PARAKAYAK. La présente saison s’annonçait déterminante pour Christian Maranda en prévision des Jeux de Rio de 2016. Sa discipline, le parakayak, allait faire son entrée dans l’arène paralympique, et ses performances des dernières années lui permettaient de croire qu’il représenterait le Canada. C’était avant de se faire dire par la Fédération internationale de canoë (FIC) qu’il n’avait pas les «bons handicaps», selon le nouveau système de classification en vigueur.
«Quelqu’un qui n’aurait pas de bras ne serait pas assez handicapé», résume ironiquement Christian Maranda à propos de la restructuration du classement des handicaps officialisée par la FIC en début d’année. C’est-à-dire que le nouveau système ne prend désormais en considération que les limitations au tronc et aux jambes.
Or Christian Maranda a «des problèmes un peu partout». Perte de fonctionnalité dans les doigts et perte de muscle dans l’avant-bras, essentiellement, mais faiblesse aussi aux membres inférieurs. Des séquelles de l’explosion d’une mine en Afghanistan où, en 2009, il était déployé avec le Royal 22e Régiment. «Si j’avais su, j’aurais essayé d’être blessé autrement…», laisse-t-il tomber entre le rire et le sarcasme.
Dernier arrêt avant le fil d’arrivée
L’athlète de Charlesbourg n’avait pas moins commencé l’entraînement comme à l’habitude, s’offrant même quelques semaines en Floride en attendant que le printemps s’installe par ici. «J’espérais avoir mal lu les documents…» Mais ses doutes se confirment lorsqu’il se soumet à l’évaluation de classement en juin, à Ottawa. Il range sa pagaie.
Certes, ces nouvelles mesures ne l’excluent que de la scène internationale; Christian Maranda pourrait continuer de s’illustrer aux compétitions nationales. Sauf que celui qui envisageait les Olympiques comme le chant du cygne de sa carrière d’athlète n’en voit pas l’intérêt. «J’ai fait le trajet, mais je ne serai pas arrivé à destination», dira-t-il à regret.
De nouveaux défis
Déçu, triste, oui, clairement. Sans doute aussi fâché. «C’est beaucoup d’investissement en temps, en effort et en argent.» Mais lui qui a mené d’autres combats n’oublie pas de rire. Et de se rappeler: «C’est un sport qui m’a beaucoup aidé.» Au terme de sa douloureuse convalescence après l’Afghanistan, la découverte du parakayak a agi comme bouée de sauvetage.
Quelque quatre ans plus tard, voilà qu’il doit de nouveau changer ses plans. Dans l’immédiat, il troque une chose qu’il adorait par une autre qu’il aime au moins autant: «Je passais une bonne partie de mes journées sur l’eau; je me suis engagé à passer plus de temps en famille à la maison.»
Avec la fin prochaine de son contrat avec les Forces armées canadiennes en 2016, Christian Maranda évalue de quoi se composeront ses nouveaux défis. Pour l’heure, il regarde plus du côté des études que des engagements sportifs, du moins au niveau compétitif. «Pour l’instant, si je touche encore au kayak, ça sera pour entraîner les plus jeunes, peut-être au club de Lac-Beauport. Ce serait une belle façon de projeter ce que j’ai appris.»
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Québec Hebdo