L’anxiété est une émotion normale que tout le monde ressent à différents moments et à différentes intensités. À la base, l’anxiété sert à nous protéger des dangers. Elle sert aussi à nous adapter aux défis de la vie quotidienne et aux incertitudes qui se présentent inévitablement sur notre chemin. Toutefois, l’anxiété peut devenir problématique lorsqu’elle est intense ou excessive, lorsqu’elle perdure ou lorsqu’elle perturbe notre fonctionnement, notre qualité de vie ou notre bien-être.
L’anxiété se manifeste de trois façons:
1-Par les sensations physiques. Par exemple: palpitations cardiaques, mains moites, jambes molles, sensations d’oppression dans la poitrine, impression de manquer d’air ou de s’hyperventiler, impression de perdre le contrôle ou de devenir fou.
2-Par les pensées. « Les études montrent que les personnes plus anxieuses manifestent des pensées négatives ou catastrophiques ou encore, surestime la probabilité d’apparition d’un événement négatif. Certaines d’entre elles peuvent aussi avoir de la difficulté à composer avec l’incertitude», expose Isabelle Denis, psychologue et professeure à l’École de psychologie de l’Université Laval.
3- Par les comportements d’évitement ou de réassurance.
«En effet, une personne plus anxieuse va prendre un ou des moyens pour faire diminuer rapidement son anxiété puisque c’est une émotion qui n’est pas très agréable à vivre, bien qu’elle ne soit pas dangereuse. Par exemple, si la personne a peur d’être malade dans le métro, elle va peut-être éviter de le prendre, ce qui va à faire diminuer son anxiété à court terme. Toutefois, à long terme, l’évitement contribue à maintenir, voire même exacerber l’anxiété, car la personne n’a pas la chance d’aller observer comment cela se passe réellement dans la situation. Donc, son cerveau continue de croire que sa pensée est réelle, qu’elle représente la réalité», ajoute la psychologue.
Ainsi, pour mieux gérer l’anxiété, parce qu’on ne peut pas l’enrayer, il faut travailler sur ces trois composantes à la fois, soit les sensations physiques, les pensées et les comportements. «L’idée est d’abord de mieux se comprendre: comment se manifeste notre anxiété? Quelles sensations physiques se présentent dans quelles situations? Qu’est-ce que je me dis dans ma tête quand je suis anxieux, bref qu’elles sont les pensées négatives ou catastrophiques que j’entretiens?», expose Isabelle Denis.
De plus, il faut reconnaitre ses comportements d’évitement. «Par exemple, est-ce que je tente de fuir ou d’éviter des situations, des pensées, des lieux, des personnes? Est-ce que je dois souvent être accompagné lorsque je sors de chez moi? Est-ce que je cherche souvent de la réassurance en questionnant les autres ou sur Internet quand je m’inquiète? Une fois ces prises de conscience faites, on peut tenter de mieux gérer nos sensations physiques avec l’activité physique, le yoga, la méditation, la relaxation ou la respiration. On peut aussi questionner nos pensées pour voir si elles représentent bien la réalité en se posant des questions comme : est-ce que c’est vraiment cela qui risque de se passer? Quelles sont les chances que cela arrive? Qu’est-ce que je dirais à un ami qui envisage la situation comme moi? Enfin, il faut éviter le plus possible d’éviter ce que l’on craint», conseille la psychologue et professeure.
Toutefois, tout cela peut paraitre plus facile à dire qu’à faire et il ne faut pas hésiter à se faire accompagner dans ces changements difficiles par un professionnel de la santé mentale, comme un médecin ou un psychologue. À ce jour, les études montent que la thérapie cognitivo-comportementale est le traitement psychologique le plus efficace pour les problèmes d’anxiété que l’on appelle troubles anxieux. Ses objectifs sont, notamment, de travailler sur les sensations physiques, les pensées et les comportements qui contribuent à maintenir ou aggraver l’anxiété. «Il est très important de s’occuper de l’anxiété si elle est intense, persistante, et si elle nous nuit d’une quelconque façon puisque sinon, elle risque fortement de s’aggraver et d’entrainer d’autres conséquences comme une dépression», ajoute en terminant la psychologue.
Une personne plus anxieuse va prendre un ou des moyens pour faire diminuer rapidement son anxiété puisque c’est une émotion qui n’est pas très agréable à vivre, bien qu’elle ne soit pas dangereuse.
Isabelle Denis, psychologue et professeure
L’expérience avec l’anxiété de Mélissa
Mélissa Roy, qui a créé un groupe Facebook sur le sujet, a souffert elle-même de toutes les conséquences de l’anxiété sur sa propre vie, avant de trouver des pistes pour mieux gérer ses émotions.
«Quand tu commences ta journée en étant stressée et anxieuse que tu te lèves le matin avec une boule dans le ventre, en ayant l’impression que la vie est une montagne de problèmes et que tu as le sentiment de ne pas être à la hauteur, cela peut devenir insupportable», se rappelle Mélissa Roy qui en est venue à la dépression à un certain moment de sa vie.
«On se met à penser à comment les choses pourraient mal se passer, on se fait des scénarios catastrophe, on se projette dans le temps. On se dit: que va-t-il arriver si…? Et à partir de là tout bascule et s’emballe. On ressent de la peur, ce qui active la réponse de stress dans notre corps», explique-t-elle.
Pour reprendre le contrôle, Mélissa Roy propose différentes stratégies qui l’ont aidée elle.
- Décider de prendre soin de soi dès les premiers signes au lieu d’attendre d’être en détresse.
- Développer des pratiques de pleine conscience, en portant notre attention sur le moment présent et ce qui se passe à l’intérieur de soi afin de s’aider à réaliser que la crise elle est dans notre tête. «On peut se mettre une alarme quelques fois par jour sur notre cellulaire et vérifier chaque fois 3 choses : quelles sont mes pensées? Mes émotions? Mes sensations physiques? Ça permet de mieux identifier où on en est et nos besoins du moment.»
- Reprendre le contrôle de nos pensées. «On a en moyenne 60 000 pensées par jour dont 80% sont répétitives et/ou négatives. Si on ne peut pas contrôler notre première pensée d’inquiétude, on peut, en en prenant conscience, contrôler la suivante. Parce que si on ne le fait pas, dès la première pensée négative on part dans notre tête et on la suit là ou elle nous amène. »
- Se poser la question : est-ce que je suis présentement en mode problème ou en mode solution? Est-ce que je suis en train de me faire un film du pire scénario ou est-ce que je suis en train d’utiliser mon imagination pour faire un choix plus aidant et trouver des solutions?
- Reporter à un autre moment la réflexion sur un sujet anxiogène et se permettre de ne pas y penser jusque-là. Ensuite, évaluer objectivement si c’est un problème réel ou un problème inventé.
- Se détacher de nos pensées. «Nos pensées ne sont pas nécessairement des vérités. Je ne suis pas mes pensées, j’ai des pensées, ce n’est pas mon identité.»
L’idée c’est de petit à petit, prendre conscience de nos chemins mentaux qui nous mènent vers l’anxiété, de les arrêter un moment, et de trouver des affirmations positives qui vont nous aider à reprendre contact avec des émotions plus positives.
Le groupe Facebook de Mélissa : En paix avec mon stress et mon anxiété https://www.facebook.com/groups/820376769156721
On croit que s’imaginer le pire c’est se préparer, mais ce n’est pas le cas. Imaginer le pire c’est juste se faire peur dans le présent et ça ne règle absolument rien.
Mélissa Roy