EAU POTABLE. La Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) compte donner suite à des propositions entendues lors d’assemblées citoyennes sur la qualité de l’eau potable et étudier la possibilité de puiser à même le lac Jacques-Cartier, à 90 kilomètres de Québec.
«Ce qu’on s’est dit, c’est qu’on va regarder toutes les alternatives dans la région de Québec et on va les étudier sur le plan économique», commente le conseiller spécial sur les questions d’eau potable à la CMQ, François Morneau. Avec en mains une étude qui annonce des épisodes de pénuries d’eau potable plus fréquents dans un horizon de 50 ans, la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) s’intéresse au potentiel du lac Jacques-Cartier, situé près de l’Étape. Les travaux visent à devancer les prédictions pour voir ce qu’il est possible de faire dans d’ici 15 à 25 ans, résume M. Morneau.
Les experts ne sont en revanche pas dupes: puiser de l’eau dans la réserve faunique des Laurentides pose des défis majeurs. La possibilité qu’on doive inverser les systèmes d’aqueduc qui acheminent actuellement l’eau du bas vers le haut, ainsi que l’isolation des conduites, font partie de l’équation. Sans bâtiments autours, on peut présumer que la qualité de l’eau du lac est bonne, mais sa végétation renferme peut-être du mercure, présume M. Morneau.
«Ras-le-bol»
Pas question, donc, de laisser tomber le lac Saint-Charles pour autant, commente François Morneau. Ce, même si les gens ont témoigné un «ras-le-bol» assumé de la question, lors de précédentes rencontres citoyennes.
Les riverains du lac Saint-Charles sont «tannés» de se sentir visés par la détérioration de sa qualité de l’eau, rapporte le conseiller spécial. Oui, des villes comme New York ont a dépassé le milliard de dollars pour faire un chemin à leur eau potable, poursuit l’expert, mais ici, en ce moment, «on n’a pas le momentum pour investir des sommes aussi importantes». Le «plan A» demeure donc d’étudier les possibilités –toutes les possibilités – tout en préservant les plans d’eau potable existants.
Des échantillonnages des eaux souterraines du bassin versant du lac Saint-Charles sont par ailleurs en cours, rappelle le conseiller spécial et les résultats de ceux-ci devraient être révélés sous peu. Quant à l’étude des possibilités qu’offre le lac Jacques-Cartier, celle-ci devrait être connue d’ici six mois.
François Morneau participait mercredi et jeudi au Rendez-vous international sur la protection des sources d’eau organisé à l’Université Laval.
Seulement en cas d’urgence
Pour le maire de Québec, Régis Labeaume, la possibilité de raccorder le système d’eau potable au lac Jacques-Cartier doit être vue comme étant seulement en cas de nécessité. «Avec les problèmes qu’on connaît au lac Saint-Charles, en toute responsabilité, il faut évaluer combien ça nous coûterait, et comment on pourrait le faire. Ça ne veut pas dire qu’on s’en va là, mais s’il advenait quelque chose de très, très grave, on doit savoir comment on peut s’y prendre si on a à se rendre là-bas», a-t-il expliqué.
Dans ce sens, il a rappelé les tristes événements de Lac-Mégantic qui avaient forcé Lévis à puiser son eau ailleurs que dans la rivière Chaudière. «C’est d’explorer toutes les hypothèses en cas de coup dur. Dans ces matières-là, on ne peut pas ne pas avoir de plan B», a-t-il défendu.
TC Media