Qui dit été dit aussi saison des festivals. En plus de la programmation, des enjeux d’accès et de sécurité avec des foules de plusieurs milliers de spectateurs, les organisateurs de ces événements doivent aussi s’assurer d’avoir suffisamment de boissons alcoolisées ou non pour satisfaire les besoins et les envies des festivaliers. Mais comment font-ils pour évaluer les quantités nécessaires?
Pour les intervenants consultés par Métro, l’expérience est un ingrédient clé de la recette. Chez evenko, l’entreprise à la tête du Festival international de Jazz et des Francos de Montréal ainsi que d’Osheaga, Lasso et IleSoniq, le vice-président hospitalité, Patrick Bigras mentionne avoir «des historiques de consommation dans tous les festivals» de l’organisation. L’entreprise se réfère également aux tendances du marché.
À Québec, la directrice concessions, programmation et partenariats ainsi que consultante Grands Événements chez Gestev, Émilie Darras, explique que l’organisation «planifie ses commandes selon [son] expérience, [ses] historiques, le portrait de la clientèle, la durée de l’événement, le lieu du site, les tendances en termes de type d’alcool [et] les ventes de billetterie».
Le portrait de la clientèle évoqué par Mme Darras est fort important dans l’équation puisque ce ne sont pas tous les genres musicaux qui suscitent le même volume de consommation. Selon M. Bigras, ce sont les spectateurs des concerts rock et country qui ont tendance «à consommer plus». Il remarque également une différence par rapport aux spectacles en aréna où les spectateurs se rendent pour voir un artiste en particulier alors qu’en festival, ils sont là «pour plusieurs artistes et pour l’expérience générale».
Les tendances ont changé
Les organisateurs d’événements doivent aussi se tenir à jour sur les plus récentes tendances en matière de produits. En effet, la popularité encore récente des cocktails de type prêts à boire «a changé la façon de travailler», soutient Patrick Bigras. La précision des commandes est un défi en ce sens puisque le retour de produits timbrés à la SAQ en cas de trop grande commande est difficile. «Un 40 onces de vodka va nous permettre de faire de 30 à 35 cocktails par bouteille. Avec les prêts à boire, chaque canette est timbrée. Ça génère donc plus de pertes. On doit travailler plus stratégiquement. On demande à la SAQ quelles sont les tendances du marché et quelles sont les saveurs plus populaires. On demande aussi à nos partenaires de nous aiguiller», explique-t-il.
Ajustement en cours d’événement
Advenant que les festivaliers consomment à un rythme plus élevé qu’anticipé par les organisateurs d’événements, ceux-ci ont «un plan de contingence», assure Émilie Darras, dont l’entreprise est à la tête du festival Cigale à la Baie de Beauport. Sans entrer dans les détails, elle ajoute «toujours avoir une belle collaboration avec [les] fournisseurs et partenaires» de ses événements. M. Bigras, lui, précise avoir «développé des liens» avec les deux grands brasseurs qui ont donc «des équipes en standby pendant les fins de semaine de festival». «Si le samedi après-midi, on se rend compte que ça boit plus qu’on pensait, ils ont des équipes dans les entrepôts et des camionneurs disponibles pour réagir», laisse-t-il entendre.
En ce qui concerne les autres produits d’alcool qui doivent passer par la SAQ, il est «plus difficile» de s’approvisionner en entrepôts la fin de semaine, dit M. Bigras. Cependant, l’organisation discute en amont avec les directeurs des succursales des SAQ Restauration afin de s’assurer que ces établissements aient des stocks des produits disponibles sur les sites de festival afin d’être en mesure d’être «dépannée».
Osheaga: 4 au 6 août 2023 au Parc Jean-Drapeau, à Montréal. Programmation et billets au osheaga.com
Cigale: 12 et 13 août 2023 à la Baie de Beauport, à Québec. Programmation et billets au cigalequebec.com
îleSoniq: 12 et 13 août 2023 au Parc Jean-Drapeau, à Montréal. Programmation et billets au ilesoniq.com
Lasso: 18 et 19 août 2023 au Parc Jean-Drapeau, à Montréal. Programmation et billets au lassomontreal.com
Note de la rédaction: Métro a aussi contacté l’organisation du Festival d’été de Québec dans le cadre de ce reportage. En raison des vacances à la suite de l’événement qui a eu lieu du 6 au 17 juillet dernier, personne n’était disponible pour répondre à nos questions.