SOUVENIRS. Gaston Légaré, le fondateur du plus vieux corps de tambours et clairons au Canada, est décédé de la COVID le 8 janvier à l’âge de 93 ans, à quelques jours de son 94e anniversaire.
L’histoire des Éclairs de Québec est tapissée d’éloges provenant des 4000 personnes qui en ont été membre un jour. Son fils, Michel Légaré, membre de la fanfare fondée en mai 1960, raconte que l’origine du corps de tambours et clairons remonte à 1958. «Des gens de la paroisse ont demandé à mon père de s’occuper d’un groupe de jeunes d’une chorale regroupant de bons musiciens. Il n’y avait pas de loisirs aux Saules à ce moment.»
«Mon père voulait devenir chanteur d’opéra, mais à cause d’une situation familiale il n’a pas pu le faire. Il a fait plus de bien en s’occupant des Éclairs.»
-Michel Légaré
Puis est venue la fanfare Les Antonios de ville Les Saules. «C’était le prénom du curé de la paroisse Sainte-Monique, Antoine Masson. Comme nous utilisons le sous-sol de l’église, il fallait être en bon terme avec lui [rires]». Les débuts ne furent pas faciles, tout était à faire, car il n’y avait ni instrument ni uniforme. Le corps de musique était composé de garçons et de filles, le premier du genre au Québec.
Michel Légaré se souvient que c’étaient les mamans qui confectionnaient les costumes. «Elles venaient rencontrer ma mère chez nous. Les filles portaient une jupe bleue à plis, un chapeau rond, comme celui des personnes qui conduisent les ascenseurs américains, et une chemise blanche.» Lorsque les jeunes ont fait leur première parade, ils étaient coiffés d’un chapeau de carton fabriqué par Mme Légaré et quelques parents bénévoles.
On apprend, dans l’historique de la fanfare, que les filles réclamaient un nom qui les représenterait plus adéquatement. La direction opta pour Les Marie-Anne de Ville Les Saules. Ce n’est qu’en 1972, avec l’annexion à la Ville de Québec, qu’on adopta le nom définitif: le corps musical mixte Les Éclairs de Québec. Dans ses meilleures années, le groupe a compté jusqu’à 107 jeunes.
Anectotes
Michel Légaré raconte qu’un jour, autour de 1960, son père a reçu la visite d’un représentant d’un militaire. «Il lui a indiqué que l’armée avait l’intention de former un corps de cadets et que la fanfare allait leur nuire. Il lui a proposé soit de joindre ce groupe ou de se retirer. Mon père a refusé, car certains parents avaient déjà investi dans l’achat d’instruments.»
Il se souvient d’avoir vu ses parents pleurer suite à l’achat de 40 paires de bottes de plastiques. «Elles étaient toutes mal fabriquées, car elles blessaient au sang les pieds des majorettes. Le vendeur n’a pas voulu les rembourser.»
Il raconte aussi que les premiers tambours étaient confectionnés en peau de vache. «Un jour, il a plu lors d’une parade de la Saint-Jean-Baptiste et la peau perçait. On s’est retrouvé sans percussion.»
Sauvetage et hommages
Cherchant du financement pour développer ce groupe musical, un peu avant les années 1970, Gaston Légaré obtient un appui inattendu, celui du Club Kiwanis de Québec. Le groupe était formé d’hommes d’affaires voulant redonner à la communauté. «Je me souviens des noms de Keith Francis et de Camille Lacroix.»
Un jour, raconte le fils du fondateur, l’un des dirigeants du club a demandé à mon père, Gaston, que souhaiterais-tu avoir pour la fanfare? Mon père lui dit, un trombone et deux tambours. Le gars lui répond, tu ne me comprends pas. Tu as besoin de combien d’uniformes, de tambours et de cuivres? Par la suite, mon père a inscrit sur le gros tambour: Les Éclairs Kiwanis Québec.
Beaucoup de musiciens des Éclairs de Québec sont devenus des professionnels. On retrouve, entre autres, Évelin Auger, 1er trombone pour un orchestre symphonique, Murielle Légaré (fille de Gaston), 1ere percussionniste en Amérique au sein de l’orchestre symphonique de Québec et Suzanne Morissette qui est devenue percussionniste aux États-Unis.