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Une initiative testée au lac Saint-Charles pourrait changer le monde

La première phase de l’ambitieux projet se terminera cet automne et les résultats devrait être présentés aux acteurs du milieu de la gestion de l’eau au cours de l’hiver 2022.

SCIENCE. Le lac Saint-Charles est au cœur d’un projet ambitieux de la filiale européenne de WaterShed Monitoring, une entreprise qui offre des solutions d’analyse et de gestion de la qualité de l’eau, qui est basée dans la Capitale-Nationale. Celle-ci a été choisie par l’agence spatiale européenne pour prévoir la prolifération de cyanobactéries dans les lacs à partir des données d’observations produites par des images satellites.

«Le lac Saint-Charles est l’endroit idéal pour faire ce genre d’étude, parce que c’est un plan d’eau qui est étroitement surveillé depuis plusieurs années», constate la présidente-directrice générale de WaterShed Monitoring, Sonja Behmel. Pour arriver à déterminer s’il y a prolifération de cyanobactéries à partir de données thermiques, il était primordial d’avoir accès à un minimum de 10 ans d’analyses approfondies.

L’agence spatiale européenne était à la recherche d’une entreprise qui pourrait obtenir des résultats concrets, pour prévoir l’évolution de la qualité de l’eau des lacs. La principale source d’eau potable de la ville de Québec est donc le laboratoire idéal pour tester le modèle prédictif sophistiqué. Celui-ci a été développé par le groupe SCALIAN, un spécialiste des systèmes numériques dans une multitude de domaines, alors que WaterShed Monitoring s’occupe de la gestion et de l’analyse des données.

«C’est une super belle occasion d’aider la planète dans la gestion d’une ressource aussi précieuse», soutient Mme Behmel. L’étude se terminera cet automne et les résultats devraient être présentés aux acteurs du milieu de la gestion de l’eau au cours de l’hiver 2022. Les entreprises partenaires envisagent ensuite d’étendre leur innovation à l’entièreté du Canada et de la France, avant d’éventuellement en faire une solution mondiale. «On prévoit amorcer la phase d’industrialisation au cours de l’année 2022, nous pourrons ensuite l’exporter un peu partout», poursuit la présidente.

Ambitieux

Fondée en 2013, WaterShed Monitoring a fait sa marque dans son domaine de prédilection grâce à sa base de données relatives à la qualité de l’eau, Enki. Leur logiciel offre des fonctionnalités avancées en ce qui a trait à la collecte, la mise en contexte et l’analyse de données. Il permet également de partager les résultats obtenus entre les différents acteurs du milieu, afin de favoriser une gestion responsable de l’eau.

«Nous avons identifié un besoin criant en partage de données parmi les organismes qui analysent la qualité de l’eau, explique Sonja Behmel. Le problème majeur, c’est que chacun fait son analyse de son côté et personne ne communique pour arriver à brosser un portrait complet de l’étendue d’eau. Nous leur permettons de mettre toutes les informations en commun, afin d’assurer la meilleure gestion possible.»

L’entreprise est tombée dans l’œil de l’International Space University (ISU) située à Strasbourg, en France. Elle a présenté son logiciel au cours de l’un des plus grands salons mondiaux pour la gestion des eaux, l’exploitation des eaux usées et l’industrie des déchets et des matières premières, IFAT à Munich, en Allemagne. Depuis 2019, WaterShed Monitoring Europe a élu domicile sur le campus de l’ISU sur l’invitation de l’établissement.

«Strasbourg est un endroit stratégique dans la gestion de l’eau, parce qu’elle compte une grande variété de programmes universitaires et d’universités spécialisées dans le domaine», affirme Mme Behmel. L’entreprise, qui compte une dizaine d’experts en 2021, est d’ailleurs à la recherche de sang neuf. «C’est compliqué de trouver des candidats au pays parce que c’est un domaine extrêmement pointu, alors nous allons recruter en France», raconte la spécialiste.

Alors que Enki est utilisé à quelques endroits au Canada, en France et en Allemagne, WaterShed Monitoring a de grandes ambitions pour les prochaines années. «Nous voulons continuer de nous implanter en Europe, avant d’aller vers le marché africain et aux États-Unis. On veut devenir des leaders mondiaux dans le milieu et assurer une saine gestion de l’eau partout dans le monde», conclut Sonja Behmel.

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