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Le témoignage bouleversant de Carole Grenon

«COUPABLE… le loup voleur d’âmes» est le témoignage poignant de Carole Grenon, victime d’une agression sexuelle. C’est en toute intimité qu’elle raconte, d’une voix posée, le jour où sa vie a basculé, sa descente aux enfers et la force qu’il lui a fallu pour s’en sortir et reprendre goût à la vie.

«Je suis née avec un handicap visuel, ce qui a fait de moi une personne très solitaire durant mon enfance. Malgré cela, j’ai été scolarisée dans une école normale et j’ai réussi à m’épanouir comme tout le monde», explique d’emblée Carole Grenon.

Elle quitte sa ville natale, Saint-Ubalde, pour s’installer à Québec. Elle a 18 ans.

19 ans et toute la vie devant soi

La vie de Carole Grenon bascule le 5 juin 1989 lorsqu’elle se rend à l’hôpital de l’Enfant-Jésus pour un rendez-vous avec un dermatologue afin d’effectuer des tests d’allergies. Elle est âgée de 19 ans et a toute la vie devant elle.

«Les tests d’allergie se sont déroulés normalement. Mais quand il m’a montré les résultats, il m’a touché un sein sous la jaquette. Et là, il a demandé à mon copain de sortir de la pièce. On était jeune, on pensait que c’était normal», raconte-t-elle la voix tremblante.

Le dermatologue la questionne sur ses problèmes de santé et procède par la suite à un examen gynécologique. «Je lui ai dit que j’avais déjà un gynécologue, mais il ne m’a pas écouté. Ce n’était pas un examen conventionnel», décrit-elle les yeux remplis de larmes.

Carole Grenon quittera l’hôpital sans rien dire, à personne. Quelques semaines plus tard, elle se confiera à son ami. «Je ne voulais pas lui dire car j’avais peur qu’il soit fâché contre moi, qu’il ne veuille plus de moi. Mais c’était tout le contraire. Je n’ai pas porté plainte à ce moment, car je me disais que moi contre un médecin, personne ne me croirait», explique-t-elle.

Au fil des pages, cette résidente de Saint-Sauveur raconte son agression, sa descente aux enfers et les séquelles de son agression. Elle dévoile les procédures judiciaires et les divers ateliers auxquels elle a participé pour reprendre confiance en elle. «Je voulais m’en sortir, c’était vital. Ce qui m’a vraiment aidée, c’est de porter plainte. Cela m’a libérée. Je n’étais pas la fautive, mais la victime. Il y aura toujours une cicatrice en moi, mais aujourd’hui, je suis capable d’en parler et de vivre avec», confie-t-elle.

27 victimes, 1 coupable

«J’ai décidé de parler quand je l’ai vu à la télévision lorsqu’il s’est fait arrêter. Je me devais d’aider les 14 patientes qui avaient déjà parlé et de prouver que tout était vrai», dit-elle.

À l’ouverture du procès, 27 victimes avaient porté plainte contre ce dermatologue. Au fil de la procédure judiciaire, d’autres patientes se sont manifestées. Il a été reconnu coupable le 12 avril 2006. Les victimes ne connaîtront jamais la peine que le médecin aurait encourue pour ses actes, il s’est suicidé quelques jours après l’annonce de sa culpabilité. «J’aurais aimé qu’il aille en prison. J’aurai aimé lui expliquer le mal qu’il m’a fait. C’était une vengeance personnelle», regrette-t-elle.

Le pardon

Carole Grenon a pardonné son agresseur. «Je me dis qu’il n’était pas sain d’esprit, mais je n’excuse pas ses gestes. J’ai fait la paix avec mon passé et avec lui. Ne plus être en colère aide à la guérison», observe-t-elle.

Cette mère de deux garçons a des projets pleins la tête. Elle a repris ses études en décembre 2010 et espère intégrer le cégep pour étudier dans le domaine des arts et des lettres. À 44 ans, elle poursuit l’écriture avec un roman, basé sur des faits réels, traitant des prédateurs sexuels sur Internet.

Elle a également le projet d’écrire un livre sur les personnes malvoyantes.

«COUPABLE… le loup voleur d’âmes», aux éditions Pranar, est disponible chez les Renaud Bray de la région et la librairie Pantoute. Tarif : 20 $. Information au www.carolegrenon.ca.

Le Québec Express, membre du Groupe Québec Hebdo

Carole Grenon vient de publier «COUPABLE… le loup voleur d’âmes». À travers ce livre, elle dévoile son agression sexuelle commise par un dermatologue. «Je veux aider d’autres femmes avec ce livre. Je veux qu’elles comprennent que l’on peut s’en sortir. Elles ne sont pas seules», témoigne-t-elle.

(Photo Isabelle Le Maléfan)

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