Stabilisation de la dynamique de négociation sur le marché immobilier
La patience autant des accédants que des propriétaires vendeurs fait en sorte que les rapports de force tendent à se stabiliser. Une demande moindre atténue le phénomène de surenchère responsable de la flambée des prix. Tel est le constat principal d’une analyse sur la dynamique de négociation des prix présentée par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).
Si la hausse des taux d’intérêt s’est traduite par une forte baisse des reventes, le nombre de propriétés disponibles sur le marché n’est remonté que modérément. On constate ainsi des niveaux d’inscriptions en vigueur toujours au-dessous de la moyenne historique. Néanmoins, la diminution du nombre d’acheteurs potentiels est perçue comme un signe que le marché est en cours de normalisation.
Cela se vérifie par le fait que les propriétés revendues au prix demandé ont gagné du terrain dans la dernière année et représentent près de sept transactions sur 10. Les transactions conclues à la suite d’une négociation de prix à la baisse sont également plus nombreuses. Le nombre de reventes finalisées au-dessus du prix demandé est quant à lui nettement inférieur par rapport au printemps 2022.
«Tout ceci démontre une belle résilience du marché. On peut se réjouir de cette normalisation du marché avec une augmentation des transactions qui se concluent au prix demandé. C’est un phénomène qui est sain, car les offres multiples peuvent impliquer des décisions irrationnelles du côté des acheteurs et abusives du côté des vendeurs», explique Charles Brant, directeur du service d’analyse de marché à l’APCIQ.
Délai et prix de revente
Le prix demandé joue grandement sur le résultat final et fait fluctuer le délai de revente. Ainsi, une propriété mise sur le marché à un prix surévalué prend en moyenne près de trois mois avant de trouver preneur. Inversement, les délais sont toujours compressés à leur minimum lorsqu’une propriété est revendue après un processus d’offres multiples conduisant à la surenchère.
«Il est rassurant de constater que les reventes conclues au prix demandé enregistrent des délais plus raisonnables. Cela indique qu’elles se réalisent dans les règles de l’art, à la satisfaction des vendeurs et des acheteurs», note le porte-parole de l’APCIQ.
Malgré ces changements dans la négociation, le recul du prix médian dans la dernière année, soit depuis le sommet d’avril 2022, n’est que de 5%. Selon M. Brant, «il est ainsi possible d’affirmer que l’essentiel de la correction de prix est derrière nous. Dans les prochains mois, le marché immobilier québécois continuera sa stabilisation, faute d’un inventaire de propriétés disponibles suffisant pour retourner à une situation d’équilibre».
Écart appelé à s’accentuer
Selon les données de XpertSource, les projets d’achat de propriétés ont diminué de 6,5%, passant de 44% au début de 2022 à 37,5% au début de 2023. En revanche, les projets de revente de propriétés ont augmenté de 6%, passant de 51% au début de 2022 à 57% au début de 2023. Ces chiffres témoignent d’un écart grandissant entre acheteurs et vendeurs sur le marché immobilier.
«La hausse de la valeur des propriétés, les fluctuations boursières et l’augmentation des taux d’intérêt se reflètent dans l’écart significatif entre les demandes liées aux projets d’achat et aux projets de revente. Autrement dit, on cherche davantage à vendre, moins à acheter. Il n’y a plus de doute», analyse Dominik E. Bellehumeur, président et cofondateur de XpertSource.