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Changer de corps et de vie

À la fin de la vingtaine, David Fortin mangeait ses émotions et ne faisait aucune activité physique, consacrant ses temps libres aux jeux vidéo. Dans son corps d’obèse morbide pesant «environ 450 lb», se cachait un homme malheureux et isolé. Puis, il a décidé que c’était assez. 

À gauche, un rare sourire de David Fortin en 2010. À droite, un homme heureux, 200 lb plus léger

Photos – David Fortin et Charles Lalande

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est un parfait inconnu qui a provoqué en lui le désir de changer: «Je suis tombé sur une photo d’un homme, d’environ 60 ans, qui pesait 900 lb. Immédiatement, je me suis mis à pleurer. C’était carrément moi dans 40 ans que je venais de voir.»

Aussitôt, l’homme maintenant âgé de 35 ans s’est mis à faire des recherches. Il a pensé à la chirurgie bariatrique, mais il n’a rien voulu savoir d’une «solution facile qui aurait des conséquences à long terme».

Noël 2013 chez les Fortin, la transformation avait commencé l’année précédente.

Photo fournie par David Fortin

Pendant un an, David a changé son alimentation, cessant de boire deux litres de boisson gazeuse par jour, de manger fréquemment dans les fast-foods et de s’empiffrer de multiples collations. De cette façon, il a perdu une centaine de lb, faisant osciller la balance à 333 lb. «Ce fut encourageant, mais j’étais toujours malheureux à l’intérieur», se rappelle-t-il.

Gymnase

Il se rend donc dans un centre de conditionnement physique pour une énième fois, se promettant que cette fois-ci sera la bonne. Précédemment, il voyait cela comme une perte d’argent étant donné que son taux de présence était rare ou inexistant.

L’entraîneuse Mélanie Payette se rappelle encore de sa première rencontre avec une personne à qui elle s’est rapidement attachée. «Nous n’étions pas capable de prendre sa pression artérielle puisque le brassard était trop petit pour son bras. Nous l’avons donc prise manuellement. David faisait de l’hypertension, alors il ne pouvait pas s’entraîner : il allait carrément péter au frette», illustre-t-elle.

Avant de commencer l’entraînement, il devait prendre des pilules pendant trois mois pour diminuer sa pression. «J’ai pris ça comme un pas de recul, voire un coup de poing en plein visage, mais je l’ai accepté. J’avais perdu une décennie de ma vie, alors il n’était pas question de perdre du temps.»

Une forte relation

En deux mois, les regards dirigés vers lui ont complètement changé. Au départ, on le dévisageait avec un peu de «dédain». Ensuite, on parlait de lui comme un modèle à suivre.

Mélanie Payette veille sur son ami pendant un entraînement au gymnase de Sainte-Foy.

Photo Métro Média – Charles Lalande

C’est l’entraîneuse Caroline Clément qui l’a initié au gymnase pendant un peu moins d’un an avant de changer de carrière. Coach Payette a donc pris la relève.

«David était un ami avant d’être un client. Caroline lui a donné une bonne base d’entraînement et une structure alimentaire restrictive, mais il était un peu à bout malgré une fulgurante perte de poids.»

La mission de Mme Payette était donc de lui faire aimer l’entraînement. Pour s’y faire, elle a cessé de focaliser sur son poids puisque cela devenait une obsession.

Pesant aujourd’hui 270 lb, David Fortin s’entraîne à trois reprises par semaine au Gym Le Chalet de Sainte-Foy, en plus de courir une fois dans le club de course de son amie. Sa transformation dépasse largement le physique. «Le gymnase m’a permis de sortir de ma carapace, de me faire des amis et même de me découvrir un sens de l’humour», lance-t-il avec un grand sourire.    

David Fortin, en 2009. Aujourd’hui, il admet être soulagé de ne pas avoir développé de diabète ou de maladies chroniques.

Photo fournie par David Fortin

Un combat

Néanmoins, des défis se dressent toujours devant lui: la motivation et l’alimentation. «L’an dernier, j’ai eu une rechute. J’ai pris 100 lb [passant de 220 à 320 lb]. J’étais moins motivé à venir m’entraîner et j’ai recommencé à manger mes émotions.»

«David, je le connais tellement bien. Il a parfois des gros up et des gros down, alors il faut le ramener, mais on forme une bonne équipe. La clé, c’est de ne pas le perdre», dit-elle en regardant son protégé.

«L’important, c’est de trouver un équilibre. Je ne mange plus de fast-foods, mais j’ai le droit de me gâter de temps en temps sans me sentir mal ou sans tomber dans l’excès.»

David Fortin n’a pas seulement perdu 180 lb. Il a gagné une bonne dose de confiance et Mélanie Payette, une entraîneuse et une amie en or. 

La relation entre Mélanie Payette et David Fortin dépasse largement le cadre entraîneuse-client

Photo Métro Média – Charles Lalande

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