RECHERCHE. Au centre de foresterie des Laurentides, des chercheurs développent une étude pour empêcher l’épidémie de la tordeuse du bourgeon de l’épinette dans les forêts québécoises. Une nouvelle technique qui diminuerait fortement les coûts et les dommages causés.
La superficie des forêts affectées par la tordeuse du bourgeon de l’épinette a doublé, en juin, comparativement à l’an dernier. Des milliers d’hectares ont été arrosés par le B.T, un produit biologique qui cause la mort de la chenille. Un procédé qui fonctionne bien mais n’affecte pas l’évolution de l’épidémie, contribuant juste à protéger les arbres. Au sein du centre de foresterie des Laurentides, la cause est étudiée depuis l’année dernière par un groupe de chercheurs afin de trouver des solutions plus efficaces. Il ne s’agit pas ici de trouver comment enrayer l’épidémie, comme c’est le cas aujourd’hui, mais d’empêcher tout simplement son existence. Ce projet se base sur la «stratégie d’intervention hâtive».
Véronique Martel et Deepa Pureswaran, chercheuses scientifiques en écologie des insectes, font partie intégrante de ce travail de recherche qui doit donner ses résultats dans trois ans: «On travaille à détecter les populations dès qu’elles évoluent. On procède par échantillonnage sur des zones ciblées par l’utilisation de pièges ou en coupant les branches et en comptant ensuite le nombre de chenilles et d’œufs. Dès que la population s’accroît anormalement, on le remarque. C’est une technique de veille qui permettrait d’appliquer le produit avant l’épidémie et dans une région bien ciblée. Ça diminuerait fortement l’argent investi par le gouvernement fédéral dans la lutte contre la tondeuse et les dommages causés par la défoliation». Actuellement, la stratégie est à l’étude dans les forêts du Nouveau-Brunswick, Québec étant déjà trop touché par l’épidémie.
Des pics de population inexpliqués
La tordeuse du bourgeon de l’épinette est dangereuse à son stade de chenille, période où elle se nourrit des bourgeons de l’année. Si l’espèce est présente en quantité trop importante, les bouts des branches se retrouvent défeuillés. Au bout de quelques années, ce traitement peut aller jusqu’à causer la mortalité de plusieurs arbres car un arbre totalement défolié ne peut plus produire de photosynthèse. «On a constaté une épidémie en moyenne tous les trente ans. La cause de ce pic reste inconnue. En vérité, seule la soudaine montée des espèces pose problème. Car à l’état naturel des choses, dans son seuil de population normal, la tordeuse du bourgeon de l’épinette ne cause pas de tels dommages et participe même à la régénération des forêts» indique les chercheuses.
Autre fait à prendre en cause, le changement climatique. Habituellement installé au sud, l’insecte est arrivé dans les forêts du Nord suite à des hivers plus doux. L’espace est ainsi devenu plus favorable à sa prolifération. Arrivée au stade de papillon, l’insecte part se reproduire puis pondre entre 10 et 50 œufs. Ce qui emmène à potentiellement provoquer l’infection d’autres contrées.