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L’église Saint-Sacrement sauvegardée in extremis

L’église du Très-Saint-Sacrement constitue un point de repère important dans le paysage du quartier. Photo: Métro Média - François Cattapan

PATRIMOINE. Fermée au culte et considérée dans un état non sécuritaire, l’église du Très-Saint-Sacrement devait voir son avenir scellé avant la fin du mois de mai. Voilà qui est fait avec sa classification comme bien immobilier d’intérêt patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Une décision qui en réjouit plusieurs, mais pas la fabrique responsable de gérer l’édifice et d’éponger ses coûteux frais d’entretien.

Après avoir émis un avis d’intention, la ministre Nathalie Roy a confirmé le classement du bâtiment emblématique du quartier Saint-Sacrement, en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Par ce geste, elle souhaite que «les valeurs historique, artistique, architecturale, technologique et paysagère de cette église soient préservées».

En inscrivant le bâtiment religieux du chemin Sainte-Foy sur la liste des biens patrimoniaux, la ministre reconnaît formellement que «sa protection est d’intérêt public et favorise sa transmission aux générations futures». Cette désignation s’appuie sur un rapport d’expertise, qui démontre la très bonne tenue de la majorité des composantes structurales de l’église. Elle est également motivée par la recommandation favorable au classement formulée par le Conseil du patrimoine culturel du Québec.

Par ailleurs, une enveloppe de 4M$ est octroyée pour permettre la réalisation des travaux les plus urgents en vue d’une réouverture au public. Rappelons que le bâtiment ne reçoit plus de fidèles depuis plusieurs années, à la suite de l’affaissement de certains éléments de son parement de pierre. Soulignons aussi que le classement patrimonial s’applique aux éléments extérieurs du bâtiment ainsi qu’aux vitraux. La ministre Roy estime que cela offre de la flexibilité quant à un nouvel usage potentiel de l’immeuble.

Depuis 2019, le lieu de culte est clôturé et fermé au public en raison de la fragilité de son parement de pierre. Photo Métro Média – François Cattapan

«Je suis sensible aux défis auxquels font face les paroisses en regard de la préservation des bâtiments religieux. À titre de ministre de la Culture, insiste-t-elle, ma responsabilité est de protéger et de mettre en valeur notre culture, notre histoire et notre patrimoine bâti. Ces bâtiments anciens sont des parties intégrantes du paysage québécois. Le classement de l’église du Très-Saint-Sacrement se veut une étape essentielle pour encourager la mobilisation et la concertation du milieu qui permettra d’assurer son avenir.»

Accueil mitigé

Du côté de la Ville de Québec, la nouvelle est accueillie avec un mélange d’enthousiasme et d’inquiétude. La conseillère du district, Catherine Vallières-Roland, souhaite que «les travaux de sécurisation d’urgence débutent rapidement pour que le site reprenne vie et contribue à redynamiser les commerces de proximité». Du même coup, on s’interroge devant la multiplication des églises en quête de nouvelles vocations. «L’avis de classement pour assurer la pérennité d’un bâtiment n’est pas un aboutissement en soi. Il faudra de l’audace, de l’ingéniosité et la collaboration d’investisseurs privés et publics pour lui donner une seconde vie et assurer son entretien», souligne Mélissa Coulombe-Leduc, membre du comité exécutif responsable des dossiers patrimoniaux.

@R:Pour sa part, le comité SOS Saint-Sacrement se réjouit de la décision ministérielle. Un projet communautaire est élaboré pour occuper l’église et suggère même de libérer la paroisse du fardeau financier du bâtiment en le cédant pour une somme symbolique (1$). Voilà justement ce qui déçoit la fabrique Bienheureuse-Dina-Bélanger, désormais obligée d’investir dans un bâtiment excédentaire qui ne sert plus au culte. En effet, l’octroi de 4M$ par le ministère de la Culture suppose que le propriétaire injecte 20% de la somme. Cela représente près de 1M$ à la charge de la paroisse et du diocèse.

«Pour nous, cette décision redoutée est l’équivalent d’un vol permis par la loi. Désolé, mais je ne trouve pas de mots plus doux pour l’illustrer. Surtout, que nous avions une offre formelle d’achat de 7M$ en suspens depuis 2020. Le promoteur projetait le remplacement de l’église par un complexe de logements sociaux nécessaires dans le quartier et nous obtenions des fonds pour pérenniser nos autres actifs», déplore André Bernier, directeur général de la fabrique. Reste maintenant à l’organisme à analyser les documents du ministère de la Culture et à évaluer les options avec ses avocats.

Faits historiques sur l’église du Très-Saint-Sacrement

  • Cette église est représentative de l’architecture religieuse des premières décennies du XXe siècle par sa monumentalité et son style inspiré des lieux de culte médiévaux.
  • Elle est liée à l’histoire du quartier Saint-Sacrement et à la congrégation du Très-Saint-Sacrement. Les religieux de cette communauté s’établissent au Québec en 1890.
  • L’église qui ne sert plus au culte depuis 2019 contient notamment des vitraux fabriqués par le maître verrier Marius Plamondon entre 1953 et 1961.
Une affiche lumineuse indique laconiquement «église fermée – période indéterminée». Photo Métro Média François Cattapan

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