Sur un terrain de football, Jean-Philippe Bolduc ne fait pas de quartier à ses adversaires. En dehors de celui-ci, l’homme de 27 ans dévore les bouquins, s’implique dans la communauté, en plus d’être un excellent ambassadeur pour son alma mater, le Rouge et Or de l’Université Laval.
Photo TC Media – Charles Lalande
Sa passion pour la lecture remonte à sa tendre enfance. Cet ancien élève du Collège Bourget, à Montréal, était pensionnaire au secondaire à une époque où les jeux vidéo et les ordinateurs n’étaient guère ancrés dans le quotidien des adolescents.
«Le soir, quand tu rentrais dans ta chambre, il n’y avait pas grand-chose à faire, alors j’ai commencé à lire, explique-t-il, précisant que son père et grand-père sont eux-aussi de grands lecteurs. Le soir, avant de m’endormir, je ne sors pas mon iPad ou mon iPhone, je lis une vingtaine de minutes, ça me fait du bien.»
Lors d’une saison, les moments de répit se font rares entre les pratiques, les matchs, les entraînements en gymnase, les séances vidéo et l’apprentissage du livre de jeux, de sorte qu’il a moins de temps pour se plonger le nez dans sa lecture du moment. Les voyages sur la route, en train ou en avion, sont toujours de bons moments pour lire.
Questionné à savoir quels étaient les ouvrages les plus marquants, Jean-Philippe Bolduc hésite quelques secondes, avant de répondre : «J’ai serré la main du diable, de Roméo Dallaire, qui raconte les horreurs du génocide au Rwanda, et aussi, en tant que fier québécois, la biographie de Georges St-Pierre.»
Gradué de l’Université Laval en 2015 et actif depuis deux ans avec le Rouge et Noir d’Ottawa, formation de la Ligue canadienne de football (LCF), Bolduc a la chance de côtoyer sur une base presque quotidienne un coéquipier – et un ami de longue date – qui partage la même passion. Il s’agit d’Arnaud Gascon-Nadon, fils de Guy Nadon et de Nathalie Gascon, deux acteurs reconnus pour leur richesse intellectuelle.
Les deux footballeurs se sont connus en 2008, et ne se sont jamais lâchés depuis. Ils ont eu la chance de jouer une saison ensemble à l’université avant de se retrouver dans la capitale fédérale.
«C’est le sport qui m’a permis de rencontrer Arnaud, mais c’est la lecture qui a grandement contribué à solidifier nos liens. Régulièrement, nous avons de belles discussions sur une panoplie de sujets en plus d’échanger beaucoup de livres.»
Photo TC Media – Charles Lalande
Laval
Fier porte-couleurs du Rouge et Or de 2012 à 2015, Bolduc n’a pas oublié d’où il vient. Encore aujourd’hui, il continue de suivre le programme avec fierté et intérêt.
En novembre dernier, les hommes de Glen Constantin se sont inclinés en finale canadienne face aux Mustangs de l’Université Western. «J’étais déçu pour les joueurs finissants qui terminaient leur stage universitaire, et même leur carrière pour certains, sur une défaite. […] Le résultat final a fait plaisir à beaucoup de gens. J’ai lu des commentaires sur Twitter à l’effet que le Rouge et Or était de moins en moins fort. Quel autre programme a une fiche de 9 victoires et deux défaites à la Coupe Vanier? Ne vous inquiétez pas, Laval va revenir!»
À l’aube du repêchage de la LCF qui aura lieu le 7 mai, Jean-Philippe Bolduc a-t-il l’intention de recommander l’un de ses anciens coéquipiers à ses patrons? «Je suis très proche de Marco Dubois [receveur], une personne qui a grandi dans l’ombre au cours des dernières années. Dans sa préparation pour le repêchage, j’ai répondu à quelques-unes de ses questions. Il était très bien préparé pour les tests physiques et il a performé.»
Photo TC Media – Charles Lalande
«Rendu en huitième ronde, quand une équipe ne sait plus trop qui sélectionner, je lui conseille de prendre un gars de l’Université Laval parce qu’il a été traité comme un homme et que le programme d’excellence aura fait de lui une meilleure personne et un meilleur joueur de football.»
Heureux, Bolduc s’enracine à Ottawa
Repêché par les Stampeders de Calgary en 2016, Jean-Philippe Bolduc a rapidement été libéré après deux matchs hors-concours. «Je n’ai même pas été payé par Calgary (rires)». Rapidement, le Rouge et Noir d’Ottawa lui a fait confiance.
Après deux saisons de loyaux services et une conquête de la Coupe Grey, Bolduc a accepté, au mois de décembre, une prolongation de contrat de deux autres saisons. Le principal intéressé ne se voyait pas ailleurs.
«L’argent, c’est une chose, mais être heureux, c’est beaucoup plus important. J’ai encore quelques années de football à offrir, et idéalement, j’aimerais les donner au Rouge et Noir. Si tu m’avais dit il y a quelques années, que moi, le gars de Montréal, allait être heureux à Ottawa, je ne t’aurais pas cru! Aujourd’hui, j’habite là-bas à l’année et je m’implique dans la communauté», dit celui qui est entraîneur au sport-études à la polyvalente Nicolas-Gatineau.
Son ancien coéquipier, Moton Hopkins, fraîchement retraité, a la cause très à cœur étant donné qu’il a un frère autiste. En collaboration avec Autisme Ontario, Hopkins sollicite quelques camarades, dont Bolduc, pour faire bouger les enfants autistes chaque mardi.
Un rôle qui le satisfait
L’an dernier, en 17 joutes, il a réalisé 14 plaqués sur les unités spéciales. Lors des pratiques, il fait plusieurs répétitions en défensive au poste de secondeur hybride. Bien entendu, il aimerait en faire de même lors des situations de match, mais son rôle sur les unités spéciales le comble parfaitement.
«En étant utilisé sur quatre phases de jeu, je suis satisfait de mon statut et du temps de jeu qui m’est accordé.