Marie-Ève Croteau: le parcours de la combattante
DOSSIER. Les Jeux olympiques fascinaient déjà Marie-Ève Croteau à l’adolescence, alors qu’elle était abonnée aux Jeux du Québec en softball. La myélite qui s’est attaquée à sa moelle épinière en 2010 aura peut-être modifié sa trajectoire, mais pas ses objectifs. La voilà donc, six ans et bien des revers plus tard, prête à enfourcher son vélo pour les Paralympiques de Rio.
«La malchance a fait en sorte que son rêve a pu se réaliser», analyse aujourd’hui sa mère. Une mère fière de sa fille – «elle a toujours été une battante» –, au point de préférer être présentée ici comme «la mère de Marie-Ève». Un privilège que revendiquera aussi son père, qui parle avec ardeur de son courage, de sa persévérance, de sa détermination.
Ils étaient là, aux Paralympiques de Londres, en 2012, quand Marie-Ève a dû déclarer forfait le matin même de sa compétition, en raison d’une commotion cérébrale subie quelque temps auparavant. «C’était dur. Oui, c’était dur», admettent-ils de concert. Le souvenir semble aussi cuisant qu’hier. «Tu voyais la tristesse dans son visage.»
Le beau côté de la médaille
La déception était grande après une année de succès, où chaque podium sur les scènes québécoise, canadienne et mondiale avait mis un certain baume sur les plaies de 2010. Les séquelles de la commotion cérébrale auront pu rappeler les premiers mois suivant la myélite, un épisode «pas facile», bien ancré dans la mémoire des parents. Pour la deuxième fois en trois ans, l’athlète de Charlesbourg s’est retrouvée dans un centre de réadaptation pour réapprendre à marcher.
Là encore, mère et père étaient là. «On est toujours derrière elle», lance celui-ci, «dans les beaux moments qu’elle nous fait vivre comme dans les moins beaux», ajoutera celle-là. Les deux ont quelque chose à voir dans l’optimisme acharné de leur fille. «Il y a deux côtés à une médaille, avec un côté toujours plus beau», récite Mme Croteau, qui tient l’adage de sa propre mère.
En route vers les Paralympiques
Les Jeux paralympiques de Rio, ça risque fort de faire partie des beaux moments. Son père anticipe déjà le moment où il ira la reconduire à l’aéroport: «Ma fille ne m’appartiendra plus, elle va appartenir au paracyclisme.» Un monde où Marie-Ève est bien encadrée, avec toute une équipe de professionnels autour d’elle – une «belle grosse famille solidaire», se réjouit sa mère, qui ne manquera pas pour autant de lui transmettre plans et infos qu’elle aura collectés sur Rio. «Mère poule un jour, mère poule toujours!»
Alors que des questions de santé pourraient les empêcher d’être aux côtés de leur fille, qu’est-ce qu’ils lui souhaitent au Brésil? «Un podium – un petit fera l’affaire, ce n’est pas nécessaire que ce soit un gros!» conclut sans hésiter M. Croteau.
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