Exigences de lotissement décriées sur la route 138 à Saint-Augustin
MUNICIPAL. Le projet de règlement présenté par la Ville de Saint-Augustin en vue de modifier le plan de lotissement sur une portion sud de la route 138 (entre Jean-Juneau et Tessier) ne passe pas auprès des propriétaires visés. Leurs terrains se verraient limités à un usage résidentiel unifamilial isolé et contraints au respect d’une importante marge de recul avant de 20 mètres.
Le conseil municipal dit agir ainsi devant l’inquiétude de voir poindre des projets de construction trop près de la ligne de rue. Un propriétaire s’est montré déçu que sa démarche de subdivision, approuvée il y a cinq ans, se trouve subitement vaine et inutile. Il déplore la perte d’une vente de 120 000$, sur le point d’être notariée, en plus des frais de 12 000$ (arpentage et cadastre) engagés en pure perte.
«Saint-Augustin s’est classée 2e au palmarès provincial du bonheur. Ben moi, je ne suis pas heureux là. Mon excédent de terrain ne vaudra plus rien et on ne sera jamais capable d’y bâtir quoi que ce soit», a dénoncé le citoyen Cabral-Cruz lors d’une première assemblée du conseil municipal. Sa fille Alexandra est revenue à la charge en compagnie de plusieurs voisins lors d’une récente consultation publique.
«On ne comprend pas d’où vient cette décision, argue-t-elle, et on demande de revenir en arrière. Cette démarche par souci esthétique s’avère injustifiée, radicale et ne correspond pas à la recherche d’un juste milieu équitable. La Ville manque de transparence dans ce dossier qui semble préparer en catimini l’élargissement de la route 138 dans les espaces qu’elle se réserve.»
Le maire Sylvain Juneau a rétorqué qu’il n’y aura pas d’élargissement de la route 138. «La décision en ce sens a été prise par le conseil, a-t-il assuré. Nos actions se limiteront éventuellement à reconfigurer les intersections, pour tenter d’améliorer la fluidité du trafic. Le présent projet de règlement vise à uniformiser le développement et éviter que dans l’avenir des maisons se retrouvent trop près de la bordure de rue.»
Dans ses explications, M. Juneau a rappelé que «les portions de terrain visées restent à leur propriétaire et gardent leur valeur. On ne peut y bâtir, mais il est possible d’y aménager des plates-bandes et d’y planter des arbres». À son avis, il y a nécessité de moderniser la règle de lotissement, pour obliger un futur acheteur désireux d’agrandir ou de rebâtir à respecter le 20 mètres de distance de la bordure de rue.
«C’est une question d’harmonie, pour éviter des erreurs commises dans le passé», a ajouté le conseiller municipal Marcel Desroches. Sa collègue Annie Godbout a reconnu toutefois «qu’il a été bien illustré que la pénalité s’avère importante pour les propriétaires touchés et que la marge de recul avant à 20 mètres en bordure de la route 138 peut sembler un peu large par rapport aux autres constructions existantes».
Le dossier n’est pas encore clos, puisque les gens peuvent toujours signer une requête demandant l’ouverture d’un registre. S’il y a assez de gens qui manifestent leur intérêt, alors il pourra y avoir un référendum pour les résidents de la zone concernée. En fonction du résultat, il demeure possible de renverser la décision du conseil municipal.
Parc industriel phase III
L’existence d’un avis de réserve qui gèle la valeur des terrains sur une autre portion de la route 138, enclavée par l’autoroute 40 et le chemin du Lac, a récemment refait surface. La problématique faisait écho à une décision similaire prise par la Ville de Sainte-Brigitte-de-Laval pour implanter un parc industriel. En entrevue, le maire de Saint-Augustin s’est fait rassurant sur le fait que l’avis biennal renouvelé une fois venait à échéance en juin 2020. Il a aussi insisté sur le fait que la Ville privilégiera la négociation et que la loi prévoit que personne ne peut être exproprié à perte.
«Après un répit obligatoire de deux ans, on peut revenir à la charge pour encore deux autres années. Cependant, il n’y a rien sur le radar pour les prochains mois. Le délai est trop court, car les procédures s’avèrent complexes auprès de l’Agglomération, puis de la Communauté métropolitaine et éventuellement à la Commission de protection du territoire agricole. Les gens peuvent dormir tranquilles. Par contre, à moyen et long termes, la phase II du parc industriel François-Leclerc affiche presque complet et il est assez logique de penser que la phase III ira de ce côté-là», a indiqué M. Juneau.
Québec Hebdo