Les loyers grimpent davantage pour les logements étudiants
IMMOBILIER. Une vaste analyse à laquelle ont répondu près de 10 000 étudiants universitaires québécois révèle que le prix de leurs logements augmente plus vite que celui du reste de la population. Au cours des quatre dernières années, le loyer individuel médian des étudiants a crû de 18%, comparé à une hausse de 11,5% observée dans le marché locatif global.
Il s’agit d’une des principales conclusions de l’enquête Prospection sur les habitudes et aspirations résidentielles étudiantes (PHARE) 2021. Celle-ci est menée par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), en partenariat avec 14 associations étudiantes et universités au Québec. Un autre constat porte sur la nécessité de bâtir des logements abordables pour la clientèle universitaire. À cet égard, l’organisme d’économie sociale est partenaire d’un projet du genre à venir près de l’Université Laval.
Moins de 5% en résidence
Selon le rapport rendu public, on estime à un peu moins de 245 000 le nombre d’étudiants universitaires locataires au Québec. De ce nombre, moins de 5% habitaient en résidence étudiante. Bon an mal an, ce sont donc 220 000 étudiants universitaires qui doivent se loger sur le marché locatif privé chaque année.
«Il y a une certaine croyance populaire selon laquelle la majorité des étudiants habitent en résidence étudiante ou chez leurs parents, mais c’est très loin de la réalité, indique Laurent Levesque, directeur général de l’UTILE. C’est important de le souligner, parce que les étudiants locataires exercent une forte pression sur le marché locatif des villes universitaires. Notamment, en compétitionnant bien malgré eux avec les familles pour les logements abordables avec plus d’une chambre à coucher.»
Manque d’expérience
En raison de ses déménagements fréquents et de son manque d’expérience sur le marché locatif, la population étudiante est particulièrement vulnérable aux hausses de loyer. «Comme les locataires étudiants occupent majoritairement le même parc locatif que le reste de la population, ces hausses alimentent la crise du logement abordable pour tout le monde. En plus, cette réalité s’avère un important frein à l’accessibilité aux études», déplore M. Levesque.
À ses yeux, il est clair qu’il faut investir davantage dans le logement étudiant abordable. Cela permet de lutter contre la précarité étudiante, en plus de libérer des logements abordables qui conviennent aux familles sur le marché privé. «Bref, une façon d’accroître l’attractivité des villes universitaires. Tout le monde y gagne», conclut-il.
Faits saillants du rapport PHARE 2021
- La part individuelle de loyer assumée par les locataires étudiants est passée de 500$ en 2017 à 580$ en 2021, une hausse de 18% contre 11,5% pour l’ensemble des ménages.
- 62% des locataires étudiants ont un revenu annuel inférieur à 20 000$ et 64% allouent plus de 30% de leur budget aux frais de logement.
- Le loyer médian des étudiants locataires (935$) est 21% plus cher que le loyer médian sur le marché locatif (773$).
- 18% des locataires étudiants sont inquiets quant au paiement de leur prochain loyer.
- Sur les 9839 répondants à l’enquête PHARE 2021, on retrouve 2394 étudiants de l’Université Laval.
La version complète du rapport peut être consultée en cliquant ici.
Situation spécifique à l’Université Laval
L’enquête sur la situation résidentielle des étudiants s’attarde à la situation spécifique à chaque région de la province. Elle révèle notamment que le prix des logements étudiants à Québec a bondi en moyenne de près de 6% par an au cours des quatre dernières années. Il s’agit de la plus forte hausse enregistrée sur le territoire québécois.
Ainsi, entre 2017 et 2021, UTILE estime que «le loyer individuel moyen des locataires étudiants à Québec est passé de 492$ à 607$ par mois, une hausse de 23,4%. À l’échelle provinciale, l’augmentation moyenne a plutôt été de 17,2% durant la même période. Si bien que 60% des locataires étudiants à Québec doivent allouer plus de 30% de leurs revenus à leur logement. Or, il est généralement admis que dépasser ce seuil s’avère problématique pour la santé financière d’un ménage.
Le PHARE 2021 souligne aussi que 84% des étudiants de l’Université Laval sont locataires. Ce qui équivaut à environ 40 800 locataires universitaires dans la région. Contrairement à la croyance populaire, moins de 10% des étudiants habitent en résidences, ce qui signifie que la grande majorité se loge sur le marché locatif privé.