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Hopepunk, afrofantasy, cli-fi: quessé ça?!

N’en déplaise à certain.e.s, la science-fiction et la fantasy n’échappent pas aux questions liées à la diversité sexuelle et de genre ni à la diversité culturelle. Il semble cependant que l’intérêt pour ces enjeux a été tardif, du moins au Québec, si l’on en croit des panélistes d’une table ronde présentée par le festival littéraire Métropolis bleu. 

Le Geekois craque les codes de la culture geek québécoise pour vous: bandes dessinées, littérature de l’imaginaire, cinéma de genre, jeux vidéo, jeux de société. C’est par ici. 

Avec l’arrivée d’auteur.trice.s issu.e.s des communautés queers et ethnoculturelles non européennes dans les littératures de l’imaginaire, de nouveaux sous-genres se sont développés afin de proposer une vision différente de l’avenir ou de mondes fantaisistes. 

Pour explorer ce phénomène, la table ronde Hopepunk, afrofantasy, cli-fi – Mais qu’est-ce que ça raconte?! était composée de l’autrice d’origine caribéenne Mélodie Joseph, de la romancière aux racines innues J.D. Kurtness ainsi que de l’écrivain et traducteur queer Pascal Raud. 

Cli-fi 

Contraction de l’expression «climate fiction» – terme inventé en 2008 par l’écrivain et blogueur Dan Bloom qu’on pourrait traduire par «fiction climatique» –, ce genre littéraire prend généralement «la forme de récits postapocalyptiques où des personnages évoluent dans un monde ravagé par les effets du changement climatique», peut-on lire dans un article de The Conversation

L’autrice J. D. Kurtness a donné l’exemple du roman The Road de Cormac McCarthy – adapté au cinéma par en 2009 – lors de la discussion au Métropolis bleu pour illustrer son propos. 

Née à Chicoutimi d’une mère québécoise et d’un père innu de Mashteuiatsh, J.D. Kurtness a fait remarquer que, pour les Autochtones, «l’apocalypse est déjà un peu arrivée», puisque leur démographie a dramatiquement chuté depuis la colonisation européenne. 

«On a essayé de vivre avec ça», a-t-elle ajouté, permettant ainsi de comprendre que les auteur.trice.s autochtones peuvent proposer une réflexion cruciale sur les défis qui attendent l’humanité avec les impacts des changements climatiques. 

Hopepunk 

Un autre des sous-genres abordés, le hopepunk, est une branche de la science-fiction qui a été créée en 2017 par l’autrice américaine Alexandra Rowland. «Il désigne un sous-genre littéraire et culturel qui met en avant un espoir contestataire et l’idée que nous pouvons refuser l’avenir sombre, angoissant et cynique auquel nous semblons condamnés», peut-on lire mot pour mot sur le site de L’Aste et la Plume ainsi que celui de L’arbre des imaginaires.  

L’espoir donc, mais pas un espoir naïf, a expliqué l’auteur Pascal Raud au public présent lors de la table ronde. 

Selon lui, le hopepunk prend le parti d’essayer d’améliorer la société malgré l’état actuel de notre monde. Ainsi, les récits s’inscrivant dans ce genre ne sont pas nécessairement utopiques. Ils peuvent au contraire proposer des univers dystopiques, mais l’espoir demeure. D’après l’auteur, l’esprit de communauté est également important au genre, puisque cette volonté d’améliorer les choses passerait par la collaboration et l’entraide. 

Également directeur littéraire, Pascal Raud a précisé que le hopepunk se distingue du solarpunk, qui se concentre sur les énergies renouvelables ainsi que sur la technologie en général afin de «remplacer les énergies fossiles», ce qui n’est pas nécessairement le cas du hopepunk

Les auteur.trice.s J. D. Kurtness, Pascal Raud, Mélodie Joseph, ainsi que l’animateur et libraire Mathieu-Lauzon-Dicso.
Photo: Jason Paré, Métro

Afrofantasy 

Déjà abordée par Métro dans le cadre d’une entrevue avec Mélodie Joseph au moment de la parution de son premier roman, La respiration du ciel, l’afrofantasy est un genre tout récent. 

Si l’afrofuturisme – popularisé par le film Black Panther – permet de créer des futurs optimistes pour les personnes issues de la diaspora africaine, l’afrofantasy présente un récit appartenant au genre de la fantasy, mais écrit du point de vue des peuples afrodescendants et basé sur leurs cultures, leurs histoires, leurs folklores. 

Lorsque l’animateur de la table ronde, le libraire Mathieu Lauzon-Dicsö, a demandé à l’autrice si ça la dérangeait d’être cantonnée à l’afrofantasy, Mélodie Joseph a dit assumer cette étiquette, expliquant simplement que c’est le genre qu’elle a envie d’écrire. Une démarche qui est loin d’être terminée, puisque La respiration du ciel est le premier tome d’une tétralogie. 

Mélodie Joseph, lors du lancement de son livre «La respiration du ciel» à la Librairie Saga.
Photo: Jason Paré, Métro

Une évolution tardive 

Si la science-fiction et la fantasy sont des littératures qui étaient traditionnellement «très blanches et très hétéro», Pascal Raud a soutenu que cette tendance à inclure plus de diversité sont apparues d’abord du côté anglophone. 

Pourtant, les questions liées à l’homosexualité sont abordées depuis plusieurs décennies au sein de la production théâtrale québécoise. De plus, le succès d’écrivain.e.s né.e.s ailleurs qu’au Québec, comme Dany Laferrière et Kim Thúy, ne date pas d’hier. Comment se fait-il dans ce cas que les littératures de l’imaginaire d’ici n’aient pas emboîté le pas plus tôt? 

Le petit volume de littérature de genre qu’on produit au Québec pourrait être un début d’explication, a avancé Pascal Raud, puisque les francophones sont moins nombreux.euses en Amérique du Nord que les anglophones. Il a également expliqué que la science-fiction québécoise est véritablement apparue dans les années 1970, tandis que dans le monde anglo-saxon, ce phénomène est né plusieurs dizaines d’années plus tôt. 

Du côté de J.D. Kurtness, elle a fait remarquer que les Autochtones ont pris du temps à manier la langue française et les codes des littératures de l’imaginaire. Mélodie Joseph a répondu pour sa part – paraphrasant un autre auteur – que le passé des peuples afrodescendants était trop lourd «pour s’envoler vers le futur». 

Sur cette épineuse question, l’animateur de la discussion a tenu à préciser que certaines autrices québécoises, comme Élisabeth Vonarburg ou encore Sylvie Bérard, proposent depuis longtemps des récits queers, mais qu’ils étaient peut-être restés dans l’ombre, puisque leur public était plutôt restreint. 

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