ANALYSE. L’expérience d’un conseil municipal composé d’élus indépendants tend à montrer ses limites à Saint-Augustin. Cher au maire Sylvain Juneau, qui incombe la déroute de sa Ville à l’équipe en place avant son arrivée, le concept semble à l’origine de divisions récurrentes. À quelques mois des élections, force est de constater que deux camps s’affrontent lors d’échanges sur des dossiers chauds. Ceux-ci se concluent par un aval ou un rejet à la majorité simple de quatre contre trois.
Il suffit de suivre les assemblées publiques par visioconférence pour observer le phénomène. Bien que toujours polie et respectueuse, on perçoit que l’ambiance porte moins à la bonne entente et à la collaboration qu’il y a trois ans et demi. Ainsi, les dossiers chauds se règlent essentiellement à la faveur de la position du maire. Celui-ci se trouve contraint de trancher, car les conseillers Yannick Lebrasseur, Jonathan Palmaerts et Jean Simard sont toujours derrière lui, tandis que les conseillers Annie Godbout, Marcel Desroches et Raynald Brulotte font généralement opposition.
Parmi les exemples évidents de la scission qui s’est installée, il y a d’abord eu les débats houleux sur la préparation du budget municipal l’automne dernier. À l’époque, le conseiller Brulotte souhaitait que les citoyens profitent d’une réduction de taxes et non seulement d’un gel. Il estimait que «la grande amélioration de la situation financière le permettait et qu’en temps de pandémie l’austérité n’était plus de mise». Avis partagé en vain par Mme Godbout et M. Desroches.
A suivi le débat assez houleux sur «l’absence de consultation en vue de l’implantation d’une ligne électrique souterraine et d’un trottoir sur la route Tessier», dénoncé par le conseiller Desroches. Puis ce fut celui sur «la nécessaire plus grande transparence des comités pléniers», soutenu par la conseillère Godbout. Encore ici, dans les deux cas, le conseil municipal s’est objecté à quatre contre trois.
Clivage sur une banalité
Plus récemment, le clivage s’est confirmé sur un sujet aussi banal que le paiement habituel des frais de participation aux assises de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). Finalement, le refus imposé à la conseillère Godbout a été contourné par une campagne de financement lancée par l’ancienne candidate à la mairie Sylvie Asselin. La démarche a permis d’amasser 500$ pour soutenir l’élue, alors que les fonds additionnels iront au Réseau femmes et politique municipale.
Déplorant avoir été victimes d’intimidation sur les réseaux sociaux dans cette affaire, les conseillers Lebrasseur, Palmaerts et Simard ont réitéré deux arguments pour justifier leur objection. D’une part, ils estiment «peu pertinent de déléguer un élu à l’UMQ en période préélectorale, alors que son mandat achève». D’autre part, ils voient dans la collecte de fonds «un accroc au code d’éthique des élus municipaux. L’acceptation de dons et avantages pouvant même susciter une apparence de conflit d’intérêts».
Une chose est sûre, dans les semaines à venir, les raisons qui se trament sous ses divergences risquent d’être révélées au grand jour. Sans surprise, évoquent les uns, «il est probable que des annonces de candidatures électorales se confirmeront bientôt». Par ailleurs, concèdent les autres, «pour entrevoir la préparation d’une opposition, c’est qu’il y a sans doute perception de la présence d’un parti au pouvoir». Reste donc à voir si l’indépendance des élus résistera au scrutin de novembre prochain.
Principaux sujets de division
- Budget et taxes municipales
- Consultation sur le projet de la route Tessier
- Transparence des échanges en plénier