ÉDUCATION. La nouvelle Loi 40 sur l’instruction publique chambarde le modèle de gouvernance établi depuis des décennies. Outre la disparition annoncée des élections scolaires, son adoption rapide sous bâillon semble avoir pris par surprise le milieu éducatif. Particulièrement son application immédiate et sans transition.
À l’ex-Commission scolaire des Découvreurs (CSDD), on s’abstient de toute réaction quant aux défis structurels que comporte la Loi 40. Une position qui témoigne de l’immensité de la tâche, même si l’intention du gouvernement provincial était connue depuis son élection.
«Il est trop tôt pour commenter ce sujet. Dès que nous aurons pris connaissance en profondeur des grandes lignes du projet de loi, nous pourrons nous rendre disponibles. Pour le moment nous n’avons pas suffisamment de détails sur la situation», déclare Marie-Ève Malouin, conseillère en communication à l’ex-CSDD.
Inquiétudes généralisées
De son côté, le comité de parents de la commission scolaire couvrant l’ouest de Québec n’a pas caché ses craintes. Et ce, avant même l’étude du projet de loi. «Il s’agit d’un recul en ce qui a trait à une gouvernance dédiée à la réussite éducative basée sur les enjeux locaux. Croire que des parents bénévoles pourront servir de contrepoids aux arguments syndicaux et patronaux relève de l’utopie», déplore Stéphane Lapierre, ex-président du regroupement parental.
Des inquiétudes persistent concernant le recentrage des conseils d’établissement vers des préoccupations émises par le ministère. On se demande également ce qu’il adviendra des comités consultatifs des services aux élèves handicapés et aux élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
«La Loi 40 ne va pas régler le problème de pénurie dans la profession enseignante. Chose qui fragilise en premier lieu les conditions d’apprentissage des enfants», estime pour sa part l’organisme Je protège mon école publique.
Enjeux et recours
Rappelons que la loi présentée par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, porte sur l’abolition des commissions scolaires. Elle concerne aussi une série d’autres enjeux déterminants. C’est le cas notamment du personnel enseignant, des conseils d’établissement, des regroupements de services, du choix de l’école, ainsi que du rôle de la direction.
La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) envisage de contester devant les tribunaux le caractère discriminatoire de la nouvelle loi. Son président et également ex-président de la Commission scolaire des Découvreurs, Alain Fortier, n’écarte pas la possibilité de se rendre jusqu’en Cour suprême.