Un projet aéroportuaire sème l’inquiétude dans le voisinage
CONSTRUCTION. Ces jours-ci les mobilisations citoyennes se multiplient devant la multiplication des développements immobiliers ou routiers, qui menacent des parcelles de canopée. Voilà que la liste s’allonge avec l’annonce par l’Aéroport international Jean-Lesage (code YQB) de l’amorce de son plan de relance post-pandémie. Le hic, c’est que son projet de centre d’affaires nécessite l’abattage d’une partie du boisé-tampon à l’extrémité est de la zone aéroportuaire.
Surpris par la coupe d’arbres réalisée en bordure de la route de l’Aéroport, des résidents voisins de L’Ancienne-Lorette ont tôt fait de déplorer la situation. Lors du conseil municipal de la fin avril, les élus lorettains se sont montrés étonnés devant l’imminence de l’opération. On dit comprendre l’inquiétude des gens en raison de ce déboisement sur une superficie de 6000 mètres carrés.
La crainte de propagation du bruit est estimée légitime pour les propriétaires résidentiels, particulièrement entre les rues Saint-Jacques et des Cèdres. Tout en s’affirmant préoccupé, le maire Gaétan Pageau reconnaît son impuissance dans ce dossier. «L’Aéroport a son propre plan d’aménagement et sa propre réglementation. Il est autonome et n’a pas à obtenir d’autorisation de la Ville de L’Ancienne-Lorette, ni de Québec ou même de l’agglomération», fait-il valoir. Il entend se tenir informé auprès de l’administration aéroportuaire et invite les citoyens à rester aux aguets.
Travaux préparatoires
Du côté de l’Aéroport, on précise que ces travaux s’inscrivent dans le cadre du plan d’aménagement du parc aéroportuaire. Le projet se trouve au cœur de la stratégie de relance élaborée durant la crise sanitaire et présentée à la communauté en décembre dernier. Il s’agit d’interventions préparatoires pour rendre accessible une partie des terrains à potentiel locatif.
«Soyez assurés que le développement de notre aéroport et de nos terrains ne se fera jamais au détriment de l’environnement au sein duquel on évolue ou du bien-être de la communauté. YQB a toujours conduit ses projets de développement dans un souci de développement durable et nous entendons continuer de travailler de cette façon», allègue Laurianne Lapierre, directrice des communications de l’Aéroport Jean-Lesage.
Pour l’instant, il est encore trop tôt pour dévoiler des plans des futurs bâtiments ou pour savoir si leur accès se fera par les artères existantes dans la zone aéroportuaire. Mme Lapierre assure toutefois qu’il est prévu de conserver et d’aménager des îlots boisés et des espaces verts. En plus de ces mesures, elle réitère l’intention de l’administration d’YQB de maintenir la communication sur le développement du site avec l’ensemble des parties concernées.
Frappé par la Covid-19
Au cours de l’assemblée annuelle tenue récemment, le président en chef de la direction a confié que la pandémie avait frappé YQB plus brutalement que le pire des scénarios envisagés. Annoncé comme une des cinq pierres angulaires de la relance, le développement du parc aéroportuaire est considéré par Stéphane Poirier comme étant plus nécessaire et prioritaire que jamais. Suivront l’optimisation de l’achalandage, la consolidation de la desserte régionale, la construction d’un centre de fret aérien intermodal et la mise en place d’un centre de prédédouanement étasunien.
Entamé depuis peu, le chantier de la phase initiale du parc aéroportuaire est évalué à 10M$. «Il s’agit de travaux préparatoires et ce n’est pas une très grande surface qui est touchée. On parle d’un boisé d’environ 60 000 mètres carrés de superficie globale et le terrain en question se limite à 6000 mètres carrés», a souligné M. Poirier en visioconférence. Une entreprise doit s’installer sur le site dès l’été prochain.
Faits saillants du rapport annuel YQB
- Baisse du trafic passager de 70% en 2020 avec 535 111 passagers par rapport à 1 789 005 passagers en 2019.
- Environ 100 000 passagers attendus à YQB en 2021.
- Au moins cinq ans nécessaires pour retrouver le niveau de trafic passager de 2019.
- Baisse de 59,7% des revenus en 2020, aboutissant à un déficit de 26,7M$.
- Pertes estimées à quelque 100M$ d’ici le retour à la rentabilité.