Émile Bilodeau, pas suffisamment «rassembleur» pour la Fête nationale, dit le MLQ
Le Mouvement laïque québécois (MLQ) remet en question le choix d’Émile Bilodeau pour animer la Fête nationale sur les Plaines d’Abraham, affirmant qu’avec ses positions sur la Loi sur la laïcité de l’État, l’artiste est « tout sauf rassembleur ».
Dans une lettre publiée sur le site Tolerance.ca et adressée au Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ) – qui a confié l’animation de la soirée de la Fête nationale prévue sur les Plaines d’Abraham à Émile Bilodeau –, le président du MLQ, Daniel Baril, reproche essentiellement à l’artiste ses positions sur la loi 21 et la laïcité de l’État.
« Nous croyons que les causes défendues par cet artiste représentent mal le Québec et sont même contradictoires avec celles défendues par le MNQ notamment en ce qui concerne la laïcité de l’État. »
Le MLQ évoque entre autres la Fête nationale en 2020 où Émile Bilodeau est monté sur scène « en arborant un macaron hostile à la Loi sur la laïcité de l’État ».
« Plusieurs Québécois et Québécoises ont été fortement heurtés par ce geste, soutient le MLQ dans sa lettre. Il ne s’agissait pas d’une simple erreur de parcours puisque l’artiste a repris dans plusieurs entrevues sa lecture totalement erronée et hostile de la loi 21. Considérant cette loi comme raciste, il offense ainsi la majorité québécoise qui y voit plutôt un fondement essentiel de la démocratie. »
Une opposition que l’artiste a réitérée sur le plateau de l’émission Le monde à l’envers en mars dernier. « Je suis contre la loi 21, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un qui n’est pas québécois », s’est-il défendu.
« Il y a des gens qui ont ma couleur de peau, qui ne portent pas de voile et qui ont fait beaucoup de mal à des enfants, que ce soit par des crimes sexuels ou violents », a poursuivi l’auteur-compositeur-interprète.
Le MLQ évoque également l’une des chansons de l’artiste, intitulée Je me souviens. « […] ponctuée de “sacres” à chaque ligne, [Émile Bilodeau] s’en prend aux prétendus “privilèges blancs”, il soutient que le Québec fait preuve de racisme systémique et il présente la laïcité comme un facteur d’exclusion sociale », peut-on lire dans la lettre.
Réaction du MNQ
Joint par Métro, le président du MNQ, Frédéric Lapointe, confirme que leur organisme soutient la Loi sur la laïcité de l’État et qu’il ne considère pas que cette dernière soit raciste. En revanche, il ne voit pas de problèmes que les positions d’Émile Bilodeau soient en contradiction avec celles du MNQ.
« Le Mouvement laïque québécois a des positions bien connues qui rejoignent les nôtres, répond d’entrée de jeu Frédéric Lapointe. Nous, on organise une fête rassembleuse où les gens peuvent se retrouver indépendamment de leur affiliation partisane ou de leur opinion politique. »
Le MNQ n’exclut donc personne sur la base de son opinion politique, soutient son président, et « prend soin d’avoir une scène qui est représentative de la diversité de points de vue des Québécois. »
Une situation qui n’est pas nouvelle, Frédéric Lapointe donnant l’exemple du groupe Loco Locass qui a participé à trois reprises à la Fête nationale et dont la chanson Libérez-nous des libéraux pouvait également déplaire à certain.e.s Québécois.es.
Le président du MNQ explique qu’Émile Bilodeau a été choisi parce qu’il est un « excellent musicien » et qu’il est populaire auprès des jeunes, mais aussi d’un large public.
« Il est un exemple d’un artiste qui est engagé, ajoute Frédéric Lapointe. C’est quelque chose que les artistes faisaient peut-être davantage il y a quelques décennies et ce n’est pas quelque chose qui nous déplaît fondamentalement, indépendamment des positions qui peuvent être mises de l’avant. »
Frédéric Lapointe souhaite que ces débats soient mis en parenthèse à l’occasion de la Fête nationale afin de rassembler et d’en faire un événement vraiment festif.
Interrogé par Métro, le label d’Émile Bilodeau a indiqué que l’artiste ne réagira pas pour le moment.