Ces camps de jour qui transforment en super-héros
DOSSIER. Fini, le temps où les moniteurs des camps de jour se contentaient d’animer. Aujourd’hui, pour répondre aux exigences des parents, pour ne rien laisser au hasard en matière de sécurité et pour ménager un milieu de vie sain et accueillant, «ils ont tout un côté intervenant à développer. C’est vraiment des super-héros», observe Élizabeth Tremblay, responsable de l’animation jeunesse, pastorale et formation au Patro de Charlesbourg.
Cette super-héroïne, appelons-la Julie. Julie a 16 ans. Ça fait 10 ans que ses étés, elle les passe au Patro de Charlesbourg. D’abord comme jeune inscrite au camp de vacances, puis comme apprentie-monitrice. Cette année, elle passe au grade de monitrice. «Le recrutement, c’est toujours un petit défi, mais on est chanceux parce que le sentiment d’appartenance est très fort», se félicite Élizabeth Tremblay.
Reste que les parents de Julie se sont un peu mêlés de ses affaires au début. Après son entrevue pour devenir apprentie, ils ont appelé au Patro pour savoir si leur fille était embauchée, pour quel groupe d’âge, si ce n’était pas mieux de lui attribuer les 8-9 ans… C’est nouveau, ça, l’intervention parentale. «On leur fait comprendre que c’est leur enfant qu’on a embauché, que c’est à lui de se défendre, d’être au courant de ses affaires», précise la responsable.
Des moniteurs outillés
Au courant de ses affaires, Julie l’est plus que jamais. En prévision de son nouveau statut, elle a suivi au printemps le programme provincial DAFA, dont l’acronyme tient pour le diplôme d’aptitudes aux fonctions d’animateur qu’elle a décroché au terme de la formation de 68h. Techniques d’animation, caractéristiques des enfants et des adolescents, question d’éthique et de sécurité: à l’instar de ses 70 camarades qui travailleront cet été dans les Patros de Québec, elle se sent outillée pour les réalités du terrain de jeu.
Quoique… on n’est jamais trop prudent. Julie bonifie sa formation avec les ateliers maison du Patro de Charlesbourg. On lui parle de gestion du stress, de premiers soins, de moyens d’intervention avec les jeunes… Julie tend l’oreille: elle ignore s’il y a nécessairement plus de troubles de comportement aujourd’hui, mais les jeunes à défis font assurément partie des enjeux avec lesquels elle aura à composer.
Même chose pour les parents. En coulisse, Julie en voit parfois qui mettent de la pression sur ses collègues en exigeant plus de services ou d’attention pour fille ou fiston. C’est de bonne guerre, se dit-elle, puisqu’ils nous confient leur enfant. «Mais on leur fait comprendre que, dans une certaine mesure, l’enfant aussi a sa responsabilité pour que tout aille pour le mieux», indique Élizabeth Tremblay.
N’empêche, tout le personnel du camp redouble de vigilance pour tout ce qui est surveillance, propreté des lieux, allergies, coups de soleil… Au point où, par exemple, Julie n’a pas le droit d’utiliser son cellulaire sur le site. Au Patro, c’est tolérance zéro. «C’est une distraction», considère Élizabeth Tremblay.
La cerise sur le sundae
Bien préparée, Julie s’attend quand même à participer toutes les semaines ou presque à des réunions, des mises au point, des rappels à la vigilance. Au quotidien, elle sait qu’elle peut compter sur le moniteur responsable, l’animateur, l’animateur responsable et, tout en haut de l’organigramme, à la responsable de l’animation jeunesse. La structure s’est complexifiée avec les années afin de garantir «plusieurs filets de sécurité», mentionne Élizabeth Tremblay.
Mais ce qui n’a pas changé, se dit Julie, ce sont les 1700 jeunes qui vont débarquer au Patro de Charlesbourg cet été. Eux, tout ce qu’ils veulent, c’est jouer et s’amuser. En marge de toutes les formations, réunions, précautions, ça, c’est la cerise sur le sundae pour la monitrice.
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Québec Hebdo