TRANSPORT AÉRIEN. Frappé de plein fouet par la pandémie, l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec (YQB) a vu ses revenus s’effondrer de 88%. Déterminée à convertir ce contexte mondial inédit, sa direction appuie sa sortie de crise sur un ambitieux plan de relance. À la clé, l’objectif consiste à renforcer son rôle de moteur économique pour la grande région de la Capitale.
Comme l’ensemble des aéroports au pays, YQB n’a pas été épargné par la Covid-19. Après un début d’année très prometteur avec des progressions de 6% et janvier et de 8% en février, son élan a été freiné brusquement en mars. Les défis sont grands, car les experts n’entrevoient retrouver le niveau de trafic d’avant la pandémie que d’ici 2024. Il y a donc du travail à faire pour repositionner l’industrie touristique régionale sur l’échiquier international.
«Nous traversons une crise sans précédent et les derniers mois ont été extrêmement difficiles. Le mode virtuel s’avère bien pratique, mais pas pour une industrie comme la nôtre. Nos pertes opérationnelles de l’ordre de 35M$ n’ont été épongées qu’à hauteur de 3M$ par l’aide directe gouvernementale. Ça aide, mais clairement ce n’est pas suffisant. Surtout que nos coûts fixes (entretien, gestion, services urgences, etc.) restent permanents et quotidiens, que ce soit pour 10 ou 100 avions», indique Stéphane Poirier, président de l’Aéroport Jean-Lesage.
À regret, son administration a dû procéder à des mises à pied massives pour près du tiers des effectifs. Une mesure nécessaire, même si la révision des pratiques a conduit à une réduction des coûts de fonctionnement de 36%. Cela équivaut à un gain annuel récurrent de 12M$ qui accélérera la reprise. Néanmoins, YQB anticipe un déficit avoisinant les 100M$ attribuable à la crise. Un début de regain n’est espéré que vers la fin de 2021, avec la vaccination massive. Entre temps, les frais fixes demeurent et les volumes d’affaires perdus ne pourront être récupérés. De plus, la reprise devra s’opérer avec des compagnies aériennes fragilisées.
Relance en cinq volets
Pour se relever de la crise, le Plan d’action intitulé «Soutenir la vitalité économique de la Capitale» vise à diversifier les sources de revenus et à contribuer aux efforts de relance. L’idée est de produire un effet structurant et multiplicateur pour la grande région de Québec, ainsi que l’Est et le Nord-du-Québec. Pour y parvenir, YQB mise sur cinq axes comportant des retombées économiques importantes. Il s’agit de:
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1)- Optimiser la zone de chalandise, soit le rayonnement auprès de la clientèle élargie pour les ramener (Trois-Rivières, Lac-Saint-Jean, Bas-du-Fleuve) à YQB. Les mesures particulières suivantes sont envisagées: stationnement plus abordable à long terme; incitatif auprès des agences de voyages; donner une saveur locale à l’aéroport et en faire la promotion.
- 2)- Consolidation de la desserte régionale. Aspect qui a beaucoup fait la manchette. Vise un service fiable et économiquement abordable. Par exemple, Pascan a haussé sa desserte des régions de 30% en pleine pandémie, pour combler le manque d’autres transporteurs.
- 3)- Dynamiser la plateforme intermodale (cargo). Une réelle opportunité avec la croissance du commerce en ligne. Actuellement, 80% du fret aérien est comblé par l’Aéroport de Montréal, alors que Québec ne comble que 1%. Un investissement de 25M$ est requis pour bâtir des installations afin de mieux connecter la Capitale à l’économie mondiale.
- 4)- Mise en valeur du parc aéroportuaire avec plus de 1,2 million de mètres carrés d’espace disponible. Cela créera un effet boule de neige qui viendrait alimenter les autres initiatives de croissance. Cela nécessite un investissement de 70M$ sur 10 ans.
- 5)- Centre de prédédouanement à concrétiser. Un projet qui ne peut contribuer en temps de pandémie, en raison de la fermeture des frontières. L’injection de 75M$ permettra à terme de rebâtir et augmenter le trafic de passagers étasuniens.
«Notre plan d’action est solide, mais nous n’avons pas les moyens d’agir seuls. Il représente des investissements structurants non seulement pour traverser cette crise mondiale, Cela permettra d’en ressortir plus fort avec des leviers pour générer de la croissance, réduire notre vulnérabilité et produire un effet multiplicateur et structurant sur l’ensemble de la région. Or, ce plan ne pourra voir le jour sans l’appui financier des gouvernements du Québec et du Canada, ainsi que de la Ville de Québec et de l’ensemble des acteurs économiques de notre grande région.» -Stéphane Poirier, président et chef de la direction d’YQB