des augmentations de prix cycliques.  

Cependant, pour expliquer la hausse de la facture d’épicerie, le rapport pointe également les taxes sur le carbone imposées au secteur de l’agriculture. Ces dernières impliquent des frais supplémentaires qui augmenteront les coûts de production et de transport associés aux aliments. Cette augmentation incitera les producteurs à transférer ces frais aux consommateurs, dans le but de maintenir leur rentabilité, peut-on lire dans le document. 

«Si l’inflation du prix des aliments est plus élevée que l’inflation moyenne, c’est en partie à cause des changements climatiques», soutient Marcel Groleau. 


Projections à long terme au Canada 

Selon les informations disponibles sur le site du gouvernement du Canada, les impacts des changements climatiques sur l’agriculture au pays diffèrent d’une région à l’autre. Certains sont négatifs, d’autres positifs. 

Augmentation de la température 

  • Prolongation de la saison de croissance. 
  • Expansion des cultures de climat chaud telles que le maïs et le soja. 
  • Expansion potentielle vers le nord de la production agricole. 
  • Augmentation de l’évapotranspiration, accroissant le stress hydrique des plantes. 
  • Augmentation de l’efficacité de l’utilisation de l’eau en raison de la hausse du CO2 atmosphérique. 
  • Plus grande productivité des cultures telles que le blé, l’orge, le canola, le soja et les pommes de terre grâce aux niveaux plus élevés de CO2. 
  • Apparition de nouveaux ravageurs et maladies. 
  • Répercussions sur la santé du bétail, entraînant une réduction de la production de lait, d’œufs et de viande, voire des mortalités. 
  • Augmentation des coûts de refroidissement pour les producteurs. 

Augmentation des pluies 

  • Retard des opérations de plantation/d’ensemencement en raison de champs gorgés d’eau. 
  • Accroissement de l’érosion du sol et du ruissellement des nutriments.  

Réduction des pluies 

  • Affaiblissement des plantes et effets nuisibles pour les productions.  

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