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Des combats sans merci

SPORT EXTRÊME. Par la mince fente de leurs casques, ils s’étudient d’un bout à l’autre de la lice. Le signal donné, ils avancent lentement, fourbissant leurs épées, leurs haches, leurs masses. Ils sont là pour mettre l’ennemi à terre. En moins d’une minute, la Nouvelle-Zélande rend les armes. Québec a gagné le combat.

L’Ost, l’équipe du Québec, l’a emporté contre la France, le pays de Galles et la Nouvelle-Zélande avant de s’incliner en quart de finale contre la Pologne, à qui est allée la victoire de cette compétition internationale de combat historique médiéval. Au tournant du mois de mai, sur le site du château médiéval de Malbork (Pologne), 26 pays s’y sont affrontés en duels ou en combats de groupe.

Yan Vézina, membre de la délégation québécoise et du club Wakinyan de Saint-Augustin-de-Desmaures, qualifie l’expérience d’inoubliable. D’emblée il insistera: le sport qu’il pratique depuis presque un an n’a rien à voir avec les jeux de grandeur nature ou les simulations de bataille historique. À l’exception de quelques coups interdits, «ça y va à fond mon Léon! On n’a aucune retenue.»

Cela, le Charlesbourgeois l’a expérimenté dès sa première compétition, à l’hiver. Le hasard a voulu que Yan Vézina affronte d’entrée de jeu le champion mondial à l’arme d’hast. «Je me suis fait dévisser la tête!», rapporte-t-il dans un rire.

«Ça fait rarement mal», s’empressera-t-il toutefois de préciser. Certes, commotions ou coupures font partie des risques encourus mais, comme Yan Vézina, on ne peut aimer se batailler sans accepter d’en recevoir «des sincères». Pour le reste, l’équipement et les règles garantissent une certaine sécurité. Le combattant mentionnera néanmoins, sourire aux lèvres, qu’il travaille comme préposé à l’urgence de L’Enfant-Jésus, avec les ressources à portée de main, au besoin.

Stratégies de combat

Chose certaine, l’athlète a la stature pour encaisser les assauts. En Pologne, aux combats 5 contre 5, celui qui est fort sur ses jambes a agi comme «bouclier» pour le capitaine. «De toute façon, mon armure est tellement lourde, je n’ai pas beaucoup de mobilité», dira-t-il en distinguant ceux qui assument plutôt un rôle de runners dans les combats de groupe. Ceux-là se sauvent des estocades pour mieux frapper par derrière. Déloyal? Pas quand tous les coups sont permis, ou presque.

Et il y a les autres, aussi, qui sont des one shot kill: «Un seul coup qui te fera mettre ton genou à terre pour capituler», résume-t-il. Avec toutes ces forces en puissance qui agissent suivant une certaine stratégie, une manche qui dure huit minutes selon les règlements s’expédie souvent en moins de 60 secondes, indique Yan Vézina.

Après, celui qui voulait te tuer d’un coup de hache t’invite à prendre une bière. «Sur le terrain, on est des ennemis, mais dès que c’est fini, on se sert la main et le monde est super fin!», s’exclame le membre du club de Saint-Augustin en terminant.

Un peu de vocabulaire

Lice

Espace entouré de palissades où ont lieu les combats

Arme d’hast

Composée d’une lame ou d’une pointe métallique fixée au bout d’un long manche

Ost

Désignait à l’époque féodale l’armée en campagne et le service militaire que les vassaux devaient à leur suzerain

Coup d’estoc

Attaque à la pointe de l’épée

Béhourd

Combat d’équipe, 5 contre 5 ou 16 contre 16

Québec Hebdo

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