Beauport–Sainte-Brigitte-de-Laval

L’itinérance observée à Beauport

Des signes que l’itinérance sort du centre-ville ont été observés dans les dernières années à Beauport. Si bien qu’une table de concertation en matière d’itinérance et d’errance à Beauport a été mise sur pied et qu’une étude pour documenter le phénomène a été commandée par des organismes locaux.

Les signes observés vont d’une augmentation de demandes de service chez divers organismes locaux à une augmentation des campements de fortune. «Il y a cinq à huit ans, on a commencé à voir une émergence de personnes en situation d’itinérance visible à Beauport. Au fil du temps, les besoins exprimés se sont mis à être plus nombreux. Les autres organismes de Beauport nous sollicitaient de plus en plus parce qu’eux aussi côtoyaient des gens plus vulnérables qui venaient cogner à leur porte», explique la directrice générale de TRIP jeunesse Beauport, Karine Lessard.

Le réflexe d’appeler cet organisme effectuant du travail de rue auprès des jeunes de moins de 30 ans est légitime. Il n’y a pas de ressources en matière d’itinérance à Beauport, fait remarquer Mme Lessard. C’est ainsi que l’idée de réunir l’ensemble des intervenants interpellé par cet enjeu est arrivée. La Table de concertation itinérance errance Beauport (TCIEB) est ainsi née il y a deux ans. «Dans une vision à moyen terme, les demandes vont continuer à augmenter. On peut faire notre petit plus, mais on ne peut pas porter ça tout seul. On s’est dit qu’on devait mobiliser les organismes de Beauport pour créer un filet de sécurité plus large», explique-t-elle.

Cette mobilisation a permis de mieux comprendre quelles étaient les actions des organismes beauportois afin de donner un coup de pouce aux personnes en situation d’itinérance ou d’errance. «On a une liste de personnes-ressources. On sait par exemple, que si l’on a quelqu’un qui a faim, on peut le référer à la Cuisine collective ou à Entraide Agapè», illustre Mme Lessard. Du matériel tel que des couvertures, lampes de poche ou sacs de couchage a aussi été acquis afin d’être en mesure de porter assistance aux gens dans le besoin.

Un territoire d’observation plus grand

En plus d’avoir constaté une hausse des demandes d’aide, la directrice générale de TRIP Jeunesse Beauport souligne que le territoire beauportois où des signes d’itinérance ou d’errance ont été observé s’est lui aussi agrandi dernièrement. «Avant, c’était concentré dans le secteur Giffard. Maintenant, ça monte dans le nord de Beauport. On a des observations jusqu’au boulevard Louis-XIV», dévoile-t-elle.

Cette augmentation inquiète. «C’est comme un iceberg. C’est souvent le bout qu’on ne voit pas qui est le plus gros. Il y a beaucoup d’itinérance cachée. Ça, ce sont des gens qui n’ont pas d’adresse fixe, mais qui butinent en allant chez des connaissances ou de la famille», indique Mme Lessard.

Identifier les besoins

Parmi les actions de la TCIEB, un mandat a été octroyé à un chercheur au printemps dernier afin de documenter la situation. Non seulement, l’étude qu’il produira pourra être utilisée pour échanger avec divers acteurs lorsqu’il sera question de projets en matière de lutte à l’itinérance, mais elle servira d’abord à mieux identifier les besoins locaux.

«Ça va donner de la crédibilité à notre démarche. Une fois qu’on aura les conclusions, on aura quelque chose de solide pour travailler à essayer de combler les besoins existants. Ça sert à quoi de déployer de l’énergie pour construire de beaux projets, par exemple en hébergement d’urgence, si ça ne répond pas au besoin et que ce n’est pas ce que c’est gens là souhaitent?», révèle Alexandre Poupart, agent de développement à la Corporation de développement communautaire de Beauport et coordonnateur de la TCIEB, d’une même voix avec Mme Lessard.


La conseillère Isabelle Roy espère une solution

Lors du conseil municipal du 7 novembre dernier, la conseillère du district de Robert-Giffard, Isabelle Roy a relevé l’enjeu devant les autres élus de la ville. Elle s’est dite inquiète et interpellée par «cette migration de gens venant de la Côte-de-Beaupré et du Centre-Ville vers Beauport […] qui recherchent une certaine tranquillité». «Il faut agir sur une solution locale. Je crois qu’une ressource d’hébergement d’urgence devrait primer à Beauport, mais ça prend de l’argent et des ressources. L’hiver est à nos portes et les besoins s’accentuent», avait-t-elle soutenu séance tenante.

En entrevue avec Métro quelques jours plus tard, elle a dit «ne pas détenir la solution précise», mais elle a aussi salué l’initiative de la Table de concertation itinérance errance Beauport (TCIEB) de lancer une recherche afin de documenter la situation. «Les solutions rapides, ce n’est pas toujours les bonnes solutions parce qu’il n’y a pas eu de réflexions en amont. C’est important de prendre le temps. Le projet de recherche est important parce qu’on aura de la donnée et on connaîtra mieux les besoins. Il y a des solutions au centre-ville, mais à Beauport on fait quoi? Est-ce de l’hébergement d’urgence? Est-ce un endroit pour se réchauffer? Il faut y penser», a-t-elle mentionné.

La conseillère a aussi souligné qu’elle avait nuancé son message avant la séance du conseil municipal après avoir visionné un panel organisé par la TCIEB en avril dernier afin d’aborder la question de l’itinérance à Beauport. «Il ne faut pas voir l’itinérance comme quelque chose qu’on doit absolument éradiquer. Souvent, c’est un choix. Il faut aussi respecter ce que la personne veut. La personne, elle ne veut peut-être pas aller dans un hébergement. Elle veut peut-être juste vivre dans la rue. Moi-même j’ai déjà fait l’erreur», a-t-elle soulevé.

Le panel proposé par la TCIEB en avril dernier

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