Comment célébrer la journée mondiale des toilettes?
INSOLITE. Comme tous les jours, le 19 novembre, les Québécois iront de six à huit fois à la toilette. Ils y passeront chaque fois environ deux minutes, et auront utilisé 57 feuilles de papier hygiénique à la fin de la journée.
Depuis 2001, toutefois, le 19 novembre n’est plus une journée ordinaire. Déclarée «journée mondiale des toilettes» par l’ONU, elle vise notamment à offrir un accès universel au trône d’ici 2030.
«Ici c’est facile. On fait notre besogne, on tire la chasse d’eau, ça part, et on n’a plus à s’en soucier, explique l’étudiante au doctorat en génie des eaux de l’Université Laval, Catherine Bourgault. On est au chaud et à l’abri des maladies, mais ce n’est pas partout comme ça.»
Ce sont 2,4 milliards d’individus à travers le monde qui vivent encore sans toilette, selon un chiffre de l’ONU. C’est un peu moins du tiers de la population mondiale.
Situation préoccupante, surtout quand on apprend qu’il y a plus d’enfants qui meurent de la diarrhée dans les pays en voie de développement que du sida, de la malaria et de la rougeole, les trois maladies combinées.
Alors, comment célébrer?
Au Québec, tous ces moments passés sur la cuvette sont tabous, privés et secrets, soutient Catherine Bourgault. «On doit se rendre compte de la chance qu’on a d’avoir un tel système d’assainissement, mais aussi changer nos mentalités. On doit aimer et parler de notre toilette. On doit réaliser que la toilette sauve nos vies.»
Statistiquement, un être humain passera trois années complètes de sa vie aux toilettes. Mieux vaut donc l’aimer! Il existe toutefois des solutions pour améliorer le système québécois, a détaillé l’étudiante.
Il pourrait être possible, par exemple, de séparer l’urine des excréments, pour récupérer le phosphore et le potassium présents dans l’urine, notamment, ou encore de décentraliser le système d’assainissement pour permettre à chacun de traiter et de récupérer ses propres défécations.
«On ne libère pas des déchets, mais des ressources» rappelle la doctorante.
Celle-ci croit également entrevoir l’ouverture d’une fenêtre d’opportunité dans les dernières années avec, entre autres, le déversement récent de 4,9 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. L’événement, baptisé «Flushgate», a ouvert les yeux des Québécois sur une gestion trop centralisée du traitement des eaux, qui fait converger en un seul point toute l’eau usée à Montréal, croit Catherine Bourgault.
Malgré tout, trop peu de personnes s’intéressent à ce qui se passe après avoir tiré la chasse. «Alors, aimons notre toilette», a-t-elle répété, une fois de plus, car dans certains pays, la situation est réellement une urgence.