«On avait toujours espérance que ça se ferait. C’est pour ça qu’on a continué», répond Maurice Filion, porte-parole des citoyens dans le dossier du mur antibruit le long de l’autoroute Laurentienne. Après plus de 30 ans d’attente et d’actions diverses pour faire bouger la Ville de Québec et le ministère des Transports, les résidents voient maintenant leur patience récompensée avec le début du chantier de construction de cette structure coupe-son.
Le message de Maurice Filion et de ses voisins n’a pas changé depuis la première pétition signée il y a plus de 30 ans – mais la situation, elle, oui: lorsque M. Filion a emménagé sur l’avenue Trudelle en 1974, les secteurs plus au nord comme Lac-Beauport ne déversaient pas leur lot d’automobilistes sur la Laurentienne. Toujours plus de bruit, donc, et toujours plus de saleté balayée sur les terrains, dont la neige se recouvre d’une épaisse couche noire en hiver.
Ils sont plusieurs à avoir baissé les bras au fil des années. Dans le secteur, on aperçoit quelques pancartes à vendre. «On a tellement crié [le problème] que personne ne veut acheter; je les comprends», mentionne Maurice Filion qui a pris son mal en patience.
Visite du chantier
Éternel optimiste, bref, il reporte maintenant son espoir sur l’efficacité du mur, présenté comme un projet-pilote. Une visite du chantier l’a rassuré sur les explications qu’il a reçues lors d’une rencontre d’information organisée par la Ville de Québec plus tôt en février à l’intention des citoyens concernés. Il s’est dit particulièrement impressionné par la solidité de la structure en train d’être érigée à la hauteur de l’avenue Trudelle.
Conçus par Groupe conseil SID et réalisés par Excavations Lafontaine, les plans prévoient le forage du roc jusqu’à 4,5 m de profondeur pour y aménager des ancrages coulés dans le béton à tous les huit pieds. Des poteaux viendront s’élever sur ces ancrages pour accueillir les modules de cèdre qui composent le mur lui-même. C’est la laine de roche contenue à l’intérieur de ces panneaux, dont la hauteur moyenne sera de 7 m, qui absorbera le bruit des voitures. Des plantations de caraganas, des arbres à croissance rapide qui résistent au sel, viendront compléter l’ensemble.
L’ingénieur comme le contremaître en charge de la construction ne s’en cachent pas: c’est la première fois qu’une telle méthode est utilisée pour un mur antibruit. Ils n’ont pas moins confiance en cette façon de faire qui a fait ses preuves dans d’autres circonstances. Du reste, croit Maurice Filion, «ils [la Ville de Québec et le ministère des Transports, partenaires dans ce dossier] ne dépenseraient pas un million de dollars pour un projet qui ne fonctionne pas».
Échéancier
Deux semaines après le début des travaux, 40 des 103 ancrages qui accueilleront le mur de 250 m sont installés. Excavations Lafontaine devrait recevoir les poteaux vers la mi-mars, puis procéder à la pose des modules de bois. Si tout va bien, le contremaître situe la fin des travaux vers la fin mars.
C’est à l’été que la Ville de Québec entreprendra de nouvelles études de climat sonore pour évaluer l’impact du mur antibruit en regard des résultats obtenus l’été dernier. Si les tests sont concluants, le projet pourra aller de l’avant sur l’ensemble du tronçon situé entre les boulevards Louis-XIV et Jean-Talon.
Recours collectif
En dépit de la construction du mur antibruit, le recours collectif intenté en décembre 2011 contre le ministère des Transports, propriétaire de l’autoroute, continue de suivre son cours. «Moi, mon dossier est complet, de dire Me Michel Chabot, qui représente près de 1000 personnes. Mais la partie adverse doit déposer une expertise additionnelle. À la fin février, le dossier sera complet. On va alors avoir une date pour procéder.»
Membre du Groupe Québec Hebdo