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Un demi-siècle derrière le volant

Noël Dubé conserve un rapport de ses activités depuis 1978. /Photo Métro Média – Alain Couillard

Portrait. Noël Dubé, de Loretteville, conduit un autobus scolaire depuis 50 ans. Loin de vouloir prendre sa retraite, malgré ses 80 ans dans quelques semaines, il pense devenir brigadier scolaire par la suite.

L’autobus à l’honneur, une distinction reçue en février 2003. /Photo Métro Média – Alain Couillard

C’est à son retour dans son patelin natal, durant l’été 1970, que Noël Dubé, qui recherche du travail, décide de postuler pour devenir conducteur d’autobus. «C’est Armand Martel qui m’a donné ma première chance. Au début du mois de septembre, il est mal pris et il me propose un emploi même si je n’avais jamais conduit un autobus. Là, il me dit qu’il m’a vu entrer des voyages de foins dans une grande avec un tracteur et que ce n’était pas plus difficile de conduire un autobus. [rires] J’ai accepté, mais j’ai mal dormi au début.»

«J’ai gardé des dessins d’enfants de la maternelle. En octobre 1970, j’avais quatre voyages d’enfants de la maternelle et deux du secondaire ce qui est à peu près la même chose aujourd’hui.»
-Noël Dubé

Il relate avoir commencé sa carrière chez Transport scolaire Chauveau avec des élèves du secondaire et à la Jeune Lorette pour ceux du primaire. Bien installé face au volant, le sympathique conducteur raconte fièrement qu’il a conduit son autobus muni d’une transmission manuelle pendant 48 ans. «J’aimais bien ça conduire un manuel. Il est équipé d’une transmission automatique depuis deux ans.»

Véritable mémoire du transport scolaire, Noël Dubé souligne avec un plaisir certains moments heureux. «Imaginez, les enfants qui avaient six ans en 1970 sont maintenant des grands-parents. Il n’y a pas une semaine ou 15 jours parfois, où une personne me rappelle que j’ai été son chauffeur d’autobus. Ça fait un bel effet et je l’apprécie.»

Diplomatie et patience

Noël Dubé conserve un rapport de ses activités depuis 1978. /Photo Métro Média – Alain Couillard

Noël Dubé l’avoue, les jeunes des années 1970 et 1980 étaient plus turbulents dans le véhicule que ceux d’aujourd’hui. «Il y a de très bons conducteurs d’autobus qui n’arrivent pas à communiquer avec les jeunes. Moi, j’adapte mon dialogue en fonction de la personne avec qui je parle. Il faut avoir beaucoup de jugement et de la patience, mais ça demeure parfois un peu plus difficile avec les adolescents. Il y en a toujours un ou une qui bombe le torse plus que les autres.»

L’évènement le plus marquant de sa carrière est celui de la tempête qui a frappé le Québec du 3 au 5 mars 1971. Celle-ci avait laissé quelque 80 cm de neige sur la région. «Elle était annoncée et on voulait aller chercher les enfants plus tôt à l’école, mais la commission scolaire n’a pas voulu.» M. Dubé se souvient d’être parvenu difficilement à aller porter tous les enfants du primaire malgré une visibilité réduite.

Par contre, la situation s’est compliquée pour ceux du secondaire. «Je transportais des élèves de l’école secondaire Roger-Comtois. Je suis resté pris dans la neige dans le secteur du boulevard Masson. Les derniers jeunes ont pu se rendre difficilement chez eux à pied. Là, je ne pouvais plus circuler, car j’étais coincé par des véhicules. Il y avait d’autres autobus près de moi. On s’est rejoint dans un même véhicule pour se réchauffer et lorsqu’il n’y avait plus d’essence, on allait dans un autre en attendant les secours.

Il se souvient que le 5 mars, une fois la tempête terminée, le boulevard de l’Ormière permettait une circulation en direction nord seulement tandis que le boulevard Saint-Jacques permettait une circulation en direction sud. «Les miroirs de chaque côté de l’autobus touchaient la neige. C’était comme circuler dans un tunnel.» Il travaille aujourd’hui pour le Groupe la Québécoise.

/Photo Métro Média – Alain Couillard<

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